Vente des fréquences de radio : Anarchie et impunité

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La vente des fréquences de radio est devenue monnaie courante au Mali. Certains individus malhonnêtes ont même fondé leurs business autour de ce commerce illégal. Malgré la mise en place d’une commission de contrôle, les autorités tardent à sévir pour des raisons qu’on ignore.

Mr Sidiki N’fah Konaté, Ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement

Aujourd’hui, certains hommes d’affaire se livrent à la rétention des fréquences de radio. Mais pour les acquérir, ils font d’abord des demandes dument adressées au ministère de la communication en s’engageant à respecter l’application des textes contenus dans le document de formalité (cahier de charge). Ainsi, la fréquence n’est attribuée qu’au promoteur de la radio qui en fait la demande. Il y a aussi des exigences concernant le site d’implantation, le rayonnement, la qualité du matériel, la rémunération du personnel, le respect de la typologie et tant d’autres.

Mais au mépris de tous ces aspects réglementaires, les spéculateurs vendent les fréquences comme des petits pains après les avoir obtenues. Se soucie-t-on de la moralité des acquéreurs et de l’usage qu’ils en font? En tout cas, le coût d’obtention d’une fréquence s’élèverait à des millions de FCFA. Ce qui explique l’effervescence des acteurs qui animent ce marché mafieux. Il faut noter qu’une autre catégorie de vendeurs gagne du terrain au Mali. Il s’agit des gens qui se font attribuer des fréquences sans avoir les moyens adéquats de les exploiter. Ceux-ci finissent par les passer à d’autres personnes. Ainsi, il y a actuellement une prolifération de radios ne répondant à aucune norme.

C’est devenu un terrain béni particulièrement pour les confréries religieuses qui s’en servent pour des propagandes. Certains érudits en font même un instrument de critique ou de concurrence. Mieux, prétendant avoir permis à des gens d’accéder à des postes ministériels grâce à des pratiques occultes, ils se prennent pour le nombril du monde. «Personne ne peut nous empêcher, nous aussi, d’ouvrir nos stations», martèlent les chefs de certaines confréries. Du coup, l’escalade verbale qui se fait sur les ondes entre ces prétendus hommes religieux menace la stabilité sociale du Mali.

Aussi en cette période particulière de précampagne, on entend toutes sortes de messages sur les antennes de ces radios va-t-en guerre. Malgré les mises en garde dela Commissionélectorale nationale indépendante (CENI), ces pratiques néfastes et préjudiciables à notre démocratie persistent. Le ministère de la communication doit s’investir pour trouver une solution efficace avant que cette situation ne se dégénère. Certes quelques radios clandestines ont été fermées, mais jusqu’à présent, le mal n’est pas circonscrit au niveau de sa racine. Sidiki N’Fâ Konaté doit également faire l’état des fréquences attribuées. Car, mieux vaut prévenir que guérir.

Issa Santara

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