Qui est Edward R. Murrow ? Né Egbert Roscoe Murrow, il a vu le jour le 25 avril 1908 dans le Compté de Guildford (Caroline du Nord). Et il s’est éteint dans la dignité et la discrétion le 27 avril 1965 dans sa ferme du Comté de Dutchess (New-York).
Edward R. Murrow était un journaliste américain, dont les émissions d’information radiophoniques pendant la seconde guerre mondiale ont été suivies par des millions d’auditeurs dans le monde notamment aux Etats-Unis et au Canada.
«…J’ai demandé à voir une des baraques. Elle se révéla être occupée par des Tchécoslovaques. Aussitôt entré, les survivants se pressèrent autour de moi et essayèrent de me porter sur leurs épaules. Mais, ils étaient bien trop faibles pour pouvoir me soulever. Un grand nombre d’entre eux ne pouvaient même pas quitter leur paillasse… On m’a dit que cette baraque avait un moment abrité 80 chevaux. Il y avait à présent 1 200 hommes entassés ici, cinq hommes par lit. L’odeur qui régnait dans la baraque était au delà de toute description…», écrivit Edward R. Murrow le 16 avril 1945 sur le triste camp concentration de Buchenwald quelques jours après sa libération. Il a décrit ce qu’il y a vu lors d’un reportage radiophonique désormais célèbre.
Selon de nombreuses sources, «les historiens traditionnels considèrent Edward R. Murrow comme l’une des plus grandes figures du journalisme». Grâce son talent et sa passion du métier, il a révolutionné le journalisme, notamment les reportages puis les documentaires à la radio puis à la télévision. Et cela le plus souvent avec les moyens du bord.
Toute sa carrière, ou du moins sa vie durant, Murrow était réputé pour son honnêteté et son intégrité dans le travail de journaliste. Des valeurs qui, hélas, ont tendance à disparaître aux dépends du professionnalisme et de la crédibilité du métier de journaliste. Pionnier de la diffusion du journal à la télévision, Murrow a produit une série de reportages TV qui ont profondément marqué la société américaine, notamment sur le plan politique.
Un programme à l’image du Pionnier et Parrain
Plus que tout autre journaliste, avant ou depuis, Murrow a «capturé» la confiance et la conviction de toute une nation. Une confiance qu’il a toujours a honoré avec «honnêteté et courage». Selon de nombreux témoignages ici à Washington, «sa conviction que le journaliste devait faire activement partie du processus et être un instrument nécessaire au sein de la démocratie aura changé pour toujours la politique et la vie quotidienne».
Journaliste légendaire à la radio nationale américaine CBS et correspondant de guerre, Edward a marqué son temps et la profession de journaliste à jamais. Le programme qui porte son nom aujourd’hui vise à perpétuer ces valeurs du journalisme engagé pouvant contribuer à l’ancrage institutionnel et citoyen de la démocratie dans le monde, notamment en Afrique.
En effet, le «Programme Edward R. Murrow» pour journalistes invite les dames et hommes de la presse du monde entier, futurs leaders dans le secteur, à se frotter aux pratiques journalistiques des Etats-Unis. Cette initiative est le fruit d’un partenariat public-privé novateur entre le Département d’Etat, l’Institut de l’Education internationale (IIE) et neufs des plus célèbres écoles américaines de journalisme.
Le séjour des journalistes en petits groupes linguistiques (francophones, lusophones, anglophones, arabophones, hispaniques…) est jalonnés de rencontres avec des icônes dans différents domaines, de séminaires académiques et d’activités sur le terrain avec les professeurs et les étudiants de certaines des écoles partenaires du programme (cette année à Athens, en Géorgie, pour les francophones), la visite de certaines villes américaines (Atlanta, Las Vegas, New York…) afin de permettre aux participants d’acquérir une compréhension de la couverture médiatique de la politique de l’Etat et du gouvernement.
Pendant trois semaines (du 26 octobre au 16 novembre 2013), il sera proposé aux visiteurs internationaux des programmes offrant «une grande diversité et un équilibre du point de vue» pour les participants. Il intègre une variété de rencontres avec des personnes et des représentants d’organismes dont les opinions ne reflètent pas forcément celles du gouvernement des Etats-Unis.
C’est ainsi que ce 28 octobre 2013, les participants (Africains, Arabes, Sud-américains, Asiatiques, Européens…) ont passé un moment inoubliable avec le célèbre Bob Woodward, rédacteur adjoint du très influent quotidien, Le Washington Post, et icône du journalisme d’investigation.
Avec près de 42 ans de journalisme derrière lui, M. Woodward a écrit sur les dirigeants et les rouages internes d’un grand nombre d’institutions publiques les plus importantes aux Etats-Unis, notamment, la présidence, la Cour suprême, le congrès, le Département d’Etat, la CIA, le Pentagone et la Réserve fédérale. Il a surtout joué un rôle important dans la révélation des faits liés au scandale du Watergate, une affaire d’espionnage politique qui aboutit, en 1974, à la démission de Richard Nixon, alors président des Etats-Unis d’Amérique.
Avec les participants, il a surtout fait part de son expérience de journaliste d’investigation avec un regard critique sur le journalisme à l’heure actuelle, avec des menaces sur la presse comme les réseaux sociaux à travers les TIC. Une menace réelle pour la presse écrite dans de nombreux pays développés comme celui de l’Oncle Sam (USA)
En collaboration donc avec les écoles de journalisme américaines à travers ce vaste pays de démocratie, le Bureau des affaires éducatives et culturelles du Département d’Etat américain a élaboré cette initiative d’échange international à travers le Programme de leadership des visiteurs internationaux (IVLP) qui a permis à plus de 1.000 journalistes étrangers se séjourner aux Etats-Unis depuis 2006.
Le Programme Edward Murrow pour les journalistes engage ainsi les jeunes professionnels des médias internationaux dans un dialogue avec leurs homologues américains, les actions pratiques du journalisme aux Etats-Unis, et crée de nouveaux réseaux professionnels avec les professionnels des médias collègues des Etats-Unis et partout dans le monde.
Moussa Bolly
Depuis Washington (USA)