Si la Cédéao et le Mali ne reprennent pas la table de discussions, les prix des denrées de première nécessité et des matériaux de construction connaitront une hausse dans les jours à venir au Mali. D’ores et déjà, le prix du sac de sucre a grimpé.
Les Etats d’Afrique de l’Ouest ont adopté, dimanche 9 janvier 2021, à Accra, des sanctions qualifiées de « très dures » envers la junte au pouvoir à Bamako. Parmi les mesures, la Cédéao a décidé de fermer les frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et de suspendre les échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité et les produits pharmaceutiques.
Dans la foulée, les autorités maliennes ont répliqué en fermant les frontières du Mali aux pays membres de la Cédéao exceptée la Guinée. Autrement dit, les autorités de la transition malienne ferment la porte entre ouverte de la Cédéao. Pour un approvisionnement du marché malien, Assimi Goita et son gouvernement envisagent de se tourner vers les ports de Conakry et de Nouakchott. D’ailleurs le ministre des finances a même rencontré des operateurs économiques pour les besoins. La question qui taraude les esprits des observateurs est de savoir si le port de Conakry et de Nouakchott sont à mesure d’approvisionner correctement les marchés maliens ? Si telle est la volonté des autorités du Mali, que vont devenir les marchandises en cours d’acheminement au Mali et qui sont stationnées dans plusieurs villes du Togo, Burkina, Côte d’Ivoire, Sénégal… ?
En attendant que les premiers lots de produits de première nécessité quittent Conakry ou Nouakchott, les Maliens commencent à sentir les conséquences de l’embargo total voulu par les autorités maliennes.
Sur plusieurs marchés de la capitale, le prix du sucre est en train de grimper passant de 24 500 F CFA à 30 000 F CFA chez les revendeurs.
Selon un demi-grossiste que nous avons joint au téléphone et qui a exprimé son désarroi, « le marché du sucre n’est pas bien fourni contrairement à ce que certains operateurs économiques laissent entendre ».
On apprend que dans plusieurs villages de la Côte d’Ivoire, plusieurs dizaines de camions contenant du blinker (un constituant du ciment) en destination de Bamako, sont stationnés.
Il faut dire que l’embargo est intervenu au moment où des milliers de remorques étaient soit en phase de chargement dans les différents ports ou étaient en route vers les frontières maliano-sénégalaise, maliano-ivoirienne ou maliano-burkinabé. Aujourd’hui, ce sont des milliers de remorques transportant des vivres alimentaires qui sont bloquées à Pogo (frontière ivoirienne), à Kidira et aux différentes frontières avec le Burkina Faso.
La fermeture des frontières par le Mali va impacter sur l’acheminement rapide de ses produits de première nécessité.
Notre interlocuteur s’interroge sur ce que va devenir les produits déjà accostés aux ports ? « En matière de commerce, plus les produits durent, plus l’argent à payer augmente ».
A en croire l’opérateur économique, la solution immédiate, ce n’est pas de passer par les ports de Conakry ou de Nouakchott. « Il s’agit de trouver les voies et moyens pour acheminer sur le territoire malien les produits qui sont déjà dans les ports de Lomé, Abidjan et Dakar. « A chaud, il nous est difficile de détourner nos affaires vers ses deux ports. C’est tout un système qu’il faut revoir. Imaginez vous que nous avons convenu avec les partenaires Thaïlandais du transport de 2000 tonnes de riz sur le port d’Abidjan. Hier (jeudi 13 janvier), le bateau est arrivé à Abidjan. S’il faut que le bateau se dirige sur le port de Conakry, cela aura à coup sûre des coûts supplémentaires, qui vont obligatoirement impacter sur le prix de vente. Autrement dit, sur le marché, les prix des denrées vont connaitre une certaine hausse sauf si l’Etat décide de laisser tomber certaines taxes ».
Aux dernières nouvelles, les autorités ayant mesurer l’ampleur du dégâts de l’embargo sur les populations, ont décidé d’ouvrir le passage à certains produits alimentaires dont le riz, co,nfie un opérateur économique.
Mohamed Keita
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