4ème CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA GRIPPE AVIAIRE : Les experts font le bilan d’une année de lutte

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C’est aujourd’hui, jeudi 7 décembre 2006, que se tiendra, au Centre International des Conférences de Bamako (CIC) la réunion ministérielle sur la grippe aviaire. En prélude à cet événement, qui sera présidé par le président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, les experts se sont penchés, hier mercredi 6 décembre, sur les détails techniques d’une année de lutte.

Un an après la rencontre de Béijing, les experts venus au rendez-vous de Bamako se sont fixé comme objectif de fournir un état des lieux actualisé des foyers provoqués par le virus H5N1 dans le monde, des risques de transmission ainsi que des progrès enregistrés depuis les conférences de Pékin et de Vienne.

En plus, ils se sont donné comme tâche de mettre à jour les dernières informations sur les stratégies en matière de communication de compensation et de vaccination, en rappelant les conclusions des principales réunions techniques, notamment l’importance de construire des plans nationaux d’actions intégrés au niveau régional et global.

En effet, depuis la réunion des hauts fonctionnaires à Vienne au début du mois de juin 2006, d’énormes progrès ont été accomplis par la communauté internationale pour contre-attaquer la grippe aviaire et humaine.

En plus des réunions techniques et des ateliers organisés dans les différentes parties du continent au cours des six derniers mois, la question a été inscrite à l’ordre du jour de la 7èeme conférence des chefs d’Etat et de gouvernement africains tenue à Banjul du 1er au 2 juillet 2006. Selon le Dr Modibo Tiémoko Traoré, chef de mission du Bureau inter africain des ressources animales (BIRA), "la Commission de l’Union Africaine note avec satisfaction la rapidité du système des Nations Unies et la réaction de l’ensemble de la Communauté internationale dans la mobilisation de l’appui financier et de l’assistance technique nécessaire pour les pays touchés et menacés, en vue de contenir le fléau et de prévenir sa propagation vers d’autres régions de la planète".

Après l’Asie et l’Europe, le continent africain est depuis février 2006 infecté par le fléau. Les foyers de grippe aviaire ont déjà été enregistrés dans huit pays provoquant la mort et la destruction de près de 15 millions de volatiles, causant une désolation sans précédent parmi les éleveurs et entraînant une chute drastique de la consommation des produits aviaires sur le continent. Des mesures de restriction commerciale dans les échanges ont été imposées aux pays infectés. Mais fort heureusement,  a souligné le Dr Modibo Traoré, "très peu de cas de contamination humaine ont été enregistrés". Cependant, a-t-il ajouté, "au rythme de progression actuel des foyers, aucun pays africain n’est à l’abri d’une contamination". Et pour cause : la démobilisation rampante qui en a résulté, semble s’être emparée des principaux acteurs de la lutte sur tous les continents et des bailleurs de fonds.

 

Des taux de mortalité supérieurs à 60 pour 1000

On y ajoutera la réalité de la situation épidémiologique de la grippe aviaire qui est tout autre. Avec des taux de mortalité souvent supérieurs à 60 pour  100 dans les cas humains de la maladie, le virus H5NI fait montre d’un potentiel d’adaptation élevé vis à vis de l’homme avec un risque de mutation génétique tout aussi redoutable dans la phase pré pandémique actuelle.

L’état d’impréparation du continent africain à faire face aux situations d’urgence créées par les maladies émergentes et reémergentes est du en grande partie à l’inexistence ou à la faible opérationnalité des réseaux de surveillance épidémiologique, l’insuffisance de capacités pour un diagnostic précoce des maladies, le manque d’anticipation dans la mise en place des fonds d’indemnisation ou dans le pré positionnement des moyens et des produits d’intervention de première urgence.

On retiendra, en outre, la faible couverture des réseaux de surveillance épidémiologique qui caractérise le continent et leur dysfonctionnement dans les pays où ils existent. Toutes ces tares constituant une grave menace non seulement pour les pays concernés, mais aussi pour le reste du continent et de la planète.

 

Le holà du Dr Modibo Traoré

Des faiblesses qui n’ont pas laissé l’envoyé de l’Union Africaine indifférent. Et il l’a fait savoir en ces termes : "Une telle évolution, qui aurait du nous inciter à davantage de rigueur dans la mise en oeuvre des plans de lutte dans les pays infectés et à une plus grande vigilance dans les régions à haut risque de contamination est paradoxalement en passe de briser l’élan initial de lutte dans nombre de pays avec pour conséquence une démobilisation perceptible des populations et des acteurs clés que sont les décideurs politiques et les partenaires au développement.

 Les services techniques sont parfois accusés d’avoir surestimé les risques liés à la maladie ou d’avoir exagéré les menaces potentielles dont elle pourrait être porteuse.

 Les épisodes douloureux de la grippe espagnole de 1918 et de la grippe asiatique de 1957 sont délibérément occultés, les pertes en vies humaines enregistrées à travers le monde sont noyées dans des comparaisons iniques avec les statistiques macabres d’autres pathologies devenues banales car plus répandeus et mieux connues des populations pour mieux relativiser les dangers liés au virus H5N1».

Modibo Traoré de conclure que "cette tendance doit être combattue avec la même énergie que celle qui avait été déployée en son temps contre la panique généralisée qui se profilait à l’horizon au début de la crise. C’est là un premier défi que la conférence de Bamako se doit de relever". Une conférence dont le thème est "un an de lutte globale contre la grippe aviaire et le risque d’une pandémie de grippe humaine" et qui, selon le ministre de l’Elevage et de la Pêche, Oumar Ibrahim Touré, vient à point nommé.

Oumar Ibrahim Touré ajoutera que le rendez-vous de Bamako doit permettre "la mise en place de plans d’actions bien ficelés au niveau régional et mondial".

Il faut rappeller qu’au Mali, dès le moi d’octobre 2005, le gouvernement du Mali a créé, à travers le ministère de l’Elevage et de la Pêche, un Comité technique national de coordination de la lutte contre la grippe aviaire et ses démembrements sur toute l’étendue du territoire national.

Depuis, un suivi permanent de l’évolution de la maladie en Afrique, dans la sous-région et dans le reste du monde est assuré par ladite structure.

On n’oubliera pas les activités de communication, de formation, de surveillance et d’équipement des structures de la santé animale et de la santé humaine, grâce aux partenaires techniques et financiers.

 Cette conférence internationale, qui prend fin demain, vendredi 8 décembre dans l’après-midi, planchera, entre autres, sur l’épizootie de la grippe aviaire, la préparation d’une pandémie de grippe humaine, les points de stratégie en matière de vaccination, de compensation et de communication, l’évolution récente et prévisible du virus H5N1 et les nouveaux besoins après Pékin.

Paul Mben

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