La privatisation de la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT) ne s’annonce guère sous de bons auspices. Cette privatisation, dont le processus est très avancé, sera une véritable catastrophe pour notre pays avec des conséquences dévastatrices. C’est du moins la conviction de Maurice Adevah-Poeuf, ancien professeur à l’Ecole normale supérieure (EN Sup) de Bamako et président de l’Agence française d’appui aux collectivités (Afac).
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L’Etat malien a décidé de privatiser la filière-coton en 2001. La privatisation sera effective à partir de janvier 2008. Avant cette date, les commentaires vont bon train et beaucoup de nos compatriotes ne cessent pas de manifester leur désapprobation vis-à-vis de cette « vente du Mali ».
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Le Cercle de réflexion Djoliba a ouvert le débat samedi dernier dans ses locaux à travers une conférence sur « La privatisation de la filière-coton au Mali : opportunité ou catastrophe ? » L’animateur n’était autre que Maurice Adevah Poeuf, un fin connaisseur de la filière-coton en Afrique, qui n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat.
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La primauté du coton dans le développement socio-économique du Mali n’est pas à discuter. La filière, dont le chiffre d’affaires est de l’ordre de 200 milliards de F CFA (20 à 25 % du budget national) nourrit au minimum 4 millions de personnes avec 1200 personnes employées à la CMDT. Annuellement, l’Etat bénéficie de 15 milliards de F CFA à travers les recettes fiscales et douanières.
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Cependant, depuis plus d’une décennie, dira le conférencier, le secteur est très mal en point à cause de la baisse des cours mondiaux consécutive aux subventions américaines et européennes à leurs producteurs. « Chaque année aux USA, l’Etat verse à ses 25 000 producteurs de coton près de 5 milliards de dollars, soit environ 2000 milliards de F CFA, le double de budget de l’Etat malien, le triple de ce que les États-Unis consacrent à l’aide au développement de l’Afrique subsaharienne », a précisé M. Poeuf. Ce qui a occasionné une distorsion entre le marché local et mondial. Du coup, la CMDT accuse un passif d’environ 100 milliards de F CFA.
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Un échec cuisant
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Selon le conférencier, le schéma de la privatisation prévoit que la nouvelle CMDT sera un « holding » divisé en 4 filiales, c’est-à-dire, les succursales Bougouni-Sikasso, Koutiala-San, Fana-Ohvn et Kita. Dans ce schéma, « la CMDT holding garde les achats, le commercial, le contrôle de gestion » et les fonds générés par les filiales serviront à acquitter les créances de l’ex-CMDT.
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Mais ce schéma comporte beaucoup des risques. Et pas n’importe lesquels. Que ce soit du point de vue technique, social qu’économique. Ces périls se resument à l’effondrement de la production, au licenciement des ressources humaines compétentes, à l’absence d’ « opérateur sérieux » pour l’acquisition des filiales et surtout des paysans dépourvus qui n’auront pas accès au crédit intrants.
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L’ancien député maire prévoit un scénario des plus catastrophiques vers fin 2008. « Aucun groupe bancaire n’a accepté de financer le crédit intrants faute de garantie. Personne n’est en mesure de fournir des semences aux paysans et les salariés sont découragés et démotivés, particulièrement les meilleurs et les plus compétents », a souligné le conférencier avant de faire allusion aux échecs de privatisation de l’Huicoma, de Betram et des filières coton en Afrique. A cause de cet échec global, c’est tout « le Mali qui sera appauvri », a-t-il, il Le « miracle malien » aura ainsi pris fin et notre « or blanc se transformera en plomb ».
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L’Etat, est convaincu M. Poeuf, sera contraint d’enterrer le secteur au détriment du Mali ou de le confier à des candidats « peu sérieux », incapables de remplir les conditions d’une privatisation réussie. Est-il possible de redresser le secteur ? Oui, a répondu le conférencier mais à condition de faire preuve de pragmatisme et de volonté politique. Cette dernière, a-t-il déploré, n’a pas été ressentie dans les différents messages lors des dernières élections présidentielle et législatives.
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En général, les intervenants se sont montrés contre la « privatisation du Mali ».
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Ogopémo Ouologuem
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(stagiaire)
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