Hier mercredi, dans les locaux du Conseil supérieur de la Communication, le Conseiller technique du Ministère en charge de la Communication, Assana Diawara, chargé de conduire le processus de désignation des représentants des médias à la Haute autorité de la communication (HAC), a proclamé les résultats provisoires. Il ressort de ces résultats que Mahamane H. Cissé, Mahambé Touré et Aliou Djim sont élus.
Les professionnels des médias du Mali sont désormais fixés sur les leurs, désignés par voie élective, pour les représenter au sein de la Haute autorité de la communication (HAC). Ils s’étaient rendus, mercredi 24 septembre 2014, aux urnes pour désigner les trois représentants devant siéger dans cette nouvelle structure de régulation de la communication au Mali.
Les élections se sont déroulées dans les locaux du Conseil supérieur de la communication. La proclamation des résultats définitifs a été effectuée par Assana Diawara, Conseiller technique au Ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication et ses collaborateurs de la Commission électorale, sous la supervision de Maître Thiam, Huissier de justice à Bamako. Il y avait au total cinq candidats et 38 électeurs. Il s’agit de Fatoumata Maïga du Réseau des journalistes pour la lutte contre la corruption et la délinquance judiciaire ; Ibrahim Famakan Coulibaly de l’Unajom ; Aliou Djim de l’Urtel ; Mahamane Hamèye Cissé du Groupement patronal de la presse et Mahambé Touré du Gpac. Avant le vote, la candidate Fatoumata Maïga s’est désistée avec deux de ses électeurs, tous membres du Réseau des journalistes pour la lutte contre la corruption et la délinquance judiciaire, présidé par Yéro Diallo. Ainsi, après le dépouillement des bulletins, c’est Mahamane Hamèye Cissé du Groupement patronale de la presse qui arrive en tête avec 11 voix, suivi par Mahambé Touré du Gpac qui obtient 10 voix. La troisième place est revenue au candidat de l’Urtel, Aliou Djim, qui a récolté 9 voix. Ce qui fait au total 35 votants. Pour l’élection, il est important de souligner qu’il y avait une plateforme formée d’un certain nombre d’associations. Il s’agit de l’Assep, du Gepac, de l’Urtel, de l’Ipfl, du Rjdeproh, de l’Appm et du Groupement patronal de la presse. L’objectif de cette plateforme était d’avoir le plus grand nombre de voix afin que les candidats jugés capables de défendre la profession au niveau de la HAC puissent passer.
Au finish, les candidats de la plateforme ont tous été retenus, mais force est de constater qu’un des leurs a voté pour Ibrahim Famakan Coulibaly de l’Unajom. Autrement dit, après le décompte, au lieu de 31 voix, la plateforme a obtenu 30 voix. En tout état de cause, nous pouvons finalement retenir que c’est la presse malienne qui a gagné. Maintenant la tâche revient aux trois candidats retenus pour défendre avec honneur l’intérêt des hommes de media du Mali au sein de la Haute autorité de la communication.
S’appuyant sur l’expérience richissime de ces trois ‘’mousquetaires’’ aux physiques de l’emploi, on ne peut que prédire une belle mandature porteuse d’espoir pour la presse malienne. Mahamane Hamèye Cissé, pour sa pugnacité, son réalisme intellectuel, Mahambé Touré pour sa technicité et son esprit de créativité et Aliou Djim pour sa prestance et son dévouement certain. A espérer maintenant que les autres composantes de la HAC fassent des choix aussi judicieux que ceux des hommes de media pour qu’enfin la presse malienne, dans son entièreté puisse illuminer davantage de son génie ainsi libéré le peuple malien épris d’information, la vraie.
Ibrahim M.GUEYE
Réactions
Mahamane Hameye Cissé :
«J’ai été élu grâce au leadership de l’Assep et du Groupe»
Mes premières impressions sont d’abord la fierté d’être porté par mes parrains, notamment le groupement patronal de la presse écrite et l’’Association des éditeurs de presse privée du Mali (Assep). Ce sont ces deux associations qui gèrent aussi bien les patrons que les directeurs de publication qui ont porté ma candidature. Si j’ai été porté par ceux-ci pour être candidat à la HAC et être élu, c’est un sentiment de fierté pour la légitimité que ça donne. Mon élection, c’est surtout grâce au leadership de ces associations et leurs responsables. Je pense notamment à Alexis Kalambry et à Birama Fall. Je les remercie de la confiance placée en ma modeste personne. Je connais un peu les instances de régulation pour avoir été membre de la première équipe du conseil supérieur de la communication. Je sais ce que cette instance peut apporter en termes de qualité, de valeur et de hauteur à notre profession. Donc, le premier sentiment c’est un sentiment de légitimité et de fierté. Le second sentiment, c’est le remerciement de mes confrères qui ont accepté non seulement de porter ma candidature.
