Rôle et responsabilités des medias en temps de crise : « Les ennemis lisent et écoutent ce que écrivez ou dites… » a averti le général Salif Traoré, ministre de la Sécurité et de la Protection Civile

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La Maison des Aînés a abrité le mardi 18 février dernier, un atelier organisé par l’Association des Editeurs de Presse Privée(ASSEP) à l’intention des patrons de presse,  en partenariat avec le Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile sur le thème : « rôle et responsabilités des médias en temps de crise ». L’atelier était coprésidé par le président de l’Assep, M. Bassidiki Touré le ministre.

C’est un Salif Traoré dans sa tenue de général, tout décontracté qui a fait son entrée dans la salle. A l’aise dans cet exercice devant  les hommes de médias, il n’a pas trouvé nécessaire de lire un discours écrit. De l’analyse de son propos, il ressort qu’il ne saurait y avoir d’antagonisme entre presse  et sécurité, loin s’en faut. Et c’est pourquoi, il promet de garder un contact permanent avec les médias pour des échanges. A la cinquantaine de directeurs de publication, il conseille ceci : « la course au scoop ne doit pas vous inciter à dire des choses qui arrangent l’ennemi, de faire certains détails qui peuvent se retourner contre nous car, l’ennemi lit et écoute ce que vous écrivez ou dites. La force militaire ne peut pas à elle seule venir à bout  de l’insécurité et le rôle de la presse est prépondérant ». Avant lui, le président de l’Assep, dans son mot de bienvenu avait établi le même constat. Les forces de sécurité sont peu loquaces, attachées qu’elles sont aux notions de responsabilité, de sécurité alors que la presse veut informer, chacun défend son territoire. Mais au fond, il y a une complémentarité, pas d’adversité insurmontable, pourvu que la presse soit encadrée.

Le reste de la journée s’est déroulé sous forme de cours magistral animé par deux panelistes : le chef d’escadron Baba Cissé en service au Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile (il porte les deux casquettes, journaliste achevé et officier de gendarmerie) et notre confrère Manga Dembélé, ancien ministre de la Communication. L’intervention du premier cité a porté sur cette interrogation : « médias-forces de défenses et de sécurité : adversaires ou partenaires ? » Tandis que le second exposant a parlé des : « sources, le poids de la crédibilité ».

Selon le chef d’escadron Baba Cissé, au-délà du conflit entre la mission publique d’informer, le devoir d’informer, raison d’être des médias et les impératifs de sécurité si chers aux forces de sécurité, l’entente entre ces deux entités est bien possible. Pour preuve, son département travaille depuis 2015 au raffermissement de ses  relations avec la presse. Beaucoup d’efforts et d’actes attestent cette volonté du premier responsable du département. Il est créé entre autres : un centre de communication piloté par une commission tripartite  Ministère de la Sécurité- de la Communication-Maison de la Presse, les rencontres avec les radios sont fréquentes et régulières ; un plan cadre 2018-021 entre le Ministère-population-société civile,  plan cadre comprenant une unité de presse écrite et audiovisuelle, une unité réseaux sociaux, des points focaux au niveau des services relevant du département pour recevoir et remonter l’information dans le strict respect du principe de redevabilité ; il existe un compte facebook ; une bibliothèque digitale etc. La finalité du plan cadre étant  de rapprocher les forces de sécurité, la société civile et la presse en vue de renforcer les liens de confiance et de légitimer les activités des forces de sécurité envers la population. Les forces de défense  et de sécurité ne sont plus hermétiques. Qu’il est révolu, le temps de la grande muette.

La communication de notre confrère Manga Dembélé était ce qu’un enseignant qualifierait de cas pratique à placer dans son contexte,  à savoir le rôle et la responsabilité des médias en temps de crise. Il est parti du postulat selon lequel : «  pas de source, pas d’information », étant donné que le journaliste est tenu de ne rapporter que des faits dont il connait l’origine. Ce n’est pas l’emploi du conditionnel comme précaution de langage qui pourrait le mettre à l’abri de responsabilité, d’ennuis éventuels. La rumeur n’est pas une source, mais dès lors qu’elle a une source, elle cesse d’être une rumeur pour devenir une information. Ceci dit, anonymat ne signifie pas absence de source. Publier une information sans source est une faute professionnelle grave a averti le journaliste de classe exceptionnelle, ancien ministre de la Communication. Est-ce que la source est crédible ? La recherche de la vérité est le premier réflexe du journaliste, le trait fondamental de son métier. Mais où trouver ces sources crédibles ?  Le conférencier dit qu’il faut les rechercher dans les documents, la voix officielle, les institutions réputées sources authentiques. Il existe des sources occasionnelles, des  sources personnelles, confidentielles. La protection de sa source est un droit fondamental, un devoir du journaliste mais cela ne signifie pas absence de source qui,  somme toute doit être identifiée et l’information vérifiée.  Les débats se sont achoppés sur les mots « adversaires » et « partenaires ». Il ne pouvait pas en être autrement. Des exemples vécus et documentés ont souvent donné plus de poids à l’adversité qu’au partenariat sur le terrain entre journalistes et forces de sécurité. Mais la modération assurée par notre confrère Mamadou Dabo, du journal le Zénith conclut qu’il faut plutôt voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.

Dénis T. Théra  

 

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