Les maladies de peau sont l’un des principaux motifs de consultation dans les centres de santé périphériques. La faible couverture dermatologique de notre pays (au Mali en 2013, on comptait 12 dermatologues pour 15 millions d’habitants) limite l’accès aux soins dermatologiques spécialisés. En l’absence d’une prise en charge adaptée, ces maladies peuvent donner lieu à des complications sévères telles que des fièvres invasives, l’insuffisance rénale voire des cas de décès.Pour endiguer ces insuffisances, le Centre national d’appui à la lutte contre la maladie (CNAM), la Faculté de médecine et d’odontostomatologie de Bamako (FMO) et la Fondation Pierre Fabre ont conjugué leurs efforts. Ils ont organisé le jeudi 1er juin 2017, les premières assises de Télédermatologies Africaines.
Ces assisses avaient pour objectif de promouvoir l’échange, le partage de connaissances et la diffusion des solutions permettant d’améliorer significativement l’accès aux soins des populations, inspirantes pour les pays à ressources limitées mais certainement aussi pour les déserts médicaux du nord. Ainsi, ces assises ont permis de réunir les spécialistes de huit pays de la sous-région (Mali, Burkina Faso, Guinée Conakry, Mauritanie, Sénégal, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire), qui ont eu à présenter leurs travaux de recherche. Le but des résultats de ces travaux de recherche était de permettre la multiplication à d’autres pays du continent africain d’initiatives similaires, d’où la motivation de la Fondation de lancer officiellement un appel à projets auprès des structures qui pourraient être soutenues.
Il est de notoriété publique, qu’en 2016, la Fondation Pierre Fabre a soutenu le projet mené par le Pr. Ousmane Faye, chef de service Dermatologie du Centre national d’appui à la lutte contre la maladie (CNAM) de Bamako. Il s’agissait d’une étude opérationnelle sur l’efficacité des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la prise en charge des maladies de peau.
Selon le DG par intérim, Pr. Ousmane Faye, 20 médecins et infirmiers ont été formés sur deux volets : en premier sur l’identification des dermatoses courantes afin de pouvoir effectuer eux-mêmes un premier diagnostic ; et en second sur la maîtrise des outils numériques, pour pouvoir photographier puis transmettre les cas les plus complexes aux médecins spécialistes via une plateforme d’échanges sécurisés.
Pour ce qui concerne le bilan, il a expliqué qu’il y a eu 175 télédiagnostics dans ces centres susmentionnés où les affections dermatologiques représentent généralement le 4ème motif de consultation ; 3000 infections ont été recensées en un an. Parmi celles-ci, a-t-il ajouté, 175 cas complexes dont les lèpres, les prurigos, les psoriasis, les dermatophyties, l’eczéma, les génodermatoses ont fait l’objet de télédiagnostic.
Selon lui, cette étude a ouvert une nouvelle étape, notamment l’extension progressive dans tout le pays, en privilégiant dans un premier temps les zones défavorisées et enclavées où une couverture internet est disponible. A ses dires, l’objectif est que d’ici 2 ans, 80 centres de santé secondaires et 160 agents de santé soient équipés, formés et opérationnels.
Le Ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Pr. Samba Sow, a salué cette initiative qui permettra aux dermatologues qui ne sont pas assez nombreux de pouvoir combler le vide existant.
Pour sa part, la Directrice générale de la Fondation Pierre Fabre, Mme Béatrice Garrette, a fait savoir que la Fondation, avec l’approbation de son conseil d’administration, est fière d’accompagner cette extension aux côtés des autorités maliennes.
A retenir que la Fondation a lancé un appel à projets pour identifier et soutenir les structures souhaitant mettre en œuvre l’utilisation des TIC pour l’amélioration du diagnostic et de la prise en charge des maladies de peau en Afrique.
Seydou Karamoko KONE