Il y a des expériences, au départ anodines, qui vous marquent à jamais ! Celle vécue par le groupe francophone du «Programme Edward R. Murrow pour journalistes» ce dimanche 10 novembre à Las Vegas en est une. En effet, il s’est joint à un groupe de bénévoles des œuvres de charité de l’église catholique du Nevada (Catholic Charities en anglais) pour offrir un moment de réconfort à des personnes handicapées, des sans abris ou des chômeurs.
Dans le cadre des activités de bénévolat du Programme des visiteurs internationaux du Département d’Etat américain (International Visitor Leadership Program), le groupe francophone du «Programme Murrow» s’est donc joint à la dynamique équipe de volontaires du jour. Pendant quatre heures, il a participé à la préparation des plateaux-repas du jour et de la semaine ainsi qu’à la distribution de la soupe.
Se frotter à autant désœuvrés de toutes les races, de toutes les religions et de diverses nationalités est une expérience marquante. Certains camarades étaient su émus, touchés et ébranlés qu’ils n’ont pas pu retenir des larmes rebelles.
Face à tant de femmes (peu nombreuses) et d’hommes dans la pire nécessité et sous le poids du destin, on oublie ses propres difficultés au quotidien, ses préjugés sur les autres, ses croyances… pour retrouver des valeurs essentielles de l’humanisme : la compassion, la solidarité… !
Comme le disait un magnat de la presse qui nous a reçu à dîner chez lui à Las Vegas, la seule envie qui vous anime en ce moment, c’est de donner le meilleur de soi-même pour contribuer à améliorer le sort de son prochain, à alléger ce lourd fardeau de la détresse, de la souffrance voire de la désillusion.
Dans ce lot de nécessiteux, chacun à sa petite histoire, une raison qui a fait que sa vie à basculer du jour au lendemain. Il y a ceux qui sont handicapés par la maladie ou la vieillesse et qui ne savent plus où aller. On y découvre aussi des émigrés qui n’ont pas réussi à s’intégrer par le travail comme ce jeune de Bamako-Coura (Mali).
Et dans le lot de ceux qui ont récemment rejoint ce tunnel de la misère humaine, il y a les victimes de la chute des valeurs immobilières (saisies immobilières suite à la crise des subprimes) ou tout simplement de la conjoncture économique qui s’est soldée par un licenciement massif dans de nombreux secteurs. Si certains ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes, ils sont aussi nombreux les victimes du système socioéconomique basé sur le profit et l’individualisme exacerbé.
L’envers d’un décor qui fait rêver le monde
Ce qui est sûr, ce que personne de ces «bannis» de la société américaine ne souhaitait se retrouver à cette place, condamné à se contenter d’une soupe populaire pour tromper la faim. «C’est cela aussi l’Amérique. La pauvreté est une réalité ici», souligne un interlocuteur, responsable d’association de presse.
Oui, c’est l’envers du décor, le revers de la médaille ou l’autre facette du «rêve américain». Mais, humainement, on ne peut pas se sentir heureux face à des gens que nous avons côtoyés ce 10 novembre 2013 à Las Vegas. Inimaginable dans une cité de renommée mondiale pour les fortunes énormes brassées annuellement dans l’industrie des loisirs et du tourisme. Hélas, à côté de ce «luxe insolent», vivent des communautés qui ont leurs préoccupations comme partout dans le monde.
Il faut noter que Catholic Charities du sud du Nevada administre plusieurs programmes et ressources d’aide d’urgence. Ainsi, selon l’un de ses responsables, «les personnes de toutes origines et religions peuvent bénéficier des services qui sont offerts par notre organisation».
Catholic Charities aide également ceux qui sont dans le besoin à résoudre les problèmes allant des contraintes mineures à de graves difficultés financières. Les familles qui demandent de l’aide sont directement prises en charges par cette organisation caritative ou sont renvoyées à d’autres organismes et programmes gouvernementaux dans la région de Las Vegas.
Cette initiative de l’église catholique est financée par des sociétés, des holdings, des fondations et des personnes de bonnes volontés. Et ils sont nombreux aussi ceux qui mettent leurs week-ends ou jours de repos dans la semaine à profit pour venir mettre la main à la patte et ainsi côtoyer les bénéficiaires.
«Ma vision du bonheur, c’est d’être au service des autres, de me sentir utile aux autres», nous dirai plus tard notre hôte Bob. Une vision qui doit être universelle. Ce service bénévole, nous l’avons donc accompli avec beaucoup d’enthousiasme, mais aussi d’humilité en ayant à l’esprit que la vie est une roue qui tourne. Ce qui fait que, à un moment ou à un autre, chacun peut avoir son chemin de croix à parcourir.
Les griots du grand mandé aiment rappeler que «la vie est la somme de plusieurs matinées» ! Ainsi, on peut se retrouver du bonheur à la totale déchéance en clin d’œil. Et c’est en ce moment qu’on peut mesurer toute l’importance de la solidarité, de la fraternité… de l’humanisme !
Moussa Bolly
Depuis New York (USA).