(Parole aux femmes) : Agressions contre des journalistes : Les femmes se prononcent

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Le mardi 17 juillet, les hommes de média ont protesté contre les agressions perpétrées contre eux à travers une « journée sans presse » accompagnée d’une grande marche pacifique qui était partie du siège du journal « L’Indépendant » à la Primature. « Trop c’est trop !», « Plus jamais ça !», « Vive la démocratie !». « Justice !», « Liberté de la presse !». Tels était, entre autres, les slogans qui rythmaient cette marche de protestation. C’est dire que même sans écritoire ni papier ou autre, les journalistes ont pu véhiculer leur message.

Le fondateur et directeur de publication du journal « L’Indépendant », Saouti Labass Haïdara, et le rédacteur en chef du journal « Aurore », Abdramane Keïta, ont été sérieusement agressés par des personnes armés et encagoulées. Aussi, des milliers d’acteurs de la Presse et leurs amis et sympathisants ont marché la mardi dernier pour dénoncer ces actes barbares et l’injustice grandissante dans notre pays. En plus des hommes de média, on notait la présence, à cette marche, d’autres acteurs politiques et d’associations de la société civile : entre autres, Ibrahima dit « Iba » N’Diaye  de l’ADEMA-PASJ, Mme Sy Kadiatou Sow, Ousmane Sy, Mountaga Tall, président du CNID-FYT, Mme

Fanta Mantchini Diarra, député à l’Assemblée nationale, Djiguiba Keïta dit « PPR », ancien ministre de la Jeunesse et des Sports. Tous ont tenu à soutenir la Presse dans cette marche qui s’est du coup traduite en une lutte commune.  Ces actes barbares, qui constituent une grave atteinte à la liberté d’expression et celle de la Presse, préoccupent particulièrement les femmes dont certaines ont parcouru des kilomètres pour ne pas rater cette marche. Votre rubrique « Parole aux femmes » a donné le micro à certaines d’entre elles pour qu’elles livrent leurs impressions sur ces agressions.

-Ramata Dia, directrice et promotrice de la radio « Guintan » :
Ces agressions ne sont pas de nature à redonner une bonne image du Mali. C’est extrêmement dangereux et pour la Presse et même pour les Maliens en général parce que dans un pays en conflit, sans une Presse crédible qui donne une information équilibrée, on ne peut pas parler de sortie de crise. Il n’y a pas de liberté sans liberté de la Presse. Il n’y a pas de liberté sans liberté de rapporter des faits avérés. Il n’y a pas de liberté sans liberté d’écrire et de penser. Cette liberté est subordonnée à la liberté de la Presse. Quels que soient les commanditaires de ce genre d’agressions contre les acteurs de média, je pense qu’ils sont aussi perdants que la Presse parce que non seulement ils se discréditent en commettant de tels actes, mais ils discréditent aussi leur pays. Et ils n’ont aucun espoir d’empêcher la Presse de continuer de faire son travail à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. J’en profite pour rappeler qu’il y a une partie de la Presse malienne qui vit sous occupation et qui est aussi violentée. Que penser de tout cela ? Je suis très étonnée et perplexe.
-Honorable Fanta Mantchini Diarra :
Si je suis là ce matin, c’est parce que je suis un des artisans de la démocratie. Quand je vois qu’il y a des violations et des agressions pour créer des obstacles à la réussite de la  démocratie, je me sens interpellée. Il faut combattre cela pour qu’il n’y ait plus jamais ça dans notre pays parce que le Mali a chèrement acquis la démocratie. Il ne faut donc pas qu’on vienne la bafouer et nous mettre encore en retard de vingt ans. C’est pourquoi je dis : trop, c’est trop, et ça suffit !

-Mme Sy Kadiatou Sow, femme politique :
Aujourd’hui, toutes les libertés sont remises en cause dans notre pays. Nous ne pouvons pas combattre pour avoir le droit de nous exprimer, de nous associer, de participer à la gestion de notre pays et que des gens viennent mettre tout cela en péril. Donc, c’est la démocratie et la République qui sont en péril. Je pense que tout le monde doit se mobiliser et tous les Maliens doivent se sentir concernés. Il y a vingt ans, nous avons combattu la dictature et nous avons obtenu des libertés. Et aujourd’hui, ces libertés sont mises en cause. On arrête des journalistes, on les bastonne et les traite comme s’ils étaient des brigands ou des criminels : ce n’est pas admissible ! Et pendant ce temps, chaque fois que cela se passe, qu’est-ce le  gouvernement trouve à dire ? Il se contente simplement de présenter ses excuses en disant qu’il n’était pas au courant et qu’il y aura des enquêtes pour poursuivre les auteurs de ces crimes. Mais rien n’est fait. Personne ne sait ce qui se passe. Les gens qui commettent ces crimes doivent être recherchés et poursuivis conformément à la loi et doivent payer pour leurs crimes. C’est dommage que les Maliens ne comprennent pas que s’il y a quelque chose qu’il faut sauver aujourd’hui, c’est bien la démocratie et la liberté d’expression. Quel que soit le système politique qu’on mettra en place, si on ne préserve pas les acquis de la démocratie malienne, on est à côté.

