Niger : le reporter de RFI inculpé

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NIAMEY (AFP) — Le parquet de Niamey a inculpé mardi le correspondant de Radio France Internationale (RFI) Moussa Kaka de "complicité d”atteinte" à "l”autorité de l”Etat", ce qui le rend passible de la prison à vie, a affirmé mercredi à l”AFP son avocat.

"Un juge d”instruction vient de notifier à Moussa Kaka son inculpation, a indiqué Me Moussa Coulibaly, peu après une audition de plus d”une heure du journaliste par le juge chargé du dossier.

Selon Me Coulibaly, la date du procès n”a pas été fixée et son client risque la "prison à vie" s”il est reconnu coupable.

Moussa Kaka a été interpellé le 20 septembre pour des liens présumés avec les rebelles touareg et gardé au secret à la gendarmerie de Niamey jusqu”à son apparition lundi au Palais de justice, date à laquelle il a été incarcéré sans qu”aucune charge ne lui soit alors notifiée.

"Ce qui nous dérange, c”est qu”on (les autorités nigériennes) a toujours dit que le conflit au nord (du Niger) n”est pas une rébellion (touareg) et on l”a toujours attribué à +des bandits armés, des voleurs et des trafiquants de drogue+, comment peut-on alors parler d”atteinte contre l”autorité de l”Etat", a déclaré Me Coulibaly.

Vendredi, le procureur général près la Cour d”appel de Niamey, Adama Harouna, avait évoqué des liens présumés entre Moussa Kaka et le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ, rébellion touareg), apparu en février et auteur de nombreuses opérations contre l”armée. Selon lui, le journaliste a eu en août et septembre des conversations téléphoniques avec les rebelles, notamment sur leurs activités et leurs relations avec les rebelles touareg du Mali voisin.

RFI et Reporters sans frontières ont demandé vendredi la libération de M. Kaka, leur correspondant commun. La Société des journalistes de RFI a rappelé que M. Kaka avait été menacé de mort le 14 juillet par le chef d”état-major de l”armée nigérienne et que les émissions de RFI avaient été suspendues sur la bande FM durant un mois.

Les journalistes du Niger ainsi que le Comité pour la protection des journalistes, une ONG dont le siège est à New York, ont également "exigé" la libération immédiate et sans conditions" du journaliste.

"Les autorités (nigériennes) ont une longue histoire de harcèlement et de menaces pour tenter de censurer les informations sur ce conflit (touareg). A moins que lesdites autorités n”apportent les preuves de leurs accusations, elles doivent relâcher Moussa Kaka immédiatement", selon le directeur de l”ONG Joel Simon.

AFP

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