Abattoir Frigorifique de Sabalibougou … Silence, on empoisonne !

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Des cornes de bêtes, gorgées de pus et grouillantes de vers, une montagne de bouses de vaches, autour de laquelle festoient des bataillons de mouches, des restes de viande exhalant une odeur pestilentielle… Pire, la nuit, les populations de Sabalibougou sont obligées de s’enfermer à double tours dans leur maison. Motif : échapper aux odeurs nauséabondes de l’Abattoir Frigorifique de Sabalibougou. Notre enquête.

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« Depuis longtemps, notre quartier enregistre des épidémies de gale, de grippe et de maux de tête ». La mine grave, les gestes hauts et forts, un notable Sabalibougou, fustige ce que d’aucuns qualifient, déjà, « d’hécatombe ». Mais ce que notre interlocuteur n’explique pas, c’est le nombre de victimes, enregistrées au sein de la population.

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Adultes et enfants n’échappent pas aux odeurs nauséabondes qu’ils respirent, au péril de leur santé. Et de leur vie. La mort dans l’âme, les autorités locales assistent, impuissantes, à la multiplication des victimes, pour avoir respiré l’air pollué, ou pour avoir été en contact avec les déchets. A en croire des témoins, plusieurs victimes ont été hospitalisées.

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A l’origine de cette contamination, dit –on, le manque de matériel adéquat pour l’abattage et le traitement des déchets, conformément à l’article 60 du code régissant les abattoirs. Selon cet article, les unités d’abattage ont l’obligation de traiter leurs déchets, avant de les déverser dans la nature ; ce qui, de l’avis de certains travailleurs, est loin d’être le cas à l’abattoir Frigorifique de Sabalibougou. A les en croire, les dépouilles d’animaux sont balancées dans la nature, sans traitement. D’où la puanteur du voisinage.

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Située non loin des logements sociaux de Missabougou, cette unité d’abattage est dirigée par Mr Diallo. Une quinzaine de personnes y travaillent. Mais le matériel de travail fait défaut, contrairement à l’Abattoir Frigorifique, de Bamako situé dans la zone industrielle. Les bassines, sont installées au milieu des mouches, cafards et autres insectes. En clair, cette entreprise, logée dans un baraquement, est en dessous des normes requises. Plus grave, selon certaines confidences le quartier de Missabougou, situé à la périphérie de la capitale, a été choisi pour abriter cette unité d’abattage. Et du coup, l’épargner du contrôle des services d’hygiène.

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Pour en savoir davantage, nous avons mis trois jours, à chercher Mr Diallo, son promoteur. En vain ! En outre, un travailleur du coin, qui a requis l’anonymat, se veut rassurant sur la qualité de leur viande : « Avant d’entamer l’abattage, les lieux et les machines sont nettoyés, puis désinfectés. Histoire de garder notre viande saine ». Rassure t –il, avant de poursuivre : « Les rumeurs circulant sur la qualité de notre service sont l’œuvre d’une concurrence déloyale ».

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A la question de savoir, pourquoi l’odeur suffocante et l’épidémie de grippe qui affectent et infectent le quartier de Sabalibougou, notre interlocuteur perd son latin : motus et bouche cousue. Pour lui, pas question de fourrer notre nez dans leurs affaires. Les consignes, dit-il, sont fermes : « Le patron n’est pas là. Il s’occupe d’autre chose. Donc, je ne peux rien vous dire, sauf si vous êtes là pour des affaires », ajoute –il. Avant de nous inviter à débarrasser le plancher.

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Cet abattoir travaille dans des conditions rudimentaires, voire artisanales. Quant aux conditions d’hygiène, elles laissent à désirer. Un sol souillé, et couvert de fourmis, des bataillons de chiens aux aguets, des ouvriers travaillant, presque à main nue.

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A tout cela, s’ajoute la situation, non encore, réglée des travailleurs licenciés. Irrégulièrement. De sources concordantes, le promoteur refuse toujours de payer leurs droits, malgré une décision de l’inspection du travail. En clair, l’homme clame à qui veut l’entendre qu’il est sous la couverture de Koulouba.

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Nous y reviendrons !

rnJean –Pierre James

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