L”homme que nous vous présentons aujourd”hui est un grand, pas par la taille mais intellectuellement et humainement, qui est appréciable par ses valeur et qualité. Cet homme impulsif, entier, est très jovial et passe le plus clair de son temps à taquiner tout le monde et à se faire taquiner par tous.
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C”est un pur produit de la grande boîte, l”Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM), en la personne de Papa Oumar Diop, journaliste, reporter sportif. L”homme a aujourd”hui la lourde responsabilité d”être le chef du desk sports de l”ORTM. Fumeur, il à quand même réussi à préserver sa bonne voix "radiophonique". Papa estime que la Can 2002 a été un repère important dans sa vie, car elle a été une grande école d”expérience pratique pour lui.
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rnL”enfant de Nioro du Sahel, où il est né et a grandi, aime qu”on l”appelle métis culturel et est fier de porter son nom ouolof et son héritage culturel soninké, car chez lui il ne parle cette langue. Papa est issu d”un grand père arrivé dans la localité avec l”invasion coloniale, d”un père peulh et d”une mère soninké, Séméga Diané du Sénégal.
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rnSon cursus primaire et fondamental, il l”a fait sur sa terre natale de Nioro, avant le lycée de Tombouctou et l”Institut Pédagogique d”Enseignement Général (IPEG) à Kayes. Il a enseigné dix ans à Nioro, avant de poursuivre sa carrière à Bamako, d”abord comme professeur de lettres, histoire et géo et, depuis 1991, comme fonctionnaire détaché à l”ORTM, pour s”occuper uniquement de sport. Car il a été sportif toute sa vie. Enfant, comme n”importe quel autre au Sahel, il a couru derrière un ballon en chiffon, jusqu”à ce que ses amis lui permettent de jouer avec leurs ballons et que quelques parents généreux veuillent bien lui en acheter un.
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rnEnsuite, à cause de sa nature impétueuse et surtout de sa formation au lycée, des installations sportives existant à l”époque dans tous les établissements secondaires, la pratique du sport comptant pour le bulletin de notes, il a continué. Il a pratiqué un peu de tous les sports, avant de devenir enseignant. Enseignant en lettres, histoire et géo et pratiquant le sport, il avait la culture en français nécessaire pour transmettre sa connaissance du sport, dont il connaissait toutes les lois. Ce qui l”a amené tout naturellement à devenir reporter sportif à l”ORTM.
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rnParlant de la Coupe d”Afrique des Nations qui débute le 20 janvier prochain à Accra, Papa Oumar Diop estime que c”est une compétition qui gagne de plus en plus en importance, parce qu”on en parle comme de l”Euro, de la Copa America ou de la Coupe Asiatique, de par le fait que l”Afrique produit maintenant de plus en plus de footballeurs qui évoluent dans les championnats les plus relevés. "Ce qui fait que cette compétition est devenue l”évènement majeur après la Coupe du monde, en matière de football bien sûr". En effet, avec le développement de la télévision, la Coupe d”Afrique est en train de devenir l”évènement que chaque pays africain aimerait abriter, avec l”ambiance naturelle que seuls les Africains sont capables de mettre dans une fête. S”il devait qualifier la Coupe d”Afrique des Nations, Papa Oumar Diop dirait que c”est un très grand évènement du football mondial et que, de plus en plus, il gagne de la force grâce à l”esprit naturel des Africains.
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rnS”agissant de la poule du Mali, avec la Côte d”Ivoire, le Nigéria et le Bénin, il est très optimiste, mais il pondère son propos. "Ma conviction, sans démagogie, est que ça se joue à onze contre onze, sur un seul jour. Si ce jour-là vous êtes en forme et que vous avez vraiment l”envie de gagner, vous pouvez neutraliser n”importe quel adversaire. Sinon, ne jouons pas les autruches, quand on est dans le même groupe que la Côte d”Ivoire et le Nigeria, même rien que ces deux là, on sait qu”on a à faire aux plus gros morceaux de cette Coupe d”Afrique. Par ailleurs, n”oublions pas que le Bénin est le pays qui a le plus posé de problèmes à l”équipe malienne. On ne les a pas battus, les Béninois. On a fait un-un à Bamako et 0-0 à Cotonou. Je crois que nous sommes tombés dans un groupe difficile. Mais le Mali n”est jamais tombé dans un groupe facile et le football reste le football".
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rnL”homme ne peut pas parler de difficultés particulières dans le travail. Une administration a des règles bien précises, c”est tout. "Les sportifs sont un peu différents du reste du monde, qui a ses règles et sa mentalité. Moi, par nature, je suis coléreux, impulsif, mais joyeux la plupart du temps. Il m”arrive de dire les choses comme je les vois mais, ceci dit, j”ai pour tous les gens avec lesquels je collabore quotidiennement le plus grand respect, même ceux qui ont l”âge de mes enfants. Du moment qu”on est collègues, le respect pour moi est une obligation".
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rnEn matière de travail, Papa n”a pas d”état d”âmes, c”est le bon résultat qui compte, mais il ajoute qu”il attend le jour où l”occasion sera donnée à ses collègues de le juger, ce jugement sera valable.
