Voix perçantes de la presse malienne Boubacar Togola, Radio Klédu De la fermeté dans la sincérité

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Votre journal Option vous fait découvrir ou mieux connaitre des femmes et des hommes de médias qui consacrent leurs temps à écouter, informer, sensibiliser, critiquer et aussi amuser publiquement.

Ce jeune homme qui a bien voulu échanger avec nous, est un journaliste talentueux doublé d’un animateur audacieux. Il puise sa popularité de sa capacité d’expliciter en ondes des gestes choquant et répugnant des détenteurs du pouvoir politique et surtout du pouvoir pognontique(permettez nous d’improviser ce qualificatif pour l’accumulation abusive du pognon).

Avant de vous brancher ou vous rebrancher aux ondes de Radio Klédu 101. 2 FM, accessible sur internet, pour écouter, tous les samedis de 14 à 16 heures,  l’émission « Faso djo kènè» de Boubacar Togola, plongez-vous dans la lecture de ses propos si stridents…

Option : Dans plusieurs villes et villages du Mali, de nombreux commentaires sont faits sur votre émission : « Faso djo kènè » ou « Tribune de construction nationale » que vous animé en Bambara et avec brio. Dites-nous, vous venez de quel village ou de quelle ville, parlez-nous de votre origine.  
Boubacar Togola
: Je remercie votre journal de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à vos lecteurs et surtout à mes fidèles auditeurs devenus des animateurs publics de mes émissions. A ceux-ci, je lance, hors antennes, un gros merci pour leur soutien moral.

Quant à votre question, je suis le fruit de deux chefferies traditionnelles. Vous me demanderez comment ? C’est simple, mon grand père paternel qui est ancien administrateur sous le temps colon est issu de la grande famille DABALA à Niantila dans le cercle de Dioila. Quand à mon grand père maternel, ancien officier de l’armée française et ancien compagnon d’armes du général de Gaule, il est originaire de Somaso, plus précisément de la famille qu’on appelle communément Sokala tanikononton (19 portes) dans le cercle de Bla. Donc, issu d’une grande chefferie minianka. Celui-ci s’est installé à Koulikoro après son service militaire. Et il fut le premier médecin de cette ville. Mon père, lui, il est ingénieur agronome et du génie rural et ma mère a consacré 40 ans de sa vie à l’enseignement, donc enseignante de profession. En gros voilà qui je suis d’où je viens. Mais comme vous le savez, moi, je me considère Ségoviens. Etant né à Ségou, c’est là aussi que j’ai grandi, donc je suis un Diarra qui est revenu à la source, car mes aïeux sont partis de là.

Option : Vivez-vous en famille ou vous êtes célibataire ?
Boubacar Togola
: Eh bien, je suis marié et père de deux garçons. Comprenez par là que je vie bien en famille. Comme vous pouvez aussi vous en douter, je partage ma vie entre ma petite famille de Bamako et la grande famille qui se trouve à Ségou.

Option : Quelles formations scolaire et universitaire vous avez effectué ?
Boubacar Togola :
Je suis psychologue formé à l’université de Bamako. J’ai fait mes premiers pas d’école à Ségou, puis le second cycle à Niafunké et mon lycée à Tombouctou. Mais bien entendu, avant la fin de mes études, je m’étais déjà versé dans la presse, cela depuis le lycée. J’avais deux rêves depuis l’école fondamentale : Devenir avocat pour défendre les faibles ou alors journaliste pour donner la parole aux sans voix qui sont à la fois bâillonnés et opprimés…bref, j’aime partager avec le monde. Aujourd’hui, je ne suis, certes,  pas devenu avocat mais fière d’être un amplificateur pour de nombreux auditeurs qui n’ont qu’une seule voie d’expression : La tribune de construction nationale.
 