-Mme Diarra Diop, journaliste :
Je pense qu’il fallait que l’ensemble de la Presse se mobilise pour cette manifestation. Ce qui arrive au Mali est très grave parce que de l’extérieur, on nous voit comme un pays où c’est le chaos, où il n’y a pas de sécurité. Aujourd’hui, les journalistes sont arrêtés et molestés. On doit taper du poing sur la table parce que c’est quelque chose qui peut compliquer le processus de normalisation. Déjà, la transition est assez difficile. Si on se met à taper les journalistes, à les agresser et à les intimider, alors qu’ils ont un rôle à jouer dans la consolidation de la démocratie et la restauration de la normalité institutionnelle. C’est très grave. C’est vrai qu’il y avait du monde, peut-être qu’il aurait du y avoir plus de monde. La société civile et les jeunes se sont impliqués dans cette marche. Comme l’a dit le président de la Maison de la Presse, Makan Koné, c’est le début d’une action, et j’espère qu’il y aura d’autres actions qui suivront. Mais vraiment, il faut que tous les Maliens se mobilisent pour dire « non » à la violence et à l’injustice.
-Une enseignante, membre de la COMODE :
Nous déplorons cette agression qui n’est pas démocratique après avoir donné la liberté à la Presse de s’exprimer. Alors, qu’elle fasse son travail parce qu’elle n’a pas dit une chose de grave. C’est anti-démocratique. On n’a pas souhaité cela. Ce genre de situation est un recul pour notre démocratie.
-Mme Fatoumata Camara, enseignante :
Je participe à cette marche pour protester parce que notre démocratie est en péril. Une liberté que nous avons chèrement acquise vient d’être aujourd’hui remise en cause. Nous ne sommes pas d’accord avec toutes ces agressions. Nous les condamnons vivement ! C’est pourquoi on est venu exprimer notre douleur et notre regret, ainsi que notre détermination à combattre tous ceux qui veulent mettre notre démocratie en péril.
-Mme Rokia Ba Touré :
J’ai travaillé avec les médias pendant très longtemps. C’est à ce titre que je suis là pour défendre la liberté de la Presse.
-Mme Traoré Salimata Tamboura, militante de la défense de la liberté d’expression, ancienne du Jamana, membre de COFEM :
Nous marchons aujourd’hui pour soutenir la démocratie parce qu’une atteinte à la liberté de la Presse est une atteinte à la démocratie. Nous sommes là pour la démocratie et la liberté d’expression. C’est le sens de notre combat.
-Mme Altinè, Radio « Djèkafo » :
On est journaliste, on fait notre boulot. On ne peut pas empêcher un cultivateur de cultiver tant qu’il pleut. C’est exactement la même chose. On ne peut pas empêcher un cameraman de faire une prise d’image. On ne peut pas non plus condamner un journaliste pour avoir dit son avis sur un événement. Qu’on arrête les agressions ! Il ne faut plus jamais ça ! Il est temps de protéger les journalistes et que l’Etat prenne ses responsabilités par rapport aux agressions perpétrées contre eux. L’Etat, et surtout le Capitaine Amadou Aya Sanogo, doivent protéger les hommes de média. Plus précisément le Capitaine Sanogo car c’est lui seul qui peut protéger les journalistes. Je sais que c’est quelqu’un de bonne foi, il peut nous protéger, cela fait partie de son travail.
Propos recueillis par Salimata Fofana

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1 commentaire

  1. désolé pour ce si beau et tolerant peuple qu’est le peuple malien victie d’une idiotie d’un groupe de soldats qui peuvent meme pas diriger leur propre famille à plus forte raison un pays.
    en tout cas peuple malien c’est le moment où jamais de mettre fin à ce systeme de reglement de compte barbare qui ne nous fait que faire reculer .
    la liberte de presse et la democratie ont eté obtenues au prix de notre sang faut-il vous le rappeler. donc pourquoi continuons à dormir alors ce fruit et beau fruit acquis au de nombreuses vies est aujourd’hui menacé
    si ces petits soldats sont des vrais patriotes qu’ils laissent la population de Bko et des autres grandes ville en paix et qu’ils leur assurent la protection qu’il faut qui est egalement une de leur mission.
    Est il encore necessaire de rappeler à ces fouteurs de merdes que le nord Mali est occupé par des islamistes et qu’ils ont accepté fuir que de defendre l’integrité trritoriale qui est une des missions premieres de l’armée .
    moi à leur place j’aurai vraiment honte de regarder les maliens de face car ce qu’ils viennent de faire est un deshonneur à un militaire.
    comment comprendre que ces memes gens qui ont fui les combats viennent faire regner la terreur et l’horreur à Bamako.
    peuple du Mali Debout et essayons de mettre ces inconscients et apatrides hors d’etat de nuire.je sais que c’est une mission difficile mais pas impossible . main dans la main nous pouvons redonner espoir à ce vaillant peuple.
    ACTION + des maintenant.
    en avant…………………………………………….pour la victoire finale et la stabilité du pays

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