Les préoccupations soulevées par la presse sont notamment la précarité de la profession, la suspension de l’aide publique qui lui est dévolue, la faiblesse des textes régissant la corporation
De l’avis des responsables de ces organisations professionnelles «la presse malienne va de mal en pis». Ils ont exprimé leurs préoccupations lors de la rencontre tenue, le jeudi dernier dans l’après-midi au Centre international de conférences de Bamako (CICB), entre la Commission de rédaction de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale et la presse nationale.
La Commission de rédaction entendait recueillir les avis, les contributions et les suggestions de la presse dans l’élaboration du projet de la Charte nationale. Un document devant être de référence pour toute initiative, actions et activités dans le cadre de la recherche de la paix, la sécurité, la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans notre pays. Pour ce faire, les documents concernant l’avant-projet de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale ont été distribués aux participants.
Sans pourtant consulter ces brochures, les représentants des organisations professionnelles de la presse ont livré leurs préoccupations sur la situation qu’ils vivent. Selon eux, si une solution n’est pas urgemment trouvée, cette situation pourrait être source de plus de tensions. Les intervenants ont déploré la fermeture de «188 radios privées dont 17 à Bamako et 171 à l’intérieur du pays». Les responsables des organisations professionnelles des médias locaux affirment que la Hac, «de façon unilatérale», s’est servie d’un arrêté ministériel pour augmenter la redevance des organes de presse «en un moment où elles broient du noir pour paiement des contrats qui dorment dans le trésor depuis 2023».
«La Hac est en train de desservir par sa façon de faire. Elle se met en porte-à-faux avec les médias… Ce qui ne va pas, c’est la Hac», ont dénoncé plusieurs intervenants. Et de valoriser le rôle de la presse en cette période de guerre communicationnelle dans laquelle notre pays est impliqué tout en suspectant que quelqu’un se cache derrière la Hac pour jouer le mauvais rôle. Au-delà du «procès de la Hac», les participants ont regretté la non disponibilité de l’aide à la presse depuis 2020. «Depuis plus de 4 ans la situation de la presse malienne va de mal en pis. On se demande si cette fois-ci sera la bonne ?», ont-ils questionné.
Certains ont, pour l’occasion, souhaité que le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, dans ses œuvres sociales, pense aux familles des journalistes décédés. En outre, les hommes de médias ont protesté contre le projet de textes qui, selon eux, dorment sur la table du Conseil national de Transition. Où en sommes-nous avec ce projet de textes ? Sur ce sujet, les intervenants sont revenus sur la Convention collective dont ils demandent au gouvernement de s’impliquer pour son application stricte afin d’assainir le domaine. En somme, force est de relever que ces représentants des organisations professionnelles étaient remontés et n’ont pas d’ailleurs mâché leurs mots.
Le président de la Commission de rédaction de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale et ses collègues se sont montrés sensibles aux préoccupations soulevées. Ousmane Issoufi Maïga a annoncé que «nous devons ensemble trouver une solution aux problèmes». Après avoir salué la présence de qualité des participants et leur implication dans le processus allant dans le sens de la recherche de la paix, la sécurité, la cohésion sociale et le vivre-ensemble, il dira que sa Commission n’a pas vocation de dissoudre la Hac. Toutefois, elle prévoit de rendre compte à qui de droit. De même, elle envisage des rencontres pour trouver une solution aux problèmes pécuniaires de la presse nationale.
Oumar DIAKITE