Ils étaient venus très nombreux de tous les horizons, vieux, jeunes, femmes et enfants, tous victimes directes ou indirectes des liquidations des sociétés et entreprises d’Etat suite à la politique de privatisation pronée par les financiers internationaux (Banque mondiale et Fonds monétaire international), pour s’imprégner de la situation auprès de leurs dirigeants.
La rencontre éait animée par Ousmane Berthé, Président de l’association, et Cheick Oumar Sissoko, Secrétaire général de l’Union des travailleurs compressés du Mali. Mr Berthé a surtout remercié la presse et les militants, la première pour son dévouement à leur côté et les seconds pour le déplacement, en ces temps si difficiles et vu l’âge avancé de certains d’entre eux.
L’association des compressés du Mali regroupe plus de 50 000 personnes, provenant de 33 sociétés et entreprises d’Etat parties en fumée. Après moult altercations et interminables promesses non tenues par les différents régimes, ils ont décidé de saisir les juridictions compétentes à l’effet d’obtenir la condamnation de l’Etat du Mali.
Le droit leur ayant été fait, ils ont saisi l’Etat, à travers le Ministre de l’Economie et des Finances, en vue de se faire payer les montants successifs des condamnations prononcées, soit 58 milliards. A leur grande surprise, l’Etat décida de ne leur payer que 60% du montant des condamnations. Pire, il conditionna le paiement de cette somme à la renonciation par les réquérants de toutes réclamations relatives au reliquat de 40% restants ainsi qu’à la formalisation de différents protocoles d’accord.
Cet accord fut entériné par les deux parties. L’Etat paya 5 milliards sur les 58 prévus. Demeurant dans un état de dénuement total avec leurs familles, les compressés refont surface, en réclamant le reste des 58 milliards dus.
Le rapport annuel de 2010 du Médiateur de la République recommanda aux Ministres de l’Economie et des Finances, de la Justice, Garde des Sceaux, et du Travail et de la Fonction Publique, la cessation de la négociation ou l’application des accords de transaction, qui ont pour effet de diminuer les montants des condamnations pécuniaires des personnes publiques prononcées en faveur des travailleurs compressés des entreprises publiques.
A la faveur du changement de régime, lors des campagnes électorales, les compressés avaient été assurés par l’actuel Président de la République, à travers le Ministre Bathily, que leur doléances seraient satisfaites si toutefois ils contribuaient à l’élection du candidat IBK.
Aujourd’hui, ils estiment qu’ils ne sont pas du tout écoutés, près de 2 ans après cette promesse. C’est ce qui fera dire à Cheick Oumar Sissoko, paraphrasant un célèbre penseur français, que l’Etat est un monstre froid. Ils reconnaissent toutefois que le Président IBK assiste à toutes leurs cérémonies.
Pour l’heure, le Président de l’ACM dit que désormais les 2 protocoles d’accords signés sont considérés comme nuls. Il réitère son souhait de rencontrer les autorités compétentes avant le 7 avril prochain, pour trouver enfin une issue favorable à leurs doléances, à défaut de quoi ils feront un sit in devant le Ministère de l’Economie et des Finances.
Mohamed Naman Kéita, stagiaire