Vous savez, les priorités sont celles de la HAC. La priorité, c’est d’abord la défense de la liberté d’expression, particulièrement la liberté de la presse. Il ne faut pas comprendre que la HAC est seulement un gendarme derrière la profession ou un commissaire qui contrôle tout. Secundo, c’est d’œuvrer à ce que notre profession gagne en qualité, que ce qu’on lui reproche ces derniers temps sur les fondamentaux, notamment l’éthique et la déontologie qui régissent son exercice puissent être respectées pour donner plus de qualité, plus de respect au citoyen à qui nous donnons l’information. Mais aussi faire en sorte que les journalistes soient dans les conditions d’accès à l’information pour pouvoir donner la bonne information. Et puis, il faut faire référence à ce que le Président de la République a dit à la veille du 22 septembre dernier, pour dire que malgré la précarité et les conditions très difficiles dans lesquelles les médias travaillent, ils arrivent quand même à sortir un travail de qualité en informant les gens pour que le citoyen, en toute connaissance de cause, puisse être en phase ou en déphasage avec les dirigeants ou les pouvoirs politiques. C’est un effet déjà positif que le Président a lancé, pourvu qu’on puisse le prendre aux mots et qu’il puisse mettre les journalistes ou les médias dans les meilleures conditions d’exercice et de faciliter ainsi la tâche de la HAC. De toutes les façons, pour moi les grands principes restent la liberté d’expression et les limites dans lesquelles elle doit s’exercer et que les pouvoirs publics puissent accompagner les médias, afin que chacun joue sa partition.
Mahambe Touré :
« Je place mon mandat sous le signe du renouveau »
«Mon élection à la Haute autorité de la communication (HAC) est l’aboutissement du combat du Groupement professionnel des agences de communications du Mali (Gpac) à qui je la dédie. Car c’est le groupement qui a œuvré pour qu’un des leurs soit dans cette nouvelle institution. La Haute autorité de la communication va réguler tout l’espace de la communication dont la publicité, pour ne pas dire toute la publicité publicitaire. Il est important que le groupement soit représenté et j’ai été très honoré par le faite que leur choix s’est porté sur moi.
Quant à la campagne, elle s’est bien passée car elle n’a pas été rude et le résultat nous réconforte.
Je place mon mandat sous le signe du renouveau, car je ferai tout pour que les textes qui sont en souffrance concernant la publicité puissent être adoptés au niveau de l’Assemblée nationale. Une fois ces textes adoptés, il y aura plus ou moins une réglementation de base pour quand même éviter les situations qui se présenteront au niveau de la HAC et de tout espace de la communication. Parce qu’on constate que l’espace de la communication est encore à peaufiner. Nous, on aimerait que ce soit un espace viable pour consolider les entreprises qui existent et faire en sorte que d’autres entreprises soient créées et qu’elles participent au développement du pays. Car d’aucuns pensent que les agences de communication ne sont que des publicitaires. Alors qu’elles sont des entreprises qui utilisent des gens, qui ont un pouvoir financier qui brasse des milliards et qui participent à l’économie nationale. Donc pour tout cela, je pense que la communication doit être plus considérée. Je suis l’un des plus heureux, car j’ai fait de la radio. J’ai été journaliste à l’Amap, j’ai fait des émissions radiophoniques et télévisuelles, j’ai fait ensuite la publicité et j’ai été gérant d’entreprise. Vraiment mon profil me permettra d’apporter ma petite contribution à tout ce que la HAC mettra en place…»
Aliou Djim ;
«J’espère que tout le monde va s’y mettre».
C’est un sentiment de fierté qui m’anime en ce moment. Toutefois, il faudrait que les uns et les autres comprennent que nous sommes à la fin tout simplement d’un processus qui veut que trois personnes bénéficiant de la confiance de leurs pairs puissent être leurs représentants au sein de la Haute autorité de communication. Cet organe va désormais réguler la profession. Donc, il y a des choses à faire et elles sont importantes. J’espère que tout le monde va s’y mettre. Autant les gens se sont impliqués pour que nous puissions être à ce niveau aujourd’hui, autant les gens continueront à s’impliquer pour que ce que nous recherchions soient atteints par le travail de ceux qui siègeront, c’est-à-dire un environnement sain de notre profession.
