Placée sous la haute présidence de Mme Touré Lobbo Traoré, première Dame du Mali, les activités de la 14e journée internationale des sages-femmes ont été menées le samedi 7 mai 2011 au Centre international de conférence de Bamako (CICB) sous le thème « rôle de la Sage-femme dans la prévention de la fistule obstétricale ». Une occasion pour les accoucheuses du Mali de lancer la lutte contre cette pathologie silencieuse et humiliante.
A l’instar de la communauté internationale, le Mali a célébré le samedi et dimanche derniers la journée internationale des Sages-femmes. A l’initiative de l’Association des sages-femmes du Mali (ASFM) avec l’appui du gouvernement et l’aide des partenaires comme l’ONG Intra-Health à travers son projet Fistula Care, cette journée avait cette année pour thème « Rôle de la sage-femme dans la prévention de la fistule obstétricale ».
Selon le professeur Amadou Dolo, gynécologue au CHU Gabriel Touré, la fistule n’est plus une question de santé publique, mais une question de citoyenneté vu les dégâts que cette maladie cause dans l’organisation de la cellule familiale dans notre société. Il la définit comme la perforation de la paroi vaginale qui communique la vessie au rectum à la suite d’un accouchement long, difficile et généralement non assisté. Cette perforation entraine du coup la destruction de la voie génitale, l’in contenance des urines par le vagin (l’urine coule entre les jambes de la femme), la stérilité, le rejet et même la mort chez la femme. Les causes de la fistule sont, entre autres, le mariage précoce, la grossesse non assistée et l’excision. Elle touche généralement les jeunes femmes de moins de 20 ans.
La fistule obstétricale touche 50.000 à 100.000 femmes par an dans le monde et les pays en voie de développement payent le plus lourd tribut. Selon une étude, plus de 600 cas de fistule obstétricale sont enregistrés au Mali chaque année.
En 2010, plus de 420 femmes fistuleuses ont bénéficié d’une intervention chirurgicale de l’imminent Pr. Kalilou Ouattara, urologue à l’hôpital Point G avec un taux de réussite de 78%. Cette lueur d’espoir est insufflée grâce au professionnalisme et au patriotisme du Pr. Ouattara référence en la matière de prise en charge de la fistule obstétricale, en Afrique.
Ce succès médical a permis aujourd’hui de requinquer les « vaillantes sages-femmes » à se mettre en ordre de bataille pour lancer une offensive contre cette pathologie considérée comme un drame humain qui survient au plus beau moment qu’une femme peut vivre dans sa vie : donner naissance à un enfant. Un drame humain qui provoque la détresse, succédant parfois au malheur de la perte de son nouveau né, la femme fistuleuse est souvent rejetée par sa belle famille, abandonnée par son mari et mise à l’écart par sa communauté. Cet isolement social entraine la perte de l’estime de soi et un sentiment d’humiliation.
C’est pourquoi, la première Dame du Mali Mme Touré Lobbo Traoré, (sage femme) a lancé un appel à la lutte contre « ce drame silencieux qui interpelle toute la société particulièrement nous les sages-femmes, car la fistule obstétricale demeure la pathologie la moins prise en charge ». Avant d’ajouter que la disponibilité des sages-femmes dans les villes comme dans les campagnes contribuera à réduire les décès maternels et les maladies handicapantes.
Elle a souhaité une synergie d’action et de compétences au profit de celles qui en ont besoin pour mériter d’avantage la reconnaissance de la profession et la considération de ces concitoyens. Tout en fondant son espoir sur les recommandations issues de ces assises de 48 heures de ses consœurs sages-femmes du Mali et d’ailleurs, Mme Touré Lobbo Traoré s’est dite confiante qu’avec l’engagement de tous, la fistule sera convenablement boudée hors du Mali pour le bonheur des femmes.
Aliou Badara Diarra