Option : Comment et depuis quand vous avez commencé à animer vos différentes émissions radiophoniques?
  Boubacar Togola 
: En parlant de mes émissions, j’ai commencé les émissions radiophoniques à Tombouctou. Je peux dire aujourd’hui sans risque de me tromper que c’est la poésie qui m’a conduit petit à petit vers la presse. Au départ, je participais à une émission de poésie sur la radio Lafia de Tombouctou en tant que collaborateur extérieur. Après mon baccalauréat, une fois à Bamako, j’ai continué sur la chaîne 2 de l’ORTM avec une émission à l’époque qui s’intitulait « Plume D’or ». C’est ainsi que j’ai également intégré l’union des jeunes écrivains du Mali. Puisque mes écris sont souvent engagés et avec tout ce que l’on sait de l’ORTM, à un moment donné, je suis devenu dérangeant pour l’émission en question. La preuve est que l’émission a disparu quelques mois seulement après notre départ, je veux parler de l’union des jeunes écrivains du Mali. Devenant trop contraignant et pour ne pas baisser les bras afin de continuer avec ce qu’on a commencé, je me suis tourné vers la radio KLEDU. Là, j’ai été bien accueilli. Quelques mois seulement après mon arrivé, le Directeur général de la radio KLEDU a décelé en moi des talents à développer. Il m’a alors proposé de m’intéresser au journalisme au delà de l’animation radiophonique. Ainsi, de l’émission poétique, j’ai commencé divers stages en journalisme. D’abord avec la radio KLEDU puis avec le centre culturel américain à Bamako et ensuite j’ai eu la chance de suivre une série de formation avec les formateurs de la radio France internationale (RFI) sur le journalisme radio. Aujourd’hui, je suis formateur des formateurs en journalisme radio. Voilà comment je suis devenu journaliste et parvenu à concevoir au fil des ans différentes émissions que j’anime aujourd’hui dont Faso Djô Kènè (la tribune de la construction nationale).

Option : Dans « Faso djô kènè », on vous entend critiquer ouvertement avec fermeté et sincérité des personnes qui ont le pouvoir politique et administratif, ne craignez-vous pas d’éventuelles représailles de celles-ci
Boubacar Togola :
Vous savez, le pouvoir, c’est Dieu qui nous le donne et moi je suis journaliste de part cette même volonté divine. En plus, tout ce qui nous arrive, où qu’on obtient dans la vie, c’est encore Dieu. De ce fait, je ne me souci point de tout ça, le plus important pour moi est de servir dignement ma patrie. Aussi, sachez qu’au lieu de craindre ces hommes et femmes qui volent, mentent, méprisent les gens et sucent le sang de mon peuple au quotidien, moi je préfère craindre Dieu.

Option : Le fait qu’il n’y a pas de changements remarquables dans les comportements des personnes critiquées et sensibilisées ne vous décourage-t-il pas à continuer ?
 Boubacar Togola :
Tant que mon pays est géré comme il l’est aujourd’hui, moi, je ne me découragerais point. En tant que psychologue de formation, je sais aussi que le changement de comportement qui passe par le changement des mentalités ne s’improvise pas. Aujourd’hui, on ose dénoncer au Mali, dire ce que l’on pense, ça, c’est déjà un grand pas. En plus, les maliens commencent à comprendre la façon dont leur pays est géré. Pour moi, lorsqu’on prend conscience de sa maladie, on est déjà sur la voix de la guérison.

Option : Toute bonne animation nécessite des préparations. Vous animé trois émissions. Votre devoir professionnel  n’avale-t-il pas tout le temps de votre vie personnelle ?
Boubacar Togola :
C’est vrai que mon travail me prive de beaucoup de chose. Mais, je ne peux pas dire que je ne vie pas. Tout est une question d’organisation. Aussi, j’ai eu la chance d’avoir une femme merveilleuse qui me permet d’avoir le sourire aux lèvres tous les matins. Avec elle, il est facile de tout planifier. Donc, vous voyez ? Je vie bien grâce au bon Dieu.

