Le séminaire, qui a regroupé une trentaine de journalistes et de membres de la société civile, s’est ouvert sur les témoignages des journalistes sur les difficultés des médias du Mali face aux conflits dans le pays. Sandra Van Edig a peu après présenté le thème sur l’escalade des conflits vue par Friedrich Glasl qui, selon elle, est un modèle disponible pour analyser les conflits.
Quant à Mathias Manirakiza il s’est penché sur le rôle et l’influence des médias, exemple du Burundi. C’est ainsi qu’il a fait remarquer que, de 1992 à 1995, la presse écrite était véritablement un médium de la haine, avec l’apologie de la violence, allant jusqu’à des appels au meurtre.
Mais en 1996, on a assisté à la naissance de media libres, facilitée par des journalistes professionnels et des ONGs internationales. Dès lors, par opposition à la presse d’Etat, ce sont les médias indépendants qui ont favorisé le dialogue, en donnant la parole à tous. Les atouts étaient notamment la diversité des équipes, l’usage de termes favorables, ce qui fait que les radios indépendantes étaient très suivies. Dès lors, le conflit prenait plutôt un visage humain.
«Grâce au travail des media, les négociations ont pu commencer, car les acteurs se connaissaient déjà. Des accords de paix ont été signés et la paix retrouvée. Aujourd’hui, le risque de la reprise du conflit est grand, mais les journalistes veillent à la moindre exaction», a-t-il conclu.
Les travaux de la journée du mardi 12 novembre furent consacrés au thème «journalisme sensible aux conflits», que Mme Sandra définira comme étant un journalisme pratiqué par des hommes de médias sensibles aux faits et aux évènements. Ce faisant, ceux-ci donnent aux auditeurs et aux lecteurs une occasion de découvrir et de considérer des réponses non-violentes aux conflits.
Le journaliste sensible aux conflits utilise, selon elle, l´analyse, pour comprendre les conceptions de balance et de respect, dessine une carte qui connecte les journalistes avec leurs sources d’information, les acteurs du conflit, les évènements et les conséquences de leur travail.
Concernant l’éthique du travail journalistique, Mme Sandra a conseillé la créativité, la conscience professionnelle et la sensibilisation par rapport aux éléments non-violents dans le travail pratique au quotidien.
Les travaux de cette deuxième journée se sont terminés par des groupes de réflexion sur les thèmes: autorégulation, rôle des femmes dans les conflits, indépendance économique des médias et, enfin, bases juridiques des médias, dirigés par Ousmane Bamba.
Pierre Fo’o Medjo