La ministre de la Fonction publique Mme Diarra Raki Talla a dévoilé hier (14 mars) des irrégularités dans le partage de la somme de 2 milliards 100 millions de FCFA destinée au paiement des droits des travailleurs de l’Huilerie cotonnière du Mali (Huicoma). On est loin de connaitre les dessous du dossier de l’indemnisation des travailleurs de cette usine partie en faillite. Un dossier revenu avec fracas au conseil des ministres de mercredi dernier.
«Certains font du dossier de l’Huicoma un fonds de commerce », a commenté Amadou Koïta, le porte-parole du gouvernement, restituant à la presse les résultats du conseil des ministres du jour. Le gouvernement a constaté que tous les travailleurs qui étaient sur la liste n’avaient pas bénéficié de leurs dus, particulièrement 26 travailleurs.
Il y a près de 2 mois, ces 26 travailleurs floués ont été remis dans leurs droits par le gouvernement, selon Raki Talla. «Nous avons la liste des émargements ; il y a eu des manquements, certains ont illégalement perçu de l’argent. La justice a été déjà saisie pour faire son travail », a expliqué la ministre de la Fonction publique.
Pour comprendre l’affaire, il faut remonter au temps de l’ancien président ATT. Le gouvernement actuel a hérité du dossier de l’Huicoma qui date de 2005, date à laquelle le groupe Tomota a signé un accord de cession avec l’Etat malien pour acquérir l’usine. Il n’y a pas eu un plan social, selon Raki Talla, parce que Tomota s’était engagé à ne pas licencier les travailleurs.
Mais l’usine ne pouvait pas résister à des difficultés d’approvisionnement en graine de coton en raison des perturbations du secteur du coton malien. Les problèmes commencent ainsi, aux dires de l’actuel ministre de la Fonction publique.
Pour trouver une solution, l’Etat a signé en 2010 un protocole d’accord avec les travailleurs qui multipliaient grèves et sit-in à la Bourse du travail. En l’absence d’un plan social, cet accord a permis de trouver les 2 milliard 100 FCFA pour le paiement des indemnités de 188 travailleurs. Une commission était chargée des règlements.
Mais il se trouve que certains travailleurs figurant sur la liste n’ont pas été payés. « Il y a quelques jours, nous avons été contactés par un groupe de 79 personnes qui réclament leurs droits », a ajouté Raki Talla.
La ministre de la Fonction publique affirme qu’elle veut en finir avec l’affaire de l’Huicoma, une histoire qui n’a pas fini de faire des vagues depuis ATT. « Nous restons ouverts à tout le monde. En conclusion, le gouvernement est engagé à travailler dans le sens de l’apaisement. Mais il n’y aura pas d’autres négociations, le groupe Tomota s’est engagé aussi à ne pas entrer dans d’autres négociations », a ajouté la ministre de la Fonction publique.
Après douze ans de lutte sans succès, les travailleurs licenciés de l’usine Huicoma courent toujours derrière leur plan social dont le coût s’élève, selon eux, à 8 milliards 438 millions de FCFA. Les responsables du Collectif des femmes travailleuses et les épouses des travailleurs de l’Huicoma ont encore haussé le ton le samedi 10 mars dernier à Bamako pour inviter les plus hautes autorités du pays à prendre leur responsabilité afin que les travailleurs de l’huicoma puissent avoir leur droit. « IBK, la promesse est une dette, les veuves et orphelins de l’huicoma vous sollicitent pour leur plan social…Nous réclamons notre plan social même si on doit mourir », soulignent les responsables du Collectif.
Soumaila T. Diarra