L’Association des Femmes Désireuses d’Enfants en abrégé (AFDE) a organisé une grande rencontre le samedi 10 novembre 2018 dans les locaux de la Cathédrale de Bamako, pour définir les grandes lignes des actions à mener d’ici la fin de l’année 2018, et a dénoncé avec force, les mauvais traitements infligés aux femmes infertiles dans les familles et dans la société. Elles ont lancé un appel à toutes les femmes infertiles d’adhérer à l’association pour défendre leurs droits.
Le but de l’association
L’Association des Femmes Désireuses d’Enfants (AFDE) a été créée officiellement en septembre 2018 dans le but de : – Rassembler toutes les femmes infertiles au sein de cette association pour défendre leurs droits ; – Lutter contre le problème d’infertilité au Mali ; – Lutter contre la marginalisation et la stigmatisation des femmes infertiles (stériles) dans les familles et dans la société ; – Demander la subvention de l’Etat, afin de faciliter l’accès aux produits pharmaceutiques, la prise en charge médicale, et la fécondation in-vitro ; – Intégrer les produits d’infertilité dans système de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et les assurances et enfin aider les femmes infertiles à porter un jour, un enfant dans leurs bras.
Les actions immédiates à mener
Les membres de l’Association des Femmes Désireuses d’Enfants (AFDE) comptent dans un bref délai : – Rencontrer la Première Dame Mme Kéita Aminata Maiga en sa qualité de de mère de la nation, pour lui lancer un cri de cœur afin que le Centre de fertilité qui se trouve au point G soit ouvert ; – Plaider auprès des autorités compétentes pour faciliter l’accès aux produits pharmaceutiques, la prise en charge médicale, et la fécondation in-vitro et intégrer les produits d’infertilité dans le système de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et les assurances ; – Etablir des contacts avec les organisations afin qu’elles puissent soutenir les femmes infertiles dans leur combat ; Procéder au lancement officiel de l’association.
Appel
Les membres de l’Association des Femmes Désireuses d’Enfants (AFDE) ont lancé un vibrant appel à l’Etat, à la société et aux femmes infertiles : A l’Etat : elles ont demandé à l’Etat de les aider à supporter le coût des traitements d’infertilité très exorbitant.
A la société : Elles ont demandé à tout le monde, hommes et femmes, familles et belles-familles d’arrêter de stigmatiser les femmes qui n’ont pas eu la chance d’avoir un enfant. Car avec les progrès de la médecine, tout devient possible. D’où la création de cette association. Et de savoir, qu’il y a aussi des hommes stériles ! Mais pourquoi, c’est toujours les femmes qui sont visées.
Aux femmes infertiles, l’association a demandé aux femmes infertiles de plus avoir honte et de sortir de leur cachette pour se joindre à ‘association afin de solutionner ensemble les problèmes d’infertilité au Mali.
Adhésion
L’Association des Femmes Désireuses d’Enfants (AFDE) est ouverte à tous, fertiles et infertiles.
Propos express
Mme Sanou Hortense Dembélé, Présidente Nationale de l’association AFDE
« Dans cette association, nous voulons nous mettre en groupe pour lutter contre la marginalisation et la stigmatisation des femmes infertiles dans nos sociétés.
Nous, nous battons pour avoir des opportunités pour nous faciliter l’accès aux fécondations in-vitro, l’accès aux produits pharmaceutiques à moindre coût et surtout la prise en charge à moindre coût. Aujourd’hui, les femmes infertiles souffrent terriblement. Soit, elles ont des coépouses qui leur rendent la vie difficile, soit, elles ont des belles-mères qui ne les acceptent pas, soit leur mari les abandonne au profit d’une autre ».
Cri de cœur
« Je lance un cri de cœur à la population malienne et à tous ceux qui entendront ce message, que l’infertilité est un problème mondial. Cela n’est pas qu’au Mali.
Que la population comprenne que les femmes infertiles n’ont pas refusé volontairement de faire d’enfants. Mais c’est une maladie qui est là. Ensemble, nous devons nous donner la main pour trouver la solution. Donc, ce n’est pas le fait de traumatiser une femme infertile ou de la marginaliser qui la rendra fertile. Sachez que les femmes infertiles sont nos sœurs, nos mères, nos épouses. Sachons les soutenir dans cette épreuve ».
Mme Koné Fanta Témbély, Médecin, Secrétaire Général de l’AFDE
« Aujourd’hui l’infertilité pose un grand problème dans le monde et particulièrement au Mali. Ces femmes qui n’arrivent pas à concevoir sont marginalisées dans les familles, mal vues par la société. Cela constitue un problème de santé publique aujourd’hui. C’est dans ce sens que nous avons crée cette association, pour demander au gouvernement d’aider à ouvrir le Centre de fertilité qui se trouve à l’Hôpital du Point G. Vue que nous avons déjà des génécologies qualifiés et compétents, un local équipé, pourquoi pas le rendre fonctionnel.
Notre seul objectif est que toutes les femmes infertiles puissent un jour porter un bébé dans leurs bras. Il y a des spécialistes et des gynécologues parmi nous, qui sont prêts à nous aider. Ils plaident pour nous auprès de la fondation MERC. Mais cette fondation ne peut rien sans l’appui de notre gouvernement. Nous voulons que le gouvernement subventionne, tout et rend le local fonctionnel. Nous savons que les traitements coûtent des millions de FCFA. Or 80% des femmes infertiles sont des ménagères. Demander des millions à une ménagère pour avoir un bébé, je pense que ce problème crucial va demeurer toujours crucial et continuera à tuer le rêve des femmes infertiles ».
Cri de cœur
« Je lance un cri de cœur à l’endroit de la famille. Chaque famille a ses réalités, chaque société aussi a ses réalités. Dire du mal ou faire du mal à une femme qui ne parvient pas à faire des enfants, c’est méchant.
L’infertilité n’est pas que féminin, il y a des hommes infertiles aussi. Au lieu de traiter la femme infertile de sorcière, il faudrait mieux la soutenir financièrement, matériellement, moralement et même psychologiquement à surmonter ces difficultés.
Avant, c’était tabou. Mais aujourd’hui, cela est devenu un problème de santé publique. Que les femmes stériles ne se cachent plus. Qu’elles sortent pour qu’ensemble, nous puissions prendre ce problème à bras le corps, pour le vaincre ».
Mme Samaké Absatou Doumbia, sage-femme à l’Hôpital Mère et Enfant de Luxembourg
« J’ai milité dans cette association, parce que, à l’hôpital, je vois beaucoup de femmes qui souffrent de ce problème d’infertilité primaire et secondaire. C’est une manière pour moi, de les aider à surmonter ce tas de problème qu’elles endurent, que j’ai milité dans cette association. A la consultation, si ces femmes t’expliquent leurs problèmes, vraiment tu as envie de pleurer. Je lance un appel à nos autorités d’aider financièrement, matériellement, moralement et psychologiquement les femmes désireuses d’enfants. Ce n’est pas un petit problème. Parce que le bilan, ça coute, les radios, ça coûte, les produits, ça coûte ».
Mme Cissoko Mariétou Traoré, Enseignante à Kalaban-Coura
« Comme nous sommes des femmes qui n’ont pas d’enfants. Nous sommes dans cette association pour être ensemble, pour lutter contre le problème d’infertilité au Mali. Je demande à toutes les femmes infertiles d’être ensemble. Si nous, nous associons, ensemble, nous pouvons. Je demande à l’Etat d’ouvrir le Centre de fertilité qui se trouve à l’Hôpital du Point G pour aider les femmes infertiles au Mali ».
Pépin Narcisse LOTI