Revenue de la Guinée-Conakry où elle était partie assister aux obsèques d’un de ses proches, une dame d’une soixantaine d’années a semé la panique à l’Association de Santé Communautaire de Faladié (ASACOFA) vendredi dernier, aux environs de 9 Heures. Présentant les symptômes de la fièvre Ebola, qui fait présentement des ravages en Guinée-Conakry, comme énoncés à travers les communiqués du gouvernement, sur conseils de ses proches, elle se rend au centre de santé où, médecins, infirmiers(es) sages-femmes….pris de panique, ont déserté le centre de santé avant d’alerter le département en charge de la santé qui entretient toujours un silence sur ce cas, qui depuis ce jour, est sujet à toutes sortes d’interprétations.
Le vendredi 28 mars dernier restera longtemps dans la mémoire des agents de santé de l’ASACOFA. Pendant que les populations sont prises de peur face au risque d’entrée de cette maladie au Mali, un fait qui sort de l’ordinaire s’y est produit.
Une dame, la soixantaine bien sonnée, habitant Faladié-Socoro, le quartier qui abrite l’ASACOFA, après un séjour en Guinée-Conakry, plus précisément à Kankan où elle a pris part aux obsèques d’un proche, retourne au Mali. Pas « bredouille », car elle transporte avec elle, les symptômes de la terrible fièvre hémorragique qui fait des ravages en Guinée, d’où elle a d’ailleurs atteint la capitale et fait plus d’une soixantaine de morts.
Arrivée à l’ASACOFA, raconte un témoin, la vieille dame, pendant sa consultation, explique au médecin qu’elle revient de la Guinée-Conakry où elle a pris part aux obsèques d’un de ses proches.
L’annonce de cette nouvelle, ajoutée aux symptômes de la fièvre Ebola qu’elle présentait sèment la panique à l’Asacofa. Médecins, infirmiers, Sages-femmes… pris de panique, prennent tous, leurs jambes au coup avant de laisser le centre de santé vide et la vieille dame dont l’état se détériorait, seule à son sort.
La patoche générale !
L’information fait le tour du quartier Faladié, les gens accourent de tous les côtés, s’éloignent au maximum du secteur, les travailleurs du CAP de Faladié qui est contigu à ce centre de santé eux aussi, désertent leur lieu de travail.
Mieux, les travailleurs sont renvoyés à la maison jusqu’à ce que cette affaire soit tirée au clair. L’information se repend à travers la ville, l’intoxication s’en mêle.
Le département de la Santé et de l’Hygiène public est informé, même la présidence. C’est la panique générale.
Quelques temps après, le ministre de la Santé et de l’Hygiène public, son collègue de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, celui de l’Intégration Africaine….y dépêchent des représentants.
IBK qui se trouvait à Abidjan pour le sommet de la CEDEAO est vite informé. Il appelle un membre de son cabinet qu’il dépêche sur les lieux.
Les médecins et agents de santé sommés de garder le silence
Pendant cette journée de vendredi, c’était la panique générale à l’ASACOFA. Arrivés sur les lieux, les représentants du Gouvernement rencontrent les médecins et responsables de ce centre de santé. Après les échanges, explique un médecin, il leur a été demandé de garder le silence sur cette affaire, le temps que les analyses soient faites pour déterminer la maladie de la vieille dame « suspecte ».
Rencontré à cet effet, Docteur Seydou Sidibé, Médecin-Chef de l’Asacofa raconte : « les faits se sont déroulés le vendredi dernier. La dame en question est âgée d’une soixantaine d’année et revenait de la Guinée-Conakry où elle a pris part aux obsèques d’un proche. De retour, elle était malade et s’est rendue à l’ASACOFA qui est le centre de santé le plus proche d’elle. Etant donné que les autorités du pays nous ont appelées à la vigilance et de signaler tout cas suspect présentant les symptômes de la fièvre Ebola, nous avons alerté le département de la Santé lorsque nous nous sommes rendus compte de cela. ».
Selon lui, cette situation a semé la panique chez les populations. Et l’information s’est vite répandue à travers le quartier et la ville.
Mais en réalité dit-il, la vieille dame souffrait d’un paludisme aigu et d’une grippe dus à la fatigue suite au long trajet qu’elle avait parcouru lors de son voyage en Guinée-Conakry. Car, après avoir assisté aux obsèques de son proche à Kankan, elle dit avoir sillonné d’autres villes pour rendre visite à des personnes qu’elle avait perdues de vue depuis des années.
Certaines informations faisaient croire que la dame a succombé à sa maladie.
Faux, rétorque le Dr Sidibé qui assure qu’elle va bien. Mieux, elle s’est rétablie et profite, tranquillement, de ses vieux jours au milieu de ses nombreux enfants et petits-enfants.
En plus, d’autres rumeurs colportées à travers la ville faisaient croire que l’ASACOFA est fermée depuis le vendredi. Une information démentie aussi par Dr Seydou Sidibé qui explique que les faits se sont déroulés aux environs de 9 Heures le vendredi. Après la visite des envoyés du gouvernement, et la consultation de la vieille dame qui a prouvé qu’elle souffre de paludisme, les travaux ont repris le même jour vers 11 heures. Ce qui leur a d’ailleurs permis de sauver la vie à six membres d’une famille qui avaient été victimes d’une intoxication alimentaire ce même jour.
Et depuis ce jour ajoute-t-il, les médecins, infirmiers, Sages-femmes…continuent à faire normalement leur travail, chacun à son poste.
Ce que nous avons d’ailleurs pu constater à notre passage hier matin, où les médecins, infirmiers et sages-femmes étaient débordés avec la présence de plus d’une centaine de personnes, principalement des femmes enceintes et d’autres qui avaient emmené leurs nouveau-nés pour des vaccinations.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette fausse alerte à la fièvre Ebola démontre à suffisance, le peu de mesures prises par nos autorités pour empêcher cette maladie de franchir nos frontières car, cette dame a traversé la frontière sans que son cas ne soit détecté bien que présentant les symptômes. Mieux, en raison des relations entre le Mali et la Guinée-Conakry, la circulation des personnes entre les deux pays est très intense. Et nombreux sont les personnes qui témoignent sur l’inefficacité des mesures mises en place par le Mali, pour lutter contre la maladie à la frontière.
Georges Diarra