Voici une annonce qui aurait dû attendre l’arrivée du nouvel occupant du Palais de Koulouba puisque l’actuel locataire semble désirer plus qu’il ne pourra accomplir. Il s’agit d’une entente de concession pour la gestion, l’exploitation et le développement des installations aéroportuaires. Alors question : ce nouveau seuil fixé procède-t- il d’une rationalité économique ?
Avis aux candidats déclarés àla Présidentiellede 2012
Il faut toujours écouter les murmures de l’opinion. C’est qu’il y a déjà eu quelques ratés avec les effets néfastes potentiels de la gouvernance de Mme Thiam A. Diallo comme directrice des ADM. Elle en aurait été remerciée par la manière que l’on sait. Une fois encore, un comité syndical des femmes en colère se retrouvait dans l’orchestre au balcon. Leur dernière entrevue avec Mme la chef du gouvernement fut grosse de menaces jusqu’à venir à promettre qu’à une date donnée, ces braves femmes se retrouveraient toutes nues pour lancer alors ce qui dépasserait les simples imprécations sur Koulouba. Cette conférence de presse intervient seulement après le départ du PDG des ADM. Ce qui est un drôle de signal envoyé au public. Est-ce à cause du rouleau compresseur médiatique ? Voilà notre ministre Séméga qui va rebondir et essayer de nous apporter d’autres lumières sur ce dossier « compliqué à l’envie ». Un dossier d’abord adjugé à une première société au dépend d’une autre. Le ministre Séméga, qui ne l’entendait pas ainsi, portera et son jugement et le litige auprès dela Coursuprême. Les mauvaises langues disent que l’auguste Cour fut de même entreprise par les sociétés avec des espèces sonnantes et trébuchantes (on avance pile le chiffre d’une cinquantaine de millions de FCFA). Pour finir sur quoi ? Ni vendu, ni privatisé. Pourtant, il fallait bien trouver un statut aéroportuaire. Ecoutons la représentante du département des Equipements à la conférence de presse : « Nous avons imposé des conditions qui feront que le concessionnaire sera tenu de reprendre l’intégralité du personnel, faire des investissements et maintenir une bonne maintenance des infrastructures ». Et d’ajouter : « Des investissements assez bien définis seront dans le dossier d’appel d’offres ». A ce jour, aucun preneur n’a été trouvé pour la gestion. La durée légale de la concession sera de 30 ans non renouvelables. L’Etat recevra une redevance de concession garantie pour 5 ans. Fallait-il tant d’art pour concourir ? Hamed Séméga s’était emparé du dossier avant que les syndiquées de Sénou n’allument la mèche. En quoi la main du gouvernement sera-t-elle la plus sûre et du plus prompt secours pour ce dossier aéroportuaire ? Dans les affaires de privatisation au Mali (même en citant l’exemple dela Sotelmaqui rentrerait en cotation), nous devons tenir présentes les mêmes leçons de morale, de prudence, de méfiance et surtout de lucidité. Pour ce qui est de l’Etat malien, il devrait faire son profit de la somme des expériences passées, à commencer par mettre les choses au point, d’insister sur les atouts maîtres de l’Etat dans ce dossier d’entente de concession. Il nous reste à nous interroger sur les modalités de ralliement à cette concession. A ce qu’il nous semble, nos partenaires du MCA n’ont pas demandé la concession. L’argent qui nous a été donné l’a été en dons libres de toute autre conditionnalité si ce n’est celle de l’équilibre et de la transparence budgétaire. Il ne faut donc pas jouer sur les mots devant le grand public. Dans les modalités de la concession, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit de couper la plateforme des Aéroports de Bamako-Sénou des autres structures aéroportuaires du Mali, de la moderniser durant 5 ans. Le futur concessionnaire, qu’aura-t-il à investir au fait ? La piste d’atterrissage est étendue, le bloc technique, la gare fret… tous ceci l’a été sur fonds propres des ADM. Et bon an, mal an nous dit- on les Aéroports du Mali contribuent pour plus du milliard de F CFA au budget national. Que gagnerait- on avec la concession, nous disent différents interviewés ? On pense ici au Financier dela Fontaineriant de la naïveté des autres (nous prennent- ils pour des savetiers ?). L’argent, disaient encore nos interlocuteurs, est produit pour l’usage des gens. Il y a le fameux Article 10 de l’ASECNA géré par le département des Finances. Il y a les taux de redevances locatives pour les boutiques, les terrains, les taux de redevances passagères. En fait, la plateforme ADM est une des structures les plus viables en Afrique de l’Ouest en termes de géostratégie, de positionnement. Rien que pour son domaine, ce sont7194 hectarespour52 kmde périmètre. Qu’on pense aussi à la verticale de Tessalit, aujourd’hui la base la mieux disputée pour les intérêts étrangers. La question est de savoir : pourquoi l’Etat prendrait-il de l’argent dans cette concession au nom des populations pour donner la gestion à un privé ? Quel avantage peut-on en tirer ? Ce sont des particuliers qui vont gagner de l’argent sur le dos des gens en mettant des étrangers devant eux pour les besoins de la cause. La concession, si elle arrive, aura tout l’air d’une machine bien huilée, puissante et en ordre de bataille. S’il y a des compliments obligés à faire au gouvernement, ce sera parce qu’il aura été contraint par les circonstances sur un registre un peu nouveau pour lui. Hamed Séméga, qui aura été le ministre de tous les records, possède désormais « sa chaire » ministérielle. C’est parce qu’on savait qu’il avait lui aussi commencé depuis à faire de la politique que d’autres se sont emparés du dossier des ADM. Peut-il prétendre capitaliser chaque nouveau succès de l’action gouvernementale ? La première remarque qui s’impose : cette concession ne saurait être sous le régime d’ATT. Il reviendra aux candidats à la course présidentielle d’appréhender dès maintenant tous les contours de cette affaire pour se donner une liberté de choix. Si les autorités actuelles étaient amenées à se voir forcées à un marketing politique pour mener à bien ce dossier, il n’est rien de moins ignoré à leur dire qu’il n’y a pas de noblesse dans la direction des hommes s’il n’y pas un réel désintéressement.
S. Koné et O. Diakité