Financement des médias étrangers dont des pages sont facturées à des dizaines de millions de FCFA à travers de fonds publics, au nom de la Présidence de la République qui donnerait des ordres et au détriment de la presse nationale , baisse drastique de l’aide publique aux médias, surtout privés (initiée en 1996, alors que le Président IBK était Premier Ministre), absence d’un budget de fonctionnement pour la Maison de la presse reconnue d’utilité publique depuis 1995 ; exclusion des médias privés, notamment lors des cérémonies organisées par la Présidence de la République et le Gouvernement au profit des médias publics ; déboires de certains journalistes du fait de leurs opinions discordantes pro ou anti – IBK : Voilà entre autres griefs formulées par la Maison de la Presse lors de la cérémonie de présentation des vœux de Nouvel An 2019 au Président de la République.
Le discours mémorable, tenu par Alexis Kalambry, porte-parole de la Maison de la Presse, fera date dans les annales. L’occasion était belle pour les confrères qui ont effectué le déplacement, de partager avec le chef de l’Etat, les satisfactions, les préoccupations et les espoirs de la presse malienne. Il faut noter que la presse malienne, surtout privée, subit une baisse drastique de l’aide publique annuelle de 200 millions aux médias, portée il y a 2 ans, à 300 millions de F CFA dans lesquels 15 millions de F CFA ont été consacrés à la relance de l’autorégulation. Ce montant est de 170 millions seulement pour plus de 500 radios et 120 journaux. S’agissant de l’accès à l’information, la Maison de la Presse déplore le traitement peu aimable des médias privés, notamment lors des cérémonies organisées par la Présidence de la République et le Gouvernement. Les médias publics sont considérés comme seuls devant avoir la primeur et l’exclusivité de l’information. Les organes dits de l’opposition sont également victimes de harcèlement. Autant à la Présidence que dans les Ministères, les médias et les journalistes sont traités selon leur ligne éditoriale. « Il est à déplorer que depuis 3 ans, nous sommes sans nouvelle de notre confrère Birama TOURE, que des journalistes de Maliactu sont empêchés de travailler, accusés d’avoir appelé un ministre à démissionner, que d’autres confrères comme le directeur de la Sirène reçoit des menaces de la fille d’un ministre, et enfin que la justice tente d’obliger des journalistes à donner leurs sources. Tout cela n’est pas IBK, n’est pas de notre Maliba », fera savoir Alexis Kalambry. Pour lui, les choses pourront être mieux si des fonds publics n’aillent plus prioritairement aux médias étrangers dont des pages sont facturées à des dizaines de millions de F CFA ; si l’autorégulation se renforçait ; si la Maison de la Presse bénéficiait d’un budget de fonctionnement ; s’il existait au Mali un Fonds d’appui aux médias privés comme dans tous les autres pays de l’espace Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) ; s’il y avait équité en terme d’accès à l’information…
Au Mali, l’homme est un loup pour un autre homme. C’est la loi de la jungle où la mort est systématique et simultanée. Les journalistes ont l’Epée de Damoclès suspendu sur leur tête lequel ne les rate pas à leur chute. Le journaliste est devenu l’homme à abattre en raison de son opinion.
Salif Diallo