Marche de protestation de la presse : «PLUS JAMAIS ÇA»

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                La presse malienne publique et privée (Directeurs de Publication, Editeurs, Journalistes, Revendeurs, Imprimeurs, etc.) dans une mobilisation sans pareil a fait passer son message de solidarité à travers la grande marche de protestation qu’elle a organisée ce mardi 17 juillet 2012, du siège du journal l’Indépendant à la primature.

C’est donc en bloc que la crème de la presse malienne avait répondu à l’invitation des organisations professionnelles pour protester contre la série d’attaques ayant visé  les journalistes.

En effet, très tôt le matin les abords du siège de l’Indépendant étaient pris d’assaut par des centaines de journalistes. Il s’agit pour l’ensemble de ces hommes et femmes de signifier leur refus de bâillonnement de la presse tout en réaffirmant leur détermination à poursuivre leur boulot. Des banderoles et autres affiches utilisées, le message était clair, les journalistes dénoncent les exactions des escadrons qui tentent de les terroriser et de les museler. Des slogans tels que : “ plus jamais ça “, ” Non aux intimidations ” ” Vive la liberté de la presse ” ” Vive la démocratie ” “Non aux escadrons ” ont jalonné la marche. C’est dans une ambiance d’unanimité que les journalistes avaient massivement répondu à l’appel des organisations professionnelles indignées par le caractère de plus en plus organisé et planifié de ces agressions.

En conséquence, de l’attaque des confrères Saouti Labass Haidara, Abdrahamane Kéïta et des diverses tentatives déjà déjouées, il est clair et net que ce sont bien des groupes organisés qui sont à l’œuvre avec des  armes de guerre. Des commentaires tout au long de la marche, certains confrères sont convaincus que les auteurs de ces agressions sont connus.

Ainsi, commentait un Directeur de publication : “ Ce sont ceux qui ont agressé le président Dioncounda Traore qui continuent d’attaquer les journalistes, alors il faut les mettre hors d’état de nuire, puisque des images existent… “.

En outre il a aussi été établi que les 2 pick-up qui ont enlevé M. Haïdara avaient des armes à l’arrière, donc à ciel ouvert. Qui peut oser de telle audace si ce ne sont des milieux professionnels. Ainsi, du départ de la marche à l’arrivée à la primature, les hommes et les femmes de média n’ont pas cessé de dénoncer ces méthodes barbares dignes d’une autre époque. Alors tout au long du trajet les journalistes ont marqué leur indignation face à la dynamique de violence qui s’installe avec son corolaire d’instabilité. Il est donc impératif que le gouvernement de transition prenne ses responsabilités, avant que ce ne soit trop tard, avant que la peur ne s’installe dans les esprits.

De l’avis même de nombreux doyens ayant participé à la marche rarement ils auront vu les journalistes maliens mobilisés de la sorte pour une marche de protestation. Cette unanimité dans la mobilisation en dit long sur l’agacement des journalistes face à l’intimidation et la volonté de certains milieux obscurs de museler les medias.

En tout cas à la primature lors de la remise de la déclaration au cabinet du Premier ministre les assurances sont équivoques pour le gouvernement, qui est déterminé à prendre toutes ses responsabilités face à la dérive.

Pour leurs parts certains hommes politiques tels Pr. Aly Nouhoum Diallo, Mohamed Thiam, Me Mountaga Tall, Mme Sy Kadiatou Sow et son époux Ousmane Sy, Me Mamadou Gakou, Djiguiba Kéïta dit PPR, Daouda Touré ont participé à la marche tout comme certains citoyens lambda soucieux de la liberté de la presse et d’expression. Selon Daouda Touré, ”  cette marche est salutaire et c’est dure de voir que des gens se sont battus pour la liberté d’expression dans ce pays et aujourd’hui il se trouve que cet acquis est en train de tomber dans l’eau ; ensemble nous devons combattre les démons de la démocratie“. Tous avaient la mine serrée, triste de voir qu’on agresse encore un journaliste pour le simple geste d’avoir dit la vérité sur certains sujets.

Partout où le cortège a passé à travers l’ACI 2000, les riverains et autres passants n’ont pas manqué de signifier leur soutien à la presse avec souvent des slogans improvisés de soutien : ” nous sommes derrière vous “, ” qui s’attaque à vous s’attaque au peuple “, ” nous sommes fiers de vous “, “vous êtes les piliers de la démocratie “.

En attendant la suite des événements c’est donc en bloc que les journalistes ont protesté contre les agressions, les intimidations qui tentent d’installer la peur et l’angoisse dans la presse  et  alors agir dans leur sale besogne sans souci de se faire dénoncer.

Assétou Kanté

Youna KONATE

 Réaction lors de la marche contre les agressions des journalistes

Aujourd’hui, je suis présent à cette marche pour témoigner la solidarité de tous les militants de l’URD à l’endroit de l’ensemble des journalistes agressés  et  au  combat de la presse pour la liberté.  Je profite pour souhaiter, au nom de l’URD, un prompt rétablissement aux journalistes Saouti HAIDARA et Abdramane KEITA. Nous trouvons inadmissible que de tels actes soient posés dans notre pays qui était considéré, il y a quelque  mois seulement, une référence mondiale en matière de liberté de la presse. Les acquis démocratiques doivent être consolidés à jamais.

Nous invitons les autorités judiciaires à ouvrir une information judiciaire sur ces différents actes d’agression barbares et intolérables. En menaçant la liberté de presse, nous comprenons que ce sont toutes les libertés qui risquent d’être compromises. L’article 7 de la Constitution du Mali stipule que la liberté de presse est non seulement reconnue mais garantie.

Il faut rester mobiliser afin que tous les droits constitutionnels soient respectés.

Adama COULIBALY

 

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