C’était à l’occasion de la commémoration de la date anniversaire du 26 Mars 1991, à la Maison de la Presse où une Conférence-débat a été organisée par la presse malienne sur le thème : «L’ETAT DES LIEUX DE LA PRESSE DE PRESSE DEPUIS LE 22 MARS 2012 AU MALI : BILAN ET PERSPECTIVES». Mahamane Hamèye Cissé, Président du Comité de Crise Boukary Daou et Directeur de Publication du journal Le Scorpion non moins Conférencier n’a pas marché sur ses sentiments. Lisez plutôt sa communication
I.Le 26 mars fut un long cheminement
Cheminement fait de toutes sortes des privations, d’exactions, souvent de pires formes et du culte de l’inculture démocratique.
Cette séquence de l’histoire du Mali aurait du s’arrêter en mars 1991, tellement des femmes et des hommes se sont sacrifiés ou risqué gros.
Parmi eux il ya des politiques, certes, mais aussi de simples citoyens dignes et courageux, et bien sûr des hommes et des femmes de médias. Tous ces héros, souvent anonymes sont restés dignes et fideles à leur idéal de base : libérer le Mali du joug des gangs du 19 novembre 1968, et de divers prébendiers qui ont pris en otage la révolution du 26 mars 1991 et qui depuis surfent sous différentes étiquettes dans les autres sphères de l’Etat et de l’administration publique nourris et blanchis par le contribuable malien qu’ils méprisent pourtant exagérément.
Cela veut dire simplement que beaucoup ont cédé aux délices du pouvoir souvent mal conquis et oublié le grand sacrifice des accompagnateurs, de la population, de tous ceux qui étaient sans calcul politique comme par exemple les hommes de médias, la grande masse des salariés, les chômeurs, les paysans, les consommateurs etc.
En réalité, cette nette trahison a été pressentie aussitôt après les élections de 1992 suite au charcutage des textes issus des 1ères Journées de l’information et de la communication. L’exécutif d’alors qui a reconnu ce coup de pied à la presse s’est ressaisi en 2000 en relisant les textes, même à moitié, mais c’est déjà bien, car signe de bonne volonté retrouvée.
La décennie suivante fut très opportuniste et joua au cache cache avec les medias, jouant et déjouant habillement et allant jusqu’à proposer une relecture sur mesure de l’ensemble des textes pour davantage instrumentaliser les medias et surtout en faire sa chasse gardée en intronisant dans les sphères de décisions médiatiques femmes et hommes à sa dévotion par le biais de portraits robots des responsables des instances supérieures de médias appeler à régenter le secteur.
En se projetant ainsi, le régime ATT laissa carrément de coté les propositions et réflexions de la profession et des organisations de défense des libertés issues des 3èmes Journées Nationales de l’Information et d la Communication.
Il faut le dire, c’est le grand péché de la commission Daba.
C’est aussi le grand péché que la transition s’apprête à commettre en faisant adopter les textes petitement démocratiques de cette Commission, comme cela apparait clairement dans la fameuse feuille de route de la transition.
Là, nous osons espérer que c’est par méconnaissance de la situation que le gouvernement s’est accroché presque à faire valider les textes ATT de la Presse. Nous le dissuadons de le faire car ces textes sont très mauvais à l’image de toute la gouvernance sous ATT.
L’alternative crédible est de se référer à la profession, qui a déjà travaillé sur la question et reste disponible à coopérer. A défaut de cette approche, nous allons sans faille considérer cette adoption comme la plus grande violation des libertés d’expression et de presse au Mali depuis 1992, opérée directement par l’Etat et ses institutions impliquées.
II.2012-2013 : l’année du Désastre
En effet, physiquement, la presse malienne ne s’est jamais portée aussi mal que les douze derniers mois.
Immanquablement les historiens relèveront cela, mais en attendant, c’est à nous de l’écrire en qualité d’historiens du présent.
En 2012, avant le putsch du 22 mars, le Mali était au 25ème rang mondial en matière de liberté de la presse, selon le classement de Reporters sans Frontières.
Un an après, le pays a dégringolé à la 99ème place. Même sous ATT, lorsqu’en 2007, cinq journalistes avaient été arrêtés et emprisonnés à la suite de la rocambolesque affaire dite « La maîtresse du président », le pays n’est pas tombé si bas.
C’est que le coup d’Etat a complètement désarmé les bonnes mœurs politiques et mis sur orbite les milieux hostiles à l’expression plurielle qui ont commencé à s’exprimer comme en véritables gangsters. Les autres, les démocrates d’hier pour l’essentiel se complaisent dans un silence coupable.
C’est notamment le cas de la réduction drastique de l’aide publique déjà insignifiante de l’Etat à la presse de 60% en ces temps difficiles de crise, d’insécurité où le rôle de la presse est décuplé donc largement plus important qu’en temps de paix.
