Que sont-ils devenus… Mahamadou Talata Maïga : L’âme de la Maison de la presse

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La Maison de la presse, l’antre des journalistes, n’est pas un lieu familier pour nous parce que nous n’avons pas de raison particulière de nous y rendre de façon permanente. Pourtant le lundi nous y étions pour rencontrer son administrateur délégué : Mahamadou Talata Maïga, dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”. Arrivé en ces lieux, nous avons été attirés et émerveillé par l’exposition permanente dans le hall. Pêle-mêle des photos de Saouti Haïdara, blessé par la junte dirigée par Amadou Haya Sanogo, des aînés emprisonnés et jugés dans l’affaire dite de la “Maîtresse du président”, la grande marche des journalistes dénonçant les agressions barbares contre leur corporation… Des images qui donnent un cachet historique à ce joyau de la presse malienne. En rencontrant le doyen Mahamadou Talata Maïga, notre souci était de le convaincre que le faux rendez-vous de la semaine dernière était indépendant de notre volonté. En bon psychologue, il l’a compris, et nous conseilla de communiquer en pareille circonstance. Après cette petite  mise au point entre un aîné et son cadet, l”interview pouvait commencer. L’espace porte l’étiquette de la rubrique “Que sont-ils devenus ?” Comment il a embrassé le métier de journaliste ? Quel a été son parcours ? Ses impressions sur l’aide à la presse ? Quelle est son arme secrète dans l’exercice de ses fonctions ?

Mahamadou Talata Maïga est l’administrateur délégué de la Maison de la presse depuis 2011, après une longue parenthèse consécutive à une crise qui a créé en son temps une bipolarisation. Psychologue de formation, il fait partie des jeunes diplômés sans emploi, dont les compétences littéraires ont permis d’animer avec brio les premiers journaux indépendants post-démocratie.

En sa qualité d’administrateur délégué de la Maison de la presse, Mahamadou Talata Maïga est quand même au niveau d’un centre de pilotage qui demande plus de magnanimité pour servir tout ce monde qui défile à longueur de journée dans son bureau. Alors comment fait-il pour satisfaire toutes ces personnes qui le côtoient dans l’exercice de ses fonctions ?

“Il est clair que je suis devenu journaliste de façon circonstancielle. Mais sur la base d’un diplôme de psychologie, qui m’a servi de valeur ajoutée, j’ai surmonté beaucoup d’obstacles. Parce qu’un psychologue a naturellement une arme secrète pour s’adapter à tout le monde”.

Administrateur délégué, il coordonne essentiellement les activités à réaliser. Vu que la Maison de la presse  est une association à but lucratif, il veille à la coordination, la gestion des affaires courantes. En découvrant qu’il occupe ce poste stratégique, la transition est toute trouvée pour parler de l’aide à la presse.

Ces derniers temps elle défraie la chronique. Les déclarations du Premier ministre et celles de Bandiougou Danté sont contradictoires. Le premier affirme que le gouvernement est  à jour par rapport à ses engagements. Au même moment, les patrons de presse signent et persistent, n’avoir pas reçu cet argent depuis l’aide de 2018 partagée en 2019. Pendant que le président de la Maison de la presse dans une interview disait ceci la semaine dernière : “En réalité, le gouvernement a fait une mauvaise communication dans sa politique de propagande. Tous les moyens sont bons pour manipuler, tromper, dresser les Maliens les uns contre les autres. En réalité, sur les 600 millions F CFA annoncés, plus de 475 millions de F CFA ont été débloqués, dépensés et justifiés avant le coup d’Etat contre IBK”.

L’aide à la presse a-t-elle une base juridique ? Non, soutient Mahamadou Talata. Mais elle émane d’une volonté politique qui trouve son origine dans le bon sens du président Alpha Oumar Konaré en 1996. C’est lui qui, pour la première fois au Mali, a accordé une subvention de 200 millions aux hommes de médias. Ses successeurs ont continué dans la même dynamique, sans pour autant atteindre le montant initial. Que peut faire la presse ? Rien, pour la simple raison qu’il n’y a aucun acte juridique qui la soutient. Ladite aide qui transite seulement par le compte bancaire de la Maison de la presse est repartie entre l’Urtel et l’Assep, selon l’administrateur délégué.

Autodidacte de la presse

En s’engouffrant dans la presse, il n’était pas journaliste de formation. Mais cela ne l’a pas empêché de tisser sa toile et pour finalement s’imposer. Il choisirait le même itinéraire, si c’était à refaire parce que la psychologie mène partout. Mieux, cette discipline lui sert de boussole pour ne pas retenir de mauvais souvenirs, et lui faire penser tout le temps aux grandes rencontres, formations, les joutes au sein de la rédaction sous la forme de bons souvenirs.

Aujourd’hui, il reconnaît que la plume a été circonstancielle dans sa carrière. Comment ? Admis au bac, séries lettres modernes/philo-langue au lycée régional de Gao, il bénéficie d’une bourse sur Cuba pour étudier dans un premier temps la sociologie. Puisque ce département n’était pas opérationnel, Mahamadou Talata optera finalement pour la psychologie.

Au bout de six ans, il décroche un diplôme d’études approfondies. Soutenir une thèse ne l’enchantait pas trop : la nostalgie, le désir de se frotter aux réalités du pays après sept ans, le poussèrent à rentrer au pays avec son DEA en poche. Le temps de se ressourcer dans son Gao natal, il débarque au Ghana pour parfaire ses connaissances en anglais.

En 1990, il rejoint sa ville natale avec le statut de jeune diplômé sans emploi, mais porte la casquette du volontariat pour encadrer les jeunes bacheliers de Gao. Avoir un gros diplôme et rester à Gao sans raison valable, paraissait paradoxal. Pourquoi ne pas faire un saut à Bamako pour chercher un emploi, fut-il dans le secteur privé ? C’est ainsi qu’après les évènements du 26 mars 1991, Mahamadou Talata rentre à Bamako et se fait  recruter comme consultant, chargé de former les éducateurs, pour le compte de l’Association malienne des sourds-muets.

Parallèlement, il fait ses premiers pas dans la presse privée en qualité de journaliste stagiaire à l’hebdomadaire, Le Scorpion”. Cela n’aura duré que quelques mois, parce qu’il devint cofondateur du journal “L’Inspecteur” et dirigera cette rédaction pendant dix ans.  Entre-temps, il devient un passionné des Nouvelles technologies de l’information et de la communication, ce qui lui vaut également les fonctions de secrétaire de rédaction. Ce saut dans la presse déterminera pour l’enfant de Gao, un long et riche parcours dans le monde des médias.

Tout commença en 1996 par la création de la Maison de la presse, qu’il intègre à la faveur d’une formation organisée par l’Institut Panos, qui lui confie même la coordination d’un projet (1997-1998) pour consolider les acquis de ses premières activités avec la Maison de la presse.

Au terme de ce dessein, Mahamadou Talata est retenu comme formateur par la Maison de la presse qui entamait son opérationnalisation. Dans le même sillage, il bénéficie d’une bourse d’études spécialisé en journalisme (1998-2000) pour des formations alternées Bamako-Montréal. Parallèlement à toutes ces occupations, l’enfant de Gao enseigne à l’Institut national de formation des travailleurs sociaux (1996-2016) et à l’Université des lettres et sciences humaines de Bamako. Mahamadou Talata Maïga est marié et père de quatre enfants. Dans la vie, il aime la tranquillité, la musique, un environnement sain.

O. Roger

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