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rnAgé de 56 ans aujourd”hui, l”homme a plus d”une trentaine d”années de mariage, au cours desquelles cinq enfants ont vu le jour, trois filles et deux garçons. La première, Mariam, a 30 ans, le second est inspecteur de police, la troisième, Maïmouna, vient d”achever la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP), le quatrième en terminale au lycée et la benjamine, Houleymatou qui est née en 1992 est en classe primaire.
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rnEn tant que doyen de la presse, Papa a un regard critique sur le paysage médiatique malien. Il est très heureux de savoir que, depuis quelques années, il existe des écoles de formation en journalisme au Mali. Mais il estime qu”il est temps qu”on ouvre des écoles de formation en audiovisuel, car radio et télé sont des media très sensibles.
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rnSpécifiquement, lorsqu”il s”agit de presse sportive, il préconise que les reporteurs sportifs œuvrant dans l”audiovisuel soient rigoureux, exigeants, en faisant leur autocritique et en s”organisant pour permettre à chacun de bénéficier de l”expérience des autres. "La presse sportive au Mali est en train d”acquérir de l”expérience et c”est une bonne chose".En tant que responsable du desk sports de l”ORTM aujourd”hui, il se retire des terrains de football et laisse la place aux jeunes pour s”occuper d”autres genres de sports, sauf lorsqu”il y a des évènements très importants. Mais il fait au moins un reportage tout les week-ends, sans exception. Son rôle consiste à faire le dispatching et le planning des reportages en fonction du chronogramme et aussi de présenter les émissions sportives, à tour de rôle. Le volume hebdomadaire des émissions sportives sur l”ORTM est de trois sessions, à raison de quatre heures par semaine, réparties comme suit : une heure de Score les lundis, quarante-cinq minutes de Performance les vendredis et deux heures de Performance les dimanches.
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rnL”évènement positif qui a le plus marqué la vie de l”homme est la Can 2002, qui a été pour lui, une
véritable école d”apprentissage pratique. "Ça a été l”occasion pour moi de constater que le Mali bénéficie, jouit, d”un très grand prestige et la Can 2002 était la plus réussie depuis au moins 25 ans. Sans fausse modestie, les Maliens ont organisé la meilleure Coupe d”Afrique des Nations surtout qu”on considérait que le Mali était l”un des pays les plus pauvres du continent".
rnCôté déception, il en a tellement qu”il n”aime pas s”en souvenir, parce qu”il travaille encore et qu”il s”est fait le serment d”encaisser jusqu”à ce qu”il ait complètement fini avec la tâche assignée, car son métier est passionnant mais à risques. Ses plus mauvais moments, c”est à chaque fois que l”équipe du Mali, surtout loin du pays, est battue pendant qu”il est en reportage et qu”il doit annoncer la mauvaise nouvelle. Ainsi, dira t-il, "j”ai souvent passé des nuits blanches dans des chambres d”hôtels à pleurer, parce que j”ai apporté une mauvaise nouvelle au pays. Donc, à chaque fois que l”équipe du Mali perd, c”est un mauvais souvenir pour moi".
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rnPapa Oumar Diop se souvient encore de ce jour de l”année 1987 où une équipe régionale (l”équipe de Kayes) a pour la première fois remporté la Coupe du Mali. En direct à la radio, il co-animait la retransmission du match avec celui qu”il avait surnommé "le monstre sacré", en la personne du regretté Demba Traoré. En 1994, à Tunis, quand le Mali a battu la Tunisie en match d”ouverture de la Coupe d”Afrique, il était émerveillé à l”antenne avec le grand Djibril Traoré. Lors de la Can 2002, il présentait le journal de la CAN avec son cadet Salif Sanogo. Après la compétition, ils ont été félicités par les plus hautes autorités du pays. Ce sont des souvenirs qu”il gardera toujours au fond de lui.
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rnL”homme ne milite dans aucun parti politique, car il en a horreur. Ses temps libres, il les consacre à sa passion, qui est le scrabble qu”il pratique avec ses amis ressortissants de Nioro depuis plus de 25 ans. Jeune enfant, en écoutant la radio à Nioro, il a entendu des voix comme celles de feu Demba Traoré, Mamadou Kaloga et Djibril Traoré, qui l”ont devancé dans le métier, ce qui l”a subjugué. C”est pourquoi, il est venu dans le métier et que ces trois hommes restent ses références dans le milieu de la presse. Comme conseil, il demande à ses cadets dans la profession, l”humilité, car "voir sa tête à la télé et se prendre pour le centre du monde est extrêmement dangereux.
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rnUn journaliste doit toujours être fier de son métier, car on devient rapidement une vedette et il faut savoir vraiment raison garder. Lorsqu”on s”adresse à des milliers de personnes au nom d”un pays, il faut être sérieux et dans son langage et dans son comportement. L”humilité est la principale qualité d”un journaliste, il ne faut jamais se considérer comme supérieur aux autres " professe Papa Oumar Diop.
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rnFatoumata Mah THIAM DOUMBIA
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rn14 dec 2007
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