Au Mali, le monde des médias est parasité par des radios pirates qui s’installent un peu partout, surtout dans les environs de la capitale. L’inquiétude est que les ondes sont utilisées, par certains promoteurs, pour des propagandes extrémistes et des luttes entre confréries ou sensibilités sectaires.
Si la création des radios libres a été bien accueillie comme signe d’une avancée de la démocratie, actuellement, nous assistons à une pagaille qui ne dit pas son nom. Plusieurs stations sont installées pour des raisons contraires aux missions des médias. C’est le cas de certaines radios confessionnelles. Certes, ces genres de radios peuvent jouer un grand rôle social dans un pays où la quasi-totalité des citoyens sont croyants. Mais, en l’état actuel des choses, on s’écarte largement de cette option.
Les différentes confréries religieuses majoritaires et les prêcheurs s’en servent pour véhiculer des messages qui n’arrangent pas notre pays. Le phénomène prend de l’ampleur. Chacun veut sa propre station et très souvent de façon illégale pour s’adonner à cette pratique qui est une menace pour la stabilité sociale du Mali. Certains émettent sur des fréquences vendues par des particuliers, d’autres le font clandestinement au nez et à la barbe de tous.
Selon des sources crédibles, certains promoteurs auraient même reçu des autorisations de la part des autorités. La plupart d’entre eux ont abandonné leur site de couverture, pour s’installer dans des communes relevant du cercle de Kati. Et ils ne semblent pas inquiétés. C’est un moyen pour eux de propager des doctrines au sein de la population de la capitale et de mener des concurrences déloyales avec les radios de la place. Au lieu de faire la promotion de la religion et de participer à la cohésion sociale, ces radios créent des divisions.
Souvent, on assiste à des scènes d’insulte, de mépris et de dénigrement contre telle ou telle tendance. L’entente et le compromis s’effritent allègrement entre les fidèles. Les grognes autours de l’observation du croissant lunaire, à la veille du mois de carême, l’an passé, en disent quelque chose. Il y a eu des descensions et polémiques par rapport à l’annonce faite par la commission nationale d’observation de la lune. Cette année, le gouvernement a été obligé de déployer d’importants moyens financiers et humains pour éviter d’autres cas de propagande. Mais, cette solution occasionnelle ne peut pas résoudre un problème devenu endémique.
Dans ce contexte, les législateurs doivent prendre des dispositions urgentes pour freiner l’élan des déstabilisateurs du pays. Sinon, avec la force des ondes radiophoniques l’intégrisme est en marche au Mali. Or, avec l’arrivée massive des ex combattants de la Libye ajoutée aux joutes électorales de 2012 qui suscitent un intérêt particulier pour les religieux, il faut tout prévoir. Faut il aussi noter qu’au rythme où vont les choses, toutes les tendances religieuses existant dans notre pays vont prétendre avoir leur propre radio. Seul objectif visé : diffuser des messages qui directement ou indirectement mettent en péril la stabilité et la cohésion du Mali, un et indivisible. Il est temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard!
