Mali : La journée internationale de la presse tombée dans les oubliettes

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Les hommes de médias au Mali ont dérogé, cette année, à la tradition en ne fêtant pas la date du 3 mai, journée internationale de la presse.

Makan Koné, président Maison de la presse du Mali

La vive tension entre les putschistes et les éléments de la garde présidentielle de l’ancien président de la République Amadou Toumani Touré qui a fait tomber le pays dans un cycle de violence, il y a trois jours, est, certainement, passée par-là.

Face à la situation d’insécurité qui règne dans le pays, surtout à Bamako, la capitale malienne, les hommes de médias se cherchent.

La plupart des journaux ont suspendu leur parution d’hier jeudi à cause du climat d’insécurité qui a également paralysé l’administration publique. Le mercredi 2 mai 2012, la vie  tournait au ralenti à Bamako. Les citoyens ont été priés de vider les bâtiments publics par les désormais hommes forts du pays : le CNRDRE. Ainsi, les banques ne sont pas allées par mille chemins pour fermer leurs portes aux clients. Malgré le climat de terreur, les organisations professionnelles des médias au Mali devaient marquer la journée internationale de la presse. Seule la maison de la presse s’est contentée d’un communiqué laconique. (lire le texte en bas).

Elles en avaient obligation surtout face à la situation que vit le pays  (conflit entre les putschistes qui ont renversé le président ATT et les éléments restés fidèles à celui-ci, crise scolaire et banditisme armé au nord). Toutes choses qui ont ouvert la voie à des dérives, au manquement à la déontologie et à l’éthique de la profession.

Aujourd’hui, le métier de journaliste, d’animateur ou de technicien des médias est assez galvaudé au Mali où n’importe qui peut devenir journaliste ou directeur de publication.

La profession est devenue un refuge, un tremplin pour beaucoup, souvent venus de nulle part sans aucune référence universitaire, qui n’hésitent devant rien afin d’assouvir leurs intérêts personnels. Pour cela, ils n’ont ni respect, ni considération pour nos Institutions, ainsi que pour nos us et coutumes.

Vivement une réorganisation des médias au Mali afin que    le journaliste ou l’animateur de radio ou de télévision puisse avoir le sens élevé de la déontologie et de l’éthique et se batte pour redorer le blason de la profession.

La journée internationale de la presse était l’occasion en or  pour poser l’équation afin de trouver des solutions idoines. Mais hélas, les organisations professionnelles des médias ont failli à leur mission.        Alassane DIARRA

                                                                                                        

La Maison de la presse obligée de remettre ses activités à plus tard

 

A l’instar de la communauté internationale, le Mali célèbre chaque 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse. Cette Journée a été initiée, en 1991, par l’Unesco et le département de l’information des Nations unies aux termes d’une conférence tenue à Windhoek, en Namibie. La conférence, qui a donné naissance à la Déclaration de Windhoek, met l’accent sur l’idée que la liberté d’expression sous-entend le pluralisme et l’indépendance pour les médias de masse en général.

La Journée du 3 mai 2012 intervient chez nous au Mali dans un contexte particulier et nous oblige à remettre toutes nos activités à plus tard. En effet, malgré le retour à l’ordre constitutionnel après le coup d’Etat du 22 mars dernier, force est de reconnaitre qu’à l’instar des autres secteurs, celui de la presse rencontre d’énormes difficultés en termes d’accès à l’information. Surtout celles provenant de la partie du Nord du pays. On assiste souvent, depuis le coup d’Etat, à des agressions et menaces à l’encontre – souvent – de confrères d’agences étrangères, à des interpellations musclées, à des pillages et destruction de matériels, particulièrement au nord

Comme l’a signalé Reporters sans frontières, “presque aucune information sur la situation dans cette partie du pays, actuellement sous le contrôle de divers groupes armés, ne filtre au sud ou à l’extérieur du pays. Dans l’ensemble de cette région, seule une radio privée, située à Tombouctou, fonctionne. Des journalistes de Gao, Tombouctou et Kidal ont fui la zone occupée pour se réfugier à Bamako ou dans des pays voisins, comme le Niger. Il en résulte un manque d’informations sur la situation exacte sur le terrain, la situation humanitaire et les conditions de vie des populations civiles”. Il est important cette année de souligner d’un trait rouge la situation que traverse  – depuis mi-mars – l’Office de radio-télévision du Mali (ORTM) et de nos confrères qui y travaillent. A l’issue du coup d’Etat, en plus du choc subi chez les travailleurs, le matériel de travail a été sérieusement endommagé et les militaires occupent toujours les locaux rendant les conditions de travail difficiles.

Même si, en dehors des médias d’Etat, le reste des organes de presse et des journalistes du Sud parvient à travailler de manière habituelle, malgré le manque de renseignements sur la situation politique dans le Nord, il faut dire que la situation présente a des conséquences sérieuses sur l’état de la liberté de la presse dans notre pays. En effet, constamment classé parmi les cinq pays les plus respectueux du travail des journalistes sur le continent, le Mali figurait à la 25e position, sur 179 pays, dans le classement 2011-2012 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Les événements de ces trois dernières semaines portent un coup rude à cette l’image positive que véhiculait le pays jusque-là.

La Maison de la presse qui espère sur un retour à la normale, invite le peuple malien tout entier à surmonter les épreuves en puisant dans ses valeurs cardinales. Tout en reportant à une date ultérieure les festivités marquant la Journée, elle souhaite bonne fête de 3 mai à tous les journalistes et prie pour le retour de la paix, de la sécurité et de la quiétude partout au Mali.

Makan Koné, Président de la Maison de la Presse du Mali

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