M. Mamadou Sinsin Coulibaly plus connu sous le nom de Madou Coulou, PDG et fondateur de la Radio Kledu, a été entendu, lundi dernier, par la brigade de Gendarmerie de Kati e et par le procureur de la même localité. Il lui est reproché le délit d’offense au chef de l’Etat… On eut dit que l’histoire est en train de se répéter.
C’est en effet lundi dernier que le M. Coulibaly a été entendu par le procureur de Kati pour, dit-on, «offense au chef de l’Etat». C’est l’émission « TIYEN KA FO, JAMANA KA DJÔ » (littéralement qui veut dire : « que la vérité soit afin que le pays se construise» qui est à l’origine de l’interpellation du président fondateur de cette radio privée, l’une des performantes du pays. L’émission, diffusée tous les samedis de 13 à 16 heures, se veut critique à l’endroit du régime et offre le micro à l’auditoire.
Avant d’être interpellé par le procureur de Kati, M. Coulibaly a été auparavant entendu par la Gendarmerie de la même localité. Au niveau de la juridiction citée, il a été gardé pendant plusieurs heures avant d’être autorisé à rentrer sans explication.
Attention à la dérive totalitaire !
Nous avions eu le plaisir, pour les besoins de la cause, d’écouter la fameuse émission du samedi 22 janvier dernier. Le constat est éloquent : l’émission se veut certes critique à l’endroit du régime et des pouvoirs publics, mais les animateurs s’efforcent tant bien que mal, de cadrer le débat afin d’éviter toute dérive. Naturellement, certains intervenants ne cachent pas leur amertume et leur ferme désapprobation par rapport à la gestion des affaires publiques et, actualité oblige, de la crise du nord. D’autres se veulent modérés et en appellent au sens du patriotisme, de l’unité et de la cohésion nationale. Ce qui n’est pas pour déplaire au régime en place.
Il faut dire, en tout état de cause, que cette interpellation du PDG de la radio ne manque pas de relents. D’abord, pourquoi la juridiction de Kati, commune située à une dizaine de kilomètres de Bamako ? La radio Klédu relève territorialement de la commune II du District et M. Coulibaly réside à Bamako et non à Kati.
Aussi, les actes posés par KLEDU, ne sauraient juridiquement engager le propriétaire de la radio. La loi sur la presse en vigueur au Mali tient pour premier responsable d’éventuelles violations, d’abord le directeur de l’entité. En clair, la responsabilité morale et juridique de l’entreprise incombe au directeur Général et, dans une certaine, mesure, au directeur des programmes. Méconnaissance des textes ou tentative délibérée de musèlement ? Les auteurs de cet acte ne rendent, en tout cas, nullement service au pouvoir en place ; surtout qu’une affaire similaire («offense au chef de l’Etat») a véritablement embarrassé le régime après l’interpellation de certains confrères.
Par ailleurs, au regard de l’actualité et de l’impérieuse nécessité d’une cohésion nationale, les auteurs de cette interpellation auraient rendu un grand service à la Nation en s’abstenant de susciter d’autres sources de conflits sociopolitiques. Il parait que le bon sens est la chose la plus mal partagée chez les humains. Hélas !
B.S. Diarra