Malgré la priorité accordée à la santé dans les politiques nationales de nombreux pays africains, les améliorations significatives demeurent rarissimes pour ne pas dire inexistantes.
Infrastructures insuffisantes, absence de politique de formation continue des praticiens, matériels vétustes, déficit de spécialistes, inaccessibilité aux médicaments de qualité et pratiques illicites sont toujours le lot quotidien des patients dans les hôpitaux et centres de santé. Longtemps au cœur des préoccupations des citoyens ordinaires, l’amélioration de la santé publique est loin de se traduire en réalité à cause de l’ambigüité des pratiques des responsables nationaux qui consistent à privilégier les évacuations sanitaires. Comment ceux qui sont chargé d’améliorer le plateau technique de la santé peuvent-ils véritablement se consacrer à cette tâche si en même temps, ils sont tournés vers des hôpitaux étrangers pour y faire leur soin à des coups vertigineux.
Sans exagération aucune, de nombreux centres de santé et hôpitaux en Afrique, devenus de véritable mouroirs faute d’attention et de rigueur, sont réservés aux moins nantis et démunies. Pour le moindre bobo et même pour les simples visites de routines, l’argent du contribuable est dépensé par ses responsables pour acheter le service des meilleurs spécialistes et leurs séjours dans les hôpitaux étrangers. Ne partageant ni hôpitaux ni écoles, ni eau avec leurs administrés, les dirigeants Africains pour la plupart sont déconnectés des réalités que vivent leurs populations dans les hôpitaux et écoles du pays et s’étonnent de la baisse de niveau des apprenants et la pratique de l’automédication aux conséquences dramatiques.
C’est sans doute, à cause du contraste entre les discours patriotiques et le coût faramineux des évacuations sanitaires que les plus hautes autorités du Niger ont instruit l’interdiction d’aller se faire soigner à l’extérieur du pays pour les ministres de la république et les députés. Cette mesure, quoiqu’insuffisante (car elle devait s’étendre à tous les hauts responsables) est un bel exemple qui doit inspirer bien des Etats sur le continent dont les dirigeants continuent à faire saigner à blanc les maigres ressources de leur pays à des fins personnelles. Sur les budgets, des sommes colossales sont réservées pour les soins à l’étranger au détriment des infrastructures sanitaires des pays et des populations.
En investissant ces sommes au plan national, cela renforcera les efforts déjà consentis et permettra à coup sûr de briser l’une des nombreuses barrières entre gouvernants et gouvernés. En attendant une prise de conscience collective, il est à noter que le privilège des évacuations que les dirigeants et responsables entretiennent est un obstacle majeur au développement du système sanitaire en Afrique.
Bouba Sankaré