Option : Beaucoup de gens disent que vous critiquez certes, impartialement, mais très souvent. Evitez-vous de féliciter pour ne pas être qualifié de corrompu par vos nombreux et fidèles auditeurs ?
Boubacar Togola :
Si la critique était un mal en soi, le monde ne serait pas là où il en est aujourd’hui. Sans être philosophe, je vous dis très sincèrement, j’ai besoin du jugement et de la vision des autres différents des miens pour avancer. Mais le plus important est ma propre conscience. Vous savez, moi dans ma tête, je ne pense pas en opposant ou pro. J’ai toujours posé des problèmes réels du moment qui suscite des interrogations du peuple malien dans son ensemble. Dans une démarche participative et explicative, je me force de ramener le débat au niveau de la compréhension du citoyen lambda, afin que chacun où qu’il soit puisse se sentir d’abord concerné puis poser son diagnostic et faire des propositions s’il en a. Dans cette émission, je veux parler de faso djô kènè, notre slogan « tignè ka fô, djamana ka djô » (disons vrai pour construire)  illustre à suffisance ce qui prime dans notre démarche, le patriotisme. Chaque auditeur qui appelle dans cette émission est poussé par la rage de bien faire, bâtir autrement ce beau pays que nous aimons tous. Mon éducation ne me permet pas de parler de la vie privée des gens, non plus de tenir des propos grotesques. Mais, je dis les choses telles qu’elles sont. Certes, dans un langage mieux élaboré et mieux adapté. Si un acte positif est posé, s’il s’agit de l’image du Mali, j’ai toujours répondu présent. Pas pour X ou pour Y mais pour mon pays que j’aime beaucoup. Aussi par ce que c’est mon travail de journaliste qui me l’exige. Mes informations données et commentées  incitent-elles mes auditeurs à se demander si je suis corrompu ou pas ? je ne sais pas. Non, non, je suis ce que je suis.
 
Option : Dans quelques cinq mois commenceront les élections présidentielles, selon vous quelles sont les grandes dispositions à prendre pour qu’elles se déroulent paisiblement ?
Boubacar Togola : Vous savez, en 2012, il faut qu’on organise de véritables élections dans ce pays. On ne peut pas longtemps se voiler la face, il est temps de nous éloigner des élections tronquées et hypocrites. Quelque soient les résultats que l’on proclame, dans la tête des gens, ils sont truqués. Aujourd’hui, tous les maliens savent comment les élections se déroulent dans ce pays. Si ATT veut vraiment marquer l’histoire, qu’il organise des élections libres et transparentes. Accéder au pouvoir est une chose, pouvoir sortir par la grande porte en est une autre. En second lieu, il faut que l’administration soit neutre. Impliquer tout le monde au processus tout en intensifiant la communication et la sensibilisation sur les mauvaises pratiques des élections, serait un bon moyen d’éviter les hics
 
Option : Vos émissions sont-elles en directes ou préenregistrées ? Avez-vous des stress au début, pendant ou à la fin de vos animations ?
Boubacar Togola : Toutes mes émissions sont en directe. Excepté l’émission culturelle des mardi soirs qui est souvent préenregistrée. Je n’ai pas de stress ni au début ni pendant ni après, vous savez pourquoi ? Par ce que j’aime ce que je fais. Et je suis toujours enthousiasmé de retrouver mes auditeurs, quelque soit l’émission. J’arrive à comprendre chaque intervenant dans sa façon de réagir ou de parler,  je dois avouer que c’est ce qui m’aide beaucoup.

  Option : Aviez-vous reçu des menaces…..
  Boubacar Togola : Je ne voudrais pas me mettre à citer toutes les tentatives d’intimidation ou d’agression faites contre moi. Une chose est sure, je reçois plus d’encouragements et bénédictions de la part de mes auditeurs. Je suis même devenu l’idole de bien de jeunes maliens. Pourquoi considérer alors les petits détails ?

Option : Quels mots de la fin avez-vous pour nos lecteurs du journal et sur internet ?
Boubacar Togola 
: Je préfère plutôt lancer un appel pressent à tous les dignes fils du Mali, notre pays a besoin de chacun de nous. Mobilisons-nous pour réécrire son histoire. Comme le dit un proverbe « la pauvreté n’est pas une fatalité » et moi je dis qu’il ne saurait justifier tout le calvaire de ce peuple.
Propos recueillis par Lacine Diawara, Option.
 

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