Malgré ses potentialités littéraires (baccalauréat en série philo-langues), Cheickna Hamallah Diarra voulait être un médecin. Mais il était écrit en lettres d’or que son avenir et son devenir relèveraient de la communication. Un domaine qui assura d’ailleurs son indépendance. M. Diarra est en effet une icône de la presse malienne, un grand commis de l’Etat, un consultant émérite. Admis au bac en 1968, avec d’autres étudiants dont Gaoussou Drabo, il bénéficie d’une bourse d’études en journalisme dans un premier temps sur l’Hexagone. Ils sont victimes des relations diplomatiques défectueuses entre notre pays et la France. Ce qui les oriente sous la forme d’un plan B vers la Russie. Au bout de six ans (1968-1974), il décroche un DEA en journalisme (Master of Art), puis s’envola pour approfondir ses connaissances à l’Université Paris I, Panthéon Sorbonne-Paris. Muni d’une maîtrise en science politiques et d’un DESS en information et communication, Cheickna Hamallah Diarra retourne au Mali, pour servir son pays. Cheickna Hamallah Diarra est journaliste, communicateur spécialisé en communication pour le développement, diplômé de l’Université d’Etat Lomonossov de Moscou (Russie) et de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne (France). Ancien directeur de l’ORTM, il a un parcours exceptionnel dans l’administration des médias et dans les cabinets ministériels. Il paraphrasa la fin de notre interview en ces termes : “Je vous serai gré de bien vouloir considérer les informations qui vous sont fournies comme étant à titre professionnel. Je ne recherche aucune publicité pour ma personne. Je suis un retraité ! Bon courage à vous et bonne chance. Je reste disponible pour vous. Meilleures salutations”. Voici un homme qui pense que la vie n’est pas faite que de bons moments. Tirer le maximum de profit aux difficultés et aux obstacles est son crédo. Comme pour dire que les échecs nous éduquent. Il ne regrette pas avoir été un journaliste, il n’hésiterait pas à choisir ce métier si c’était à refaire. Parce qu’il lui a procuré beaucoup de bonnes choses.
Quel a été le parcours de l’homme ? L’arme secrète qui lui a permis de réussir partout où il est passé ? Comment vit-il sa retraite ? Le journaliste qui déteste ceux qui ne travaillent et empêchent les autres de travailler est notre héros de la semaine pour maintenir le cap de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”.
e sa prise de fonction (1980) à sa retraite (2010), les ascensions fulgurantes de Cheickna Hamallah Diarra ont été successives et automatiques. Il n’a jamais chômé ou rasé les murs après avoir quitté un poste. Dès son retour au Mali, il est affecté au quotidien national “L’Essor” comme fonctionnaire stagiaire. Un an plus tard, il se retrouve au journal “Sunjata” pour six ans. En 1987, il est nommé conseiller technique au ministère de l’Information par Aïssata Cissé. Fonction qu’il assumera jusqu’en 1990 où il est nommé directeur général du Centre national de production cinématographique (CNPC). Son séjour à ce niveau sera de courte durée, il n’y passe qu’un semestre.
Entre-temps les événements de mars 1991 éclatent. Les Maliens libérés de vingt-trois ans de dictature aspirent au changement d’où le slogan “Kokadjè” ou “nous ne voulons que du nouveau”. Ce concept propulse Cheickna Hamallah Diarra à la tête de la Radiodiffusion Télévision du Mali (RTM). Première mission : soigner l’image, en instaurant ce climat de confiance effrité par la communication de Bozola lors des événements de mars 1991. Surtout que la RTM a été accusée à tort de partialité pendant les folles journées. L’on se rappelle encore de ce télé journal le 24 mars présenté par feu Lamine Coulibaly qui presqu’en larmes, la gorge nouée expliquait la position de la RTM.
Deuxième mission : obtenir le changement de statut du service. Certes ce processus était déjà en cours, mais il l’a parachevé en soutenant la revendication. Quand on sait que la RTM était jusque-là comme une division. Donc il fallait la transformer en service central avec son autonomie de gestion, sa personnalité juridique.
