Depuis l’avènement de la démocratie au Mali le monde de la communication a fait un grand saut en avant. Les maliens ont poussé un véritable ouf de soulagement, et pour cause la presse étatique (radio, télévision du Mali et le quotidien l’Essor) détenait seule le monopole de l’information.
Aujourd’hui, force est de reconnaître que les radios privées ont poussé comme des champignons à travers le pays. Beaucoup parmi elles font de leur mieux dans l’information, la sensibilisation et l’éducation des masses populaires sur la conduite à tenir par rapport aux dangers qui menacent la survie de Ba Maliba.
Ces puissants canaux de communication sont en passe de devenir de vraies cliniques qui font de la publicité pour les marabouts et autres charlatans en manque de popularité. Il y en a qui se sont transformés en de vraies pharmacies pour écouler sur place, les produits aux fins de soulager certains de leurs auditeurs des maladies dont ils souffrent. Beaucoup de personnes sont curieuses de savoir l’origine, la qualité et l’efficacité des produits dont les animateurs de ces radios font la promotion gratuitement ou moyennant ?
La consommation de cette pharmacopée à moindre coût entraînerait- elle des effets secondaires ?
Mama Komo par ci, Garba Konta par-là, Sidati Kanté, Gaoussou Coulibaly, le maître incontesté du Latourou, tels sont les noms qui reviennent fréquemment sur les antennes de ces presses parlées qui ont ouvert un vrai boulevard à ces guérisseurs, charlatans et marabouts ambulants au détriment des autres émissions éducatives.
Des talismans, des potions aux pouvoirs extraordinaires sont proposés aux clients avec une éloquence abracadabrante.
Les conseils soutenus sur les mesures barrières pour éviter la pandémie dévastatrice du coronavirus doivent être leur épée de chevet à l’heure actuelle. Cela se fait d’ailleurs mais doit être renforcé.
Des messages forts sur la crise sécuritaire dans notre pays doivent être sans cesse renouvelés. Les braquages diurnes et nocturnes doivent être condamnés avec véhémence sur les antennes.
La sensibilisation des populations sur le pourquoi des délestages intempestifs constatés au niveau d’EDM-SA doit constituer le plat de résistance des animateurs radios.
D’autres thèmes relatifs, au mariage, au divorce à l’emploi des jeunes, à l’immigration clandestine, à la cherté de la vie surtout en cette période de jeûne, à la gestion des grèves multiples chez les élèves et étudiants, chez les blouses blanches et les transporteurs doivent être minutieusement préparés et proposés à des débats constructifs sur les différents plateaux.
Le traitement réservé à nos bonnes dans les familles, la fréquence des accidents de circulation au Mali, les avantages et inconvénients de la polygamie, la perte de certaines de nos valeurs culturelles, l’effritement de l’autorité parentale, la dénonciation de l’alcoolisme chez les jeunes filles et de la prostitution, bref, la liste n’est pas exhaustive, sont entre autres des sujets à débats qui pourraient donner plus de crédibilité à nos radios qui mouillent le maillot dans cette opération de sensibilisation des masses populaires.
Tout en saluant les efforts colossaux déjà fournis au quotidien par les radios libres, certains auditeurs souhaiteraient voir l’ouverture d’une émission sur le culte du testament que les maliens dans leur majorité n’ont pas. Quand nos parents décèdent comment procéder au partage des biens entre les enfants ?
Qu’est-ce qu’un héritage ? Qu’est-ce qu’un testament ? Quelle peut être son importance ? Comment et pourquoi le faire ? Qu’est-ce qu’un notaire ? Voilà autant de questions qui pourraient être débattues sur un plateau radiophonique avec des invités spécialistes en la matière. De telles actions pourraient pousser les maliens à s’approprier désormais le testament et à le mettre en pratique pour éviter des problèmes liés au partage de l’héritage des parents.
Alors radios libres, beaucoup de vos fidèles vous demandent humblement d’arrêter de ne pas vous laisser distraire par ces habiles marabouts et charlatans. Au lieu de se taper des publicités via la presse, qu’ils restent chez eux. Avec tout le respect qu’on leur doit, s’ils sont aussi forts et efficaces comme ils aiment à le soutenir, les gens iront les voir sur place.
Prosper Ky