Le résultat est là, très fâcheux pour le Mali : hormis la dégringolade vertigineuse de la 25ème à la 99ème place du classement mondial des pays respectueux de la liberté de presse (soit une chute de 74 marches !), il a été recensé quelques 62 violations de cette liberté fondamentale à travers le Mali.
Concrètement, il s’agit des attaques, agressions, menaces, intimidations, appels téléphoniques anonymes, harcèlements, tentatives d’assassinat, arrestations arbitraires par tant les mouvements séparatistes et islamistes dans les régions du Nord, , des milices et autres gros bras (au service de qui ?) que les forces de sécurité gouvernementales.
Pendant cette période de transition politique, les journalistes ont été soumis à rudes épreuves. Rappelez-vous la longue liste des menaces, intimidations, harcèlements et agressions durant cette année contre les journalistes :
Dramane Traoré du Mamy, animateur Radio Kayira
Ramata Dia, Directrice de Radio Guintan
Dramane Aliou Koné de l’Indicateur du Renouveau et Président de l’ASSEP
Abi Baby, Rédacteur du journal L’Agora
Hamidou Wane du journal l’Impact
Lassine Traoré Directeur de Radio de la Radio FR3
Makan Koné, Président de la Maison de la Presse
Jacques DEZ, Directeur de Radio Kledu
Kassim Traoré, Redacteur en chef adjoint de Radio Kledu
Hamidou Diarra dit Dragon, animateur Radio Kledu
OU encore les interpellations par la SE de :
Tiébilé Drame, fondateur du Républicain
Souleymane Maïga, Secrétaire de la rédaction du Républicain
Birama Fall, Directeur de publication du journal Le Prétoire, le 9 mai 2012 par la même Sécurité d’Etat.
Chahana Takiou, Directeur de publication du journal 22 Septembre, le 24 mai 2012
ENCORE l’enlèvement suivi de torture et délestage le 2 juillet 2012 de Abdramane Kéïta, Directeur de la Rédaction du journal Aurore
L’enlèvement (au siège du journal), torture et laissé pour mort 12 juillet 2012 de Saouti Haïdara, Directeur de publication du journal L’Indépendant
ET PUIS, DEPUIS LE 6 MARS 2013, Boukary Daou, Directeur de publication du journal Le Républicain est privé de liberté. Séquestré pendant une semaine à la SE, il est aujourd’hui détenu à la prison civile de Bamako.
Il aurait été souhaitable que la Sécurité d’Etat (SE) s’intéresse plutôt à ce qui a fait et fait encore une honte nationale pour le Mali : l’attaque, l’agression et les violences physiques contre le président intérimaire le 21 mai 2012 dans son bureau présidentiel au palais de la République à Koulouba.
Les images de la scène diabolique, les scènes de fraternisation, entre agresseurs pour certainement bon boulot, ont fait le tour du monde. Mais, qui a été inquiété raisonnablement ? Qui a été interpellé, détenu à la Sécurité d’Etat en rapport avec cette agression et tentative préméditée d’assassinat sur la personne du président intérimaire, M. Dioncounda Traoré ? Sommes toutes rien, et cela depuis un an ! Pourtant, c’est là, le vrai champ d’action de la SE.
Au lieu de tout cela, c’est le profil bas, jusqu’à l’agressé qui pardonne ! En réalité, il abdique par ce que l’homme qui a choisi de s’attaquer à la presse indépendante depuis la Mauritanie n’est vraisemblablement pas le même qui pardonne sur son lit d’hôpital parisien ses agresseurs.
Donc, les journalistes ont raison de croire que la SE n’agit probablement pas de son propre chef. Alors qui est derrière tout ça ? Pour l’instant la réponse est sans objet. Ce qui nous intéresse c’est que la SE dépend du président Dioncounda. L’histoire jugera, mais déjà observons que nous avons là une véritable dérive antidémocratique dont le responsable immédiat ne peut être que le président de la république. Il partage une certaine coresponsabilité avec les acteurs du coup d’Etat du 22 mars dans le cadre de la désorganisation globale du pays.
En revanche, il faut noter que malgré tout cet enfer, la presse par ses actions a essayé du mieux qu’elle peut de jouer sa partition dans la résolution de la double crise (institutionnelle et sécuritaire).
En plus des actions de veille et d’alerte en vue de prévenir l’irréparable, elle était la toute première entité nationale à organiser EN JUIN 2012 UN FORUM POUR UNE TRANSITION PAISIBLE ET DEMOCRATIQUE ayant regroupé toutes les composantes sociopolitiques du pays. Avant cette date, seul le Médiateur burkinabè a reussi cela et là aussi c’est à Ouaga (voir Ouaga 1, Ouaga2.
A cela, il faut ajouter l’installation, au lendemain des événements de Konna du 10 janvier 2013, d’une rédaction de proximité à Sevaré (en fait une équipe d’envoyés spéciaux) par la Maison de la Presse en collaboration avec l’URTEL, l’ASSEP, le Groupement patronal