Ibrahim Coulibaly, vice Président de l’Assep :
« Je peux dire que le travail a été un véritable succès »
Concernant l’organisation pour la mise en place des délégués de la presse au niveau de la Hac, nous pouvons dire que l’élection s’est très bien passée. Il s’agissait d’élire les trois représentants de la presse. Il y avait au total cinq candidats. Il s’agissait de Ibrahim Famagan Coulibaly de l’Unajom ; Aliou Djim de l’Urtel ; Mahamane Hameye Cissé du Groupement patronal de la presse ; Mahambé Touré du Gepac et Fatoumata Maïga du Réseau des journalistes pour la lutte contre corruption et la délinquance judicaire. En tant que vice Président de l’Assep et membre de la plateforme, je peux dire que pour l’élection, nous avons mis en place une plateforme formée d’un certain nombres d’Associations. Nous nous sommes mis ensemble afin d’avoir le plus grand nombre de voix pour que les gens que nous estimions capables de défendre la profession au niveau de la Hac puissent passer. Donc c’est dans ce cadre que nous avons travaillé au niveau de la plateforme et dors et déjà, je peux dire que le travail a été un véritable succès car nos trois délégués ont passé.
LA REDACTION
Régulation de la communication au Mali :
Ce qu’il faut retenir sur la HAC
Créée par l’ordonnance n°2014-006 en date du 21 janvier 2014, la Haute autorité de la communication devrait contribuer à révolutionner le secteur des médias, en le rendant plus professionnel.
Cette structure qui se substitue au Conseil supérieur de la communication, jugé inopérant, est un organe indépendant qui a pour mission de réguler le secteur de la communication au Mali. Notamment dans les domaines de l’audiovisuelle, de la presse écrite, de la presse en ligne et de la publicité par voie de presse.
A cet effet, elle devra autoriser la création des services privés de radiodiffusion et de télévision ainsi que l’installation et l’exploitation des services privés de communication audiovisuelle. A cela, s’ajoutent plusieurs autres attributions.
Sur le plan de la veille et de l’alerte, la HAC fait respecter l’éthique et la déontologie du métier, garantit l’accès libre et égal aux sources d’informations publiques, fait respecter les règles de concurrence en matière de publicité et assure la liberté et la protection de la presse ainsi que de tous les moyens de communication de masse, entre autres.
Aussi, la Haute autorité de la communication est consultée par le gouvernement avant l’adoption de toute mesure législative et règlementaire, portant sur la communication. Mieux, elle est consultée pour la définition de la position du Mali dans les négociations internationales relatives à l’audiovisuel, à la presse écrite ainsi qu’aux médias électroniques et propose des mesures d’appui et d’aide à la presse.
En matière de contrôle et de sanction, la Haute autorité reçoit, dans les conditions légales, le dépôt de la presse écrite et statue sur les recommandations utiles sur les récriminations qui lui sont soumises. Statuant comme conseil de discipline, elle prononce des sanctions non pénales, prévues par les textes en vigueur. Toutefois, les décisions de la HAC sont des actes administratifs passibles de recours juridictionnels.
Par ailleurs, elle peut jouer le rôle de médiateur dans les conflits entre les médias et entre les médias et le public ou les institutions.
Composition
Au terme de l’article 26 de l’ordonnance suscitée, la HAC compte neuf membres nommés par le président de la République. Trois d’entre sont désignés par le chef de l’Etat, trois par le président de l’Assemblée nationale et les trois autres par les organisations professionnelles de la presse. Les membres de la HAC doivent être de nationalité malienne, résider au Mali, justifier d’une expérience professionnelle d’au moins 10 ans et être âgé de 35 ans révolus. Aussi, doivent t-ils être titulaire d’un diplôme universitaire, jouir de leurs droits civils et civiques et être de bonne moralité.
Les membres de la HAC sont nommés pour cinq ans non renouvelables. Toutefois, trois membres désignés respectivement par le président de la République, celui de l’Assemblée nationale et les organisations professionnelles sont nommés pour sept ans. Ils ne peuvent être révoqués qu’en cas de violation du serment ou d’absence non motivée à quatre sessions successives de la HAC.
La HAC, faut-il le rappeler, est représentée au niveau régional et subrégional, respectivement par des antennes et des bureaux. Son siège peut être transféré en tout autre lieu du territoire du Mali si les circonstances l’exigent.
Bakary SOGODOGO