Alors qu'il était attendu pour signer le protocole d'accord de sortie de crise : Tomota décide de licencier la quasi-totalité des travailleurs de HUICOMA

0

L’information circulait, le lundi dernier, sous forme de rumeurs dans la cour de la Bourse du travail où les travailleurs de HUICOMA observent aujourd’hui, 17 juin, le 221ème  jour de leur sit in. En effet, la sortie médiatique du président ATT, le 8 juin sur une imminente  signature par le PDG de HUCOMA, Alou Tomota, du protocole d’accord de sortie de crise déjà paraphé par les autres parties, avait suscité une lueur d’espoir chez les travailleurs de l’huilerie cotonnière. Nous avons trouvé confirmation auprès du groupe Tomota que tous les travailleurs seront licenciés, sauf une vingtaine. Motif : l’unité manque de matière première et les travailleurs ont cessé d’exercer. Le Groupe, assure notre source, se dit prêt à payer tous les droits prévus par le Code de travail en la matière.

Le fameux protocole d’accord issu des négociations sur la crise à l’HUICOMA déjà signé par le ministre du Travail, de la fonction publique et de la réforme de l’Etat, le Secrétaire général de l’UNTM et le président du CNPM, ne le sera pas par le PDG de HUICOMA, Alou Tomota. C’est ce que nous avons pu retenir de nos investigations sur la question. En effet, à HUICOMA personne ne veut s’aventurer à évoquer la question ouvertement. Ce qui ne nous a pas empêché d’avoir des explications sur la position du Groupe par rapport au protocole. Selon nos sources, le Groupe Tomota pense que la commission de négociation a outrepassé ses missions. Car, à leurs dires, celle-ci devait se limiter à deux points : le plan social et les droits légaux des travailleurs. Mais, il se trouve que les négociations sont allées au-delà.

En effet, le protocole d’accord prévoit la nomination par le gouvernement d’un directeur provisoire qui choisira ses collaborateurs pour un redressement de la société. Selon les explications des proches de Tomota, "Huicoma, qui était une société d’Etat jusqu’à la cession, a toujours été gérée par des cadres choisis par ce dernier. Ce sont ces cadres qui ont tout foutu et mis la société dans  les difficultés que l’on connait. Donc donner la l’attitude encore aux mêmes cadres de revenir à la tâche est insensé. Ils ne pourront apporter rien de bon. D’ailleurs, comment l’Etat peut se décider à nommer un administrateur à la tête d’une société qui ne lui appartient plus ". Face  à ce point précis, le Groupe reste catégorique que force doit rester aux textes, selon lesquels c’est le conseil d’administration qui nomme le PDG.

Concernant les arriérés de salaire qui, selon le protocole d’accord, seront payés jusqu’à la date du 31 mai, le Groupe évoque le Code du travail qui prévoit la suspension de salaire pour un travailleur qui refuse de travailler. Or, il se trouve que, depuis 9 mois, il n’ y a plus de travail, pas de matière première et les travailleurs ont arrêté d’exercer pour un sit in à la Bourse du travail. " Une industrie, c’est la production, le profit qu’on partage. Mais s’il n’y a pas de travail, pas d’argent et  il n’y a donc pas de salaires. Mais nous ne sommes pas des fabriquants d’argent. Nous ne pouvons pas aller chercher l’argent des partenaires et venir le distribuer entre des gens qui ne travaillent pas " soutient notre source. D’ailleurs, elle ajoute qu’en fin d’année 2009, Tomota a payé plus de 300 millions de FCFA à ces travailleurs alors qu’ils n’avaient pas réellement travaillé. Quant au point relatif au paiement des droits légaux des travailleurs, le Groupe serait prêt à cela. Nos interlocuteurs  rassurent que tous les droits seront payés aux travailleurs avant leur licenciement.

Le plan social  et les indemnités de réinsertion des travailleurs licenciés  étant financé par le gouvernement, le Groupe n’a pas soulevé d’exception à ce sujet.

Joint au téléphone, Alou Tomota n’a pas accepté d’entrer dans les détails, il nous a seulement dit ces quelques mots : "Je reste tranquille avec ma conscience. Car tout ce que je fais, c’est en conformité avec la loi. Malgré tout ce que l’on dit, personne n’aime ce pays plus que moi. Je suis le premier employeur privé donc quelqu’un qui partage,  qui nourrit des milliers de ses compatriotes. Chacun doit assumer sa part dans la construction de ce pays ".

Faut-il rappeler qu’en juin 2005 lorsque le Groupe Tomota prenait les rênes de cette société, 800 travailleurs permanents y exerçaient. 480 ont été licenciés en septembre 2007. 

Les travailleurs entendent accentuerla pression

A la Bourse du travail, c’est la veillée d’armes. Les travailleurs se mobilisent davantage. En effet, le lundi dernier, un groupe d’une trentaine de travailleurs de l’usine HUICOMA  de Koutiala sont arrivés à la Bourse du travail. "Nous sommes venus pour apporter notre engagement et même notre corps si cela est nécessaire " déclare M. Sanogo l’un des arrivants. D’autres grévistes sont attendus au cours de la semaine  pour agrandir Huicoma-bougou. En tout cas, la tension monte à la Bourse du travail où les travailleurs pensent que l’Etat abuse de leur patience et reste inactif face à cette situation. Ils pensent que l’heure est arrivée de débloquer la situation, une bonne fois pour toutes.

Yousouf CAMARA

 

Commentaires via Facebook :