La Haute Autorité de la Communication est appelée à annuler sa décision de suspension pour deux mois de la Chaîne d’information Joliba TV News. De nombreuses associations jugent la mesure de l’autorité de régulation « disproportionnée ».
Dans une décision en date du 02 novembre 2022, la Haute Autorité de la Communication a suspendu pour deux (2) mois la Chaîne d’information Joliba TV News. Une décision qui a suscité de nombreuses réactions.
Dans un communiqué, le Président du Comité de pilotage de la Maison de la Presse déplore cette décision et invite la HAC à examiner le recours gracieux de la chaîne de télévision.
L’Association des Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL) condamne cette décision et exprime son soutien à Joliba TV News pour une presse libre, responsable et professionnelle. « APPEL-Mali exprime ses profondes inquiétudes face à cette décision et s’interroge sur une volonté manifeste de porter atteinte à la liberté de presse pourtant garantie par la Constitution du 25 février 1992. APPEL-Mali appelle la HAC à revoir sa décision qui jette le discrédit sur son indépendance et contribue à ternir l’image du Mali à l’international. APPEL-Mali attire l’attention de la HAC sur les conséquences fâcheuses d’une telle décision sur des dizaines de professionnels de l’information ».
L’Union des Journalistes-reporters du Mali (UJRM), trouve cette décision très sévère qui risque d’avoir des conséquences fâcheuses sur les employés de cette entreprise médiatique surtout en cette période de conjoncture. L’UJRM condamne avec la dernière rigueur cette décision sévère de la Haute Autorité de la Communication et l’invite à reconsidérer cette décision, exhorte les médias professionnels au strict respect de l’éthique et de la déontologie du métier surtout en cette période très sensible.
Pour le Groupe patronal de la presse écrite, le verdict de la HAC est disproportionné et attentatoire à la liberté de la presse ainsi qu’à la libre expression des opinions. « Il traduit, en effet, un net recul des acquis démocratiques voire, une intolérance notoire de la pensée plurielle combattue sous cette transition par des méthodes répressives d’un autre âge. En tout état de cause, le Groupe en appelle à plus de retenue et de modération de la part de la HAC qu’il invite à examiner avec la sérénité requise, le recours gracieux introduit auprès d’elle par Joliba TV News ».
Pour l’Association des éditeurs de la presse privée (Assep), a condamné cette mesure qui menace dangereusement la liberté de presse chèrement acquise et garantie en République du Mali. Elle apporte son soutien à Joliba Tv news et invite la Hac à privilégier le dialogue et la sensibilisation en cette période extrêmement pénible pour la presse malienne.
Le cadre de partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel « s’étonne de la démarche de la HAC, qui s’apparente à un acharnement vis à vis de Joliba TV News et de son éditorialiste qui ont toujours été respectueux, du code d’éthique et de déontologie du métier ». Il « s’inquiète de cette décision qui intervient dans un contexte où les autorités de la transition se montrent allergiques à toute prise de position assimilable à une critique voire une contestation de leurs actions ». Il « condamne avec la dernière rigueur cette mesure de suspension qui n’est autre qu’une manœuvre visant à museler les voix et opinions considérées comme discordantes et à éteindre par ailleurs comme objectif final les libertés les droits chèrement acquis en mars 1991 ».
Nouhoun Sarr, leader politique, s’est exprimé sur sa page facebook en ces termes : « Je condamne, sans réserve, la suspension de Joliba TV. Ceux qui prennent ces décisions travaillent en réalité contre la Transition. Le harcèlement de la presse a toujours été contre-productif, l’hostilité à la critique combinée à l’oreille attentive pour les laudateurs affaiblit le processus décisionnel. Les mêmes personnes ont adoubé IBK ici, il est tombé, ils ne l’ont pas défendu. Faisons attention ! ».
« En tentant de museler la presse ou de restreindre les libertés fondamentales, on ne rend service ni aux Autorités ni à la corporation de la presse encore moins à la démocratie et à l’Etat de droit », a souligné le défenseur des droits Aguibou Bouaré.
Quant à l’Union des journalistes de la presse libre Africaine (UJPLA), elle condamne cette fermeture par la Haute Autorité de la Communication (HAC) de Joliba TV News pour deux (2) mois à compter du 3 novembre 2022. « L’UJPLA, organisation panafricaine d’hommes et de femmes des média, créée pour défendre et promouvoir la liberté de la presse partout sur le continent africain, dénonce ces atteintes graves à la liberté d’expression. Aussi, l’UJPLA exige-t-elle la levée de la sanction et la réouverture immédiate de Joliba TV News. L’UJPLA appelle enfin et surtout les autorités maliennes au respect des textes relatifs à la liberté d’expression et à la liberté de la presse ».
Enfin, l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) appelle les autorités maliennes à « annuler une mesure disproportionnée destinée à censurer un média critique».