Au bout de soixante-douze heures de grève, les négociations ont repris avec au finish un nouveau statut pour Bozola. Mais au juste, quelles sont les relations entre l’ORTM et le ministre de la Communication ? Le gouvernement maintient-il une pression ?
“L’ORTM est le principal canal de communication de l’Etat, une pièce maîtresse pour porter son message. Il est au service de tous les Maliens. C’est une fausse image qu’une certaine opinion colle à l’ORTM en affirmant qu’il est au service du pouvoir. L’Etat n’intervient pas directement dans la gestion de l’ORTM, qui travaille logiquement pour promouvoir la vision de l’Etat. A titre d’exemple je cite les Accords d’Alger. Pour cela l’ORTM agit à l’image des objectifs fixés par le gouvernement pour faire passer le message relatif auxdits accords”.
Autre défi à relever : contenir la concurrence sur l’espace médiatique avec la prolifération de radios privées. Celles-ci avaient tendance à submerger la chaine nationale, moins écoutée par rapport aux nouveaux programmes présentés de l’autre côté. Cheickna Hamallah Diarra décide de la création d’une nouvelle station, la Chaîne II avec deux objectifs principaux pour gagner le pari : faire confiance aux cadres (journalistes et animateurs), faire de l’onde de choc une radio de proximité pour offrir un espace de communication aux auditeurs.
Pour avoir quitté l’ORTM très tôt, on ne saurait l’accuser d’avoir jeté le bébé avec l’eau du bain. Parce que le service dans sa nouvelle dynamique s’était encore fixé des objectifs. Mais sa hiérarchie aura vu les choses autrement, le Cespa logiquement en changeant de statut devrait être dirigé par un cadre plus expérimenté.
Un bourreau du travail
Cheickna Hamallah Diarra est nommé président directeur général en septembre 1993 pour conduire ces réformes du Cespa. Il y passe six ans. Relevé de ses fonctions en septembre 1999, le Premier ministre Mandé Sidibé lui confie sa cellule de communication avec comme mission : la préparation des prestations publiques du Premier ministre.
Cette première expérience sous la forme d’un coup d’essai au niveau de la Primature, redimensionne sa carrière professionnelle. Pour la simple raison que les premiers ministres (Modibo Kéita, Mohamed Ag Hamani), qui se sont succédé après Mandé Sidibé, ont apprécié sa dextérité et ont continué la collaboration avec lui.
En 2004, le ministre de la Promotion des investissements et des PME, Ousmane Thiam le nomme Conseiller Technique. Encore un autre PM, Modibo Sidibé lui fait appel en 2007. Et c’est là qu’il a pris sa retraite en 2010. Une nouvelle vie commença pour Cheickna Hamallah Diarra, il devint un consultant émérite.
En fondant en 2010 le cabinet Efec-SARL de conseil, étude et de formation, Cheickna Hamallah Diarra s’est davantage intéressé au conseil et à la communication stratégique. Dans ce cadre, il a conduit ces dernières années plusieurs missions de formulation de stratégies et plans de communication et visibilité, de même que de formation/renforcement de capacités de journalistes.
Il fallait quand même demander à Cheickna Hamallah son secret pour qu’il soit ce qu’on appelle en football cet oiseau rare des cellules de communication ministérielle ? Il répond avoir s’investi de façon maximale dans les missions qui lui ont été confiées. Il n’a pas triché de règles de conduite. Il a toujours eu des relations franches avec le personnel, qui regorge de compétences, et il n’a rien ménagé afin que ces compétences s’expriment.
Sa longue et riche carrière professionnelle est aussi liée à de bons souvenirs : le travail de communication au Cespa pour le développement du monde rural, accentué par le renforcement de ses capacités, sa venue à l’ORTM en un moment où le peuple avait besoin de parler et il est parvenu à s’assumer en créant des programmes spéciaux soutenus par l’ouverture d’espaces de communication, sa réussite dans les départements ministériels, où l’analyse de ses notes techniques ont contribué à faire réussir les différents premiers ministres.
Dans la vie Cheickna Hamallah Diarra aime se tenir informer. Il est marié et père de trois enfants.
O.Roger
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