Mémorandum du RMDH sur le cas Birama Touré, notre confrère porté disparu

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  • Birama Touré dit Bruno, journaliste malien qui a exercé au journal Le Carcan de 1997 à 2000, au journal Le Reflet de 2000 à 2006, puis au Sphinx depuis 2006, est porté disparu. Son absence a été constatée le samedi 30 janvier 2016 par ses parents, car il était dans la grande famille des Touré au quartier de Bagadadji, le vendredi 29 janvier 2016, dans l’après-midi, où il a échangé avec le patriarche des Touré, avant de quitter.
  • Le vieux Mamadou Touré a indiqué à une délégation du Réseau Media et droits de l’homme (RMDH), qu’il a reçue le vendredi 5 février dans l’après-midi, que son neveu Birama Touré venu dans la famille le vendredi 29 janvier l’a informé par la même occasion avoir procédé à la déclaration de son mariage civil, qui devrait avoir lieu le 11 février 2016.
  • Depuis ce vendredi, plus aucune nouvelle de Birama Touré, un journaliste actif, qui a été des combats pour la liberté d’expressions, la liberté de la presse et l’épanouissement de la profession.
  • Le Directeur de publication du journal Le Sphinx, contacté, a indiqué que Birama lui a parlé de démission lorsqu’il était venu le voir quelques jours avant sa disparition.
  • Un directeur de publication et fondateur d’un journal de la place nous a indiqué que quelques jours avant, le journaliste s’était présenté à lui et proposait ses services; en quête d’emploi.
  • Le Réseau Media et Droits de l’Homme (RMDH) très préoccupé par cette incompréhensible disparition de Birama Touré, apprécie les efforts des associations et organisations de journalistes et de patrons de presse; encourage la Maison de la presse, l’Association des Éditeurs de presse privée (ASSEP), l’Union des Radios et Télévisions libres (URTEL), le Groupement patronal de la presse, l’association des jeunes reporters, le Syndicat national des journalistes, les défenseurs de la liberté d’expression… à se mobiliser davantage pour amener les autorités maliennes à s’impliquer afin de clarifier cette situation confuse, et de retrouver notre confrère Birama Touré.
  • C’est seulement en situant physiquement Birama Touré qu’on dissipera tout soupçon, amalgame et confusion qui enflent de jour en jour.

Ce que nous devons à Birama Touré: sortir la presse malienne de la précarité

  • Birama Touré, jusqu’à la preuve du contraire, est un journaliste parfaitement intégré dans la société, sociable. Il avait un projet de mariage, en avait fait la déclaration, et la célébration devrait avoir lieu le 11 février dernier, si Birama n’avait pas disparu. Pour ce projet de mariage, il était sous la pression morale de la famille, car tout parent aimerait voir son enfant fonder un foyer à un moment donné. Birama à cet effet, cherchait à boucler son budget de mariage. Désenchanté, il proposa à son employeur de démissionner.
  • Birama a-t-il décidé de s’éclipser sans témoin, de s’exiler ? Ou est-il dans des mains occultes, obscurantistes et de sombre dessein?
  • Pourquoi son téléphone a-t-il continué de sonner sans être décroché les samedi 30 et dimanche 31 janvier, avant de tomber sur la boite vocale le lundi 1er février?
  • Birama s’est-il effacé ou est-il victime d’enlèvement, de disparition forcée? Par qui et pourquoi? Quelles peuvent être les raisons de cette disparition du journaliste Birama Touré ? Est-ce pour des raisons criminelles ou crapuleuses, civiles ou militaires ? Affaires privée, économique ou étatique?
  • Le journal Sphinx où évoluait Birama Touré est un journal qui dit un autre son de cloche que la voix du pouvoir, tout comme d’autres journaux de la place, qui exercent vaille que vaille, au nom de la démocratie et de la liberté d’expressions. Qui a intérêt à faire taire le journaliste ou à le garder? Pense-t-on pouvoir lui extorquer des informations sur les sources d’informations du journal Le Sphinx?
  • Si nous n’avons pas d’indices permettant d’indexer, l’État est fortement interpellé sur son devoir de protection des personnes, en vertu de sa prérogative de puissance publique, mission qu’il est invité à jouer.
  • Si à ce jour, les recherches ne nous permettent de privilégier aucune piste, ne disposant pas d’élément matériel permettant de se convaincre d’une atteinte physique, venant de quelque individu mal intentionné, nous ne devons pour autant écarter aucune piste criminelle et attentatoire à la liberté de la presse, et à l’exercice de la profession, du fait d’individus mal intentionnés.

Des conditions de travail et des revenus des journalistes

  • Birama avait des besoins matériels et financiers comme tous les ouvriers de la presse malienne. Crevons l’abcès !
  • Combien de journalistes maliens sont-ils salariés ?
  • Et quel salaire par rapport au SMIG et au salaire des journalistes dans la sous-région ?
  • Parmi les salariés combien de journalistes sont signataires d’un contrat de travail en bonne et due forme?
  • Combien de journalistes sont-ils affiliés à l’Institut national de Prévoyance sociale (INPS) et bénéficient-ils effectivement des avantages à cet effet?
  • Combien de journalistes maliens peuvent-ils renoncer aux perdiems et s’en tenir à leurs salaires et avantages? Les hommes de média ont-ils les moyens de leurs missions politique sociale et économique ?
  • Comment comprendre l’absence d’une convention collective pour régir les conditions de travail des journalistes au Mali ? A-t-on oublié que sans une presse libre au charbon, la révolution de mars 1991, que l’on s’apprête à commémorer, serait restée un rêve inaccessible !
  • Comment comprendre que depuis l’institutionnalisation de l’aide publique à la presse par le président Alpha Oumar Konaré, sur le budget de la présidence, cette aide n’a connu aucune augmentation ? Au contraire, elle a connu une constante diminution, proportionnellement au nombre croissant des nouveaux titres. En outre, comment comprendre que le déplacement de ce fonds vers le budget du ministère de l’Economie et des Finances n’a pas permis d’apporter une amélioration? Pourquoi, comme dans certains pays, l’aide publique n’est-elle pas indexée au budget de l’État ?
  • Quels que soient les motifs de sa disparition (délibérée ou forcée) Birama Touré que nous espérons en vie et bien portant, est victime et non coupable. Il est victime de la précarité dans laquelle vivent les professionnels de la presse dans notre pays.
  • Pour s’assurer une amélioration de nos conditions de vie et de travail, il est de la responsabilité des hommes de média d’exiger l’application d’une convention collective, et des patrons de presse de réunir les conditions pour exiger une augmentation de l’aide à la presse, ainsi que la subvention de certains matériels.

 

Conclusions

Malgré les efforts conjugués de tous, journalistes, associations de presse, pouvoirs publics, 45 jours après que notre confrère Birama Touré ait été porté disparu, aucun fruit de recherche n’a permis jusque-là, de privilégier une piste pour le retrouver. Nous ne disposons pas d’élément matériel permettant de nous convaincre d’une atteinte physique contre notre confrère ; cependant, aucune piste n’est à exclure dans la recherche d’une clarification. Le Réseau Media et droits de l’homme croît en la nécessité de poursuivre les enquêtes au Mali et au-delà, et de poursuivre certaines actions de valorisation de nos entreprises de presse, et de notre presse nationale. D’où les présentes recommandations :

  • Le Réseau Media et droits de l’homme (RMDH) recommande aux pouvoirs publics de faire une déclaration prenant acte de la disparition du journaliste et indiquant les actions entreprises ou envisagées pour le retrouver ;
  • Le RMDH encourage la Maison de la presse, l’Association des Éditeurs de presse privée (ASSEP), l’Union des Radios et Télévisions libres (URTEL), le Groupement patronal de la presse, l’association des jeunes reporters, le Syndicat national des journalistes, les défenseurs de la liberté d’expression… à se mobiliser davantage pour amener les autorités maliennes à s’impliquer afin de clarifier cette situation confuse, et de retrouver notre confrère Birama Touré ;
  • Recommande à la maison de la presse d’entreprendre toute action permettant de localiser (si les moyens technologiques le permettent) la puce et le téléphone du journaliste, qui aurait continué de sonner sans réponse, les samedi 30 et dimanche 1er février 2016 ;
  • Demande à la famille de Birama Touré, une plus étroite collaboration pour permettre de clarifier cette affaire ;
  • Le RMDH recommande au syndicat de la presse, aux organisations membres de la Maison de la presse d’organiser une journée de débat entre journalistes et patrons de presse sur les conditions de vie et de travail des journalistes. Comment sortir les journalistes de la précarité en améliorant leurs conditions? Quelle est la part de responsabilité des promoteurs et celle des journalistes dans l’épanouissement d’une entreprise de presse? Qui doit faire quoi ? Pourquoi la presse malienne reste-t-elle sans convention collective ?
  • Le RMDH recommande à l’association des Éditeurs de presse privée (ASSEP) au Groupement patronal et au syndicat de la presse, d’amener les entreprises de presse à réunir les conditions pour exiger le relèvement de l’aide publique à la presse à 1,5 milliard de FCFA, à travers son indexation au budget de l’Etat, et à l’instar du financement public des partis politiques.

Bamako, le 15 mars 2016

 

Pour le RMDH/ Le président

 

Boukary Daou

 

 

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