Média : Affaire Boukary Daou : Un procès bien procédurier

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Arrêté arbitrairement par la sécurité d’État le 6 mars dernier puis transféré à la brigade d’investigation judiciaire (BIJ) et à la maison centrale d’arrêt de Bamako, le Directeur de publication du Journal Le Républicain, Boukary Daou, a obtenu la liberté provisoire le 02 avril dernier. Lors de l’audience du 16 avril, avant tout débat sur le fond de l’affaire, les avocats de la défense ont soulevé une exception pour défaut de citation et devant être sanctionnée par l’annulation de la poursuite. Le verdict sur cette exception qui devrait tomber hier 23 avril 2013 a finalement été renvoyé au 30 avril prochain.

Boukary Daou
Boukary Daou

Hier, le tribunal de la commune IV de Bamako était plein à craquer. Un public intéressé et de nombreux hommes de média maliens et africains, étaient présents pour marquer leur solidarité et assister au jugement de l’affaire Ministère public contre Boukary Daou, Directeur de Publication du quotidien Le Républicain, inculpé pour ‘’incitation aux crimes et délits, et publication de nouvelles fausses’’. Des défenseurs de la liberté d’expressions, d’opinion et de la démocratie étaient au rendez-vous. Comme lors de l’audience du 16 avril, où des journalistes sont arrivés de la sous-région dont Fatou Jiagne Senghore, Madiambal Diagne du Forum des Éditeurs africains et Hamadou Tidiani Sy de West-Af News, pour exprimer leur solidarité au journaliste malien Boukary Daou. Pour ce procès du 23 avril, le Sénégalais Tidiani Sy est retourné à Bamako et a été témoin du déroulement de l’audience. De même, la représentante de l’Union des journalistes de l’Afrique de l’Ouest (Ujao) Ndey Tapha Sosseh était au rendez-vous pour apporter le soutien de son organisation à la presse malienne à travers l’Affaire Boukary Daou. Aussi, l’Ambassade des États-Unis d’Amérique était représenté par Saloum Togola, spécialiste des questions politiques.

Les avocats (plus d’une dizaine) dont Me Lamissa Coulibaly, Cheik Oumar Konaré, Amidou Diabaté, Djibrilla Maïga, Me Neima, Me Karambé, Me Camara etc ont soulevé des exceptions sur la nullité pour défaut de citation du prévenu. Cette nullité entraîne selon les avocats de la défense, une annulation pure et simple des poursuites. Le verdict sur cette exception qui devrait tomber hier 23 avril 2013 a finalement été renvoyé au 30 avril prochain par le juge. « Le principe contradictoire n’a pas été respecté. La demande de rabat du délibéré n’a pas été adressée à certains avocats. Tant que l’affaire n’est pas vidée sur les exceptions nous ne participerons pas au débat. On ne peut pas nous embarquer en matière de droit commun alors qu’il s’agit d’un domaine spécial, celui de la presse. Le droit c’est la forme et fond. Il n’y a pas de citation dans le dossier », ont plaidé les avocats en faveur de leur client, Boukary Daou. Les échanges ont été très tendus entre la pléiade d’avocats du barreau malien et le représentant du ministère public, Idrissa Touré concernant les exceptions. « Le président de la république ne me paye pas. Je suis payer en fonction du travail que je suis entrain de faire. Les présidents viennent et passent et les magistrats restent. Le parquet est indivisible », a déclaré le représentant du ministère public. Après avoir écouté les uns et les autres, sans rappeler qui que ce soit à l’ordre, le juge audiencier, a mis le délibéré sur l’exception de la nullité de la procédure au 30 avril prochain.

Tout juste après l’audience une conférence de presse fut animée à la maison de la presse par Me Lamissa Coulibaly, Me Karambé et Me Camara qui ont expliqué que les avocats ont voulu quitter la salle pour ne pas cautionner le vice de forme. « C’est la citation qui manque dans cette procédure. Puisque Boukary Daou n’a pas été cité, il ne peut pas comparaître et la poursuite doit être nulle. Ce n’est pas séant pour un plaideur de renoncer à son droit. Nous sommes légalistes et restons attachés au respect de la procédure. L’avocat Me Lamissa Coulibaly a salué la solidarité des hommes de médias : « Jamais un prévenu n’a eu autant de soutien. Au nom de notre client Boukary Daou, nous remercions l’ensemble de la presse malienne », a-t-il conclu.

Aguibou Sogodogo

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2 COMMENTAIRES

  1. Si les poursuites ne sont pas purement et simplement ABANDONNEES, nous démontrerons aux yeux du monde que le Mali de 2013 est bel et bien redevenu une république bananière!!!

    Si les autorités d’un pays, Président, Ministre de la Justice, magistrats, etc. sont capables de maintenir et de cautionner une telle violation des textes: En l’absence de mandat officel L’arrestation est ILLEGALE, et la détention l’est encore plus, et en l’absence de citation à comparaitre, les poursuites elles-meme sont parfaitement ILLEGALES!!

    Au vu des évènements qui secouent le pays, les regards de la planète entière sont focalisés sur le Mali; Allons-nous en plus maintenant montrer que le peuple Malien est suffisamment soumis, passif, et « mouton » pour laisser tranquillement une justice pourrie au service et aux ordres de « en haut » faire ce qu’elle veut!!!!!

    Meme sous le régime pourri d’att-le-nullard, nous ne sommes jamais descendus aussi bas!!!

    Si nous laissons cette pathetique mascarade de justice aller au bout, si nous laissons nos soi-disant “autorités” poursuivre en justice nos journalists (quels qu’il soient, et quelle que soit la valeur de leurs articles!) alors nous tous fins prets à troquer notre nationalité Malienne pour la nationalité Gondwanaise!
    Au cours d’une plaidoirie, il est une formule consacrée dans la bouche de la Défense: “La Cour appréciera!…”
    En l’occurrence, si les poursuites de Daou sont maintenues, L’OPINION INTERNATIONALE TOUTE ENTIERE APPRECIERA de la meme façon!

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