Accès à la santé : L’AMO comme arme redoutable contre les pharmacies par terre

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Ces deniers temps, les hôpitaux, les centres de santé et surtout les pharmacies refusent du monde. Il s’agit d’un embouteillage plutôt salutaire puisqu’il  montre probablement une relative tendance haussière du pouvoir d’achat des Maliens, des usagers de services santé. La même si la croissance démographique y est également pour quelque chose, mais il faut surtout y voir une implication des opportunités liées à l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO,  qui pourrait reléguer aux oubliettes l’essor des pharmacies ambulantes et de leurs contenus mortels. 

Dr Moussa Almamy Coulibaly, promoteur de la pharmacie M’Péwo de Lafiabougou, l’une des pharmacies les plus célèbres de la Commune IV et fréquentées de la capitale, estime que l’affluence et la forte fréquentation des structures sanitaires (hôpitaux, Centres de santé référence et CSCOM, pharmacies, etc.) crève véritablement l’écran et pourrait s’expliquer par un amortissement du prix des ordonnance à hauteur de 70% grâce à l’AMO. ‘’Seuls 40% de la clientèle de la pharmacie M’PEWO y sont inscrits » et parassent plus motivés par leur état de santé que par simple pulsion de l’AMO, a expliqué Dr. Coulibaly, ajoutant par ailleurs que l’augmentation de la population joue naturellement un rôle.

Le Professeur Kassoum SANOGO, cardiologue et Directeur Général de l’hôpital Gabriel Touré, est pour sa part catégorique. Par-delà l’état de santé des usagers, bien d’autres facteurs entrent en ligne de compte parmi lesquels l’AMO n’est pas des moindres, même si 10% à peine de la population sont concernés. En tout cas, à ses yeux, la maladie ne saurait être la principale explication de la forte sollicitation des structures sanitaires car ne n’est pas aujourd’hui que les gens ont commencé à tomber malades. Et notre interlocuteur de relever d’autres facteurs dont la croissance démographique, l’évolution des mentalités par rapport à nos ancêtres qui penchaient plus pour les thérapies traditionnelles, l’évolution du paysage pathologique avec une transition des maladies ponctuelles vers les maladies chroniques essentiellement due à l’environnement social, au changement de mode alimentaire, etc.

Une telle mutation va –t-elle contribuer porter un coup fatal aux pharmacies par terre, un phénomène qui constitue une grave menace sanitaire en tant qu’alternative économique aux produits pharmaceutiques conventionnels ? Le Directeur général de l’Hôpital Gabriel Touré estime que le phénomène des pharmacies par terre n’a pas que des aspects négatifs car il marque un tournant décisif dans l’abandon des traitements tradi-thérapeutiques.

Il y a un gros risque dans la consommation de ces produits qui ne correspondent  pas aux  normes pharmaceutiques de qualité. C’est des contrefaçons de produits connus pour être vendu et il n’est pas exclu que des réactions éventuelle de l’organisme se manifestent. Il s’agit des médicaments qui n’ont fait l’objet de test avant la consommation.  La plupart de ceux qui y recourent évoquent néanmoins les contraintes financières liées  à l’accessibilité des produits pharmaceutiques de qualité, consent admet M. Coulibaly en estimant du même coup qu’une conception de l’AMO dans son objectif initial, à savoir l’Assurance maladie universelle, pourrait servir d’arme redoutable contre la prolifération des produits illicites nuisibles. Il s’agit, en clair, de procéder à une extension de l’Assurance maladies au-delà des seuls fonctionnaires salariés publics et privés et de sa réorganisation en vue de la rendre accessible à d’autres catégories de la population active.

Amidou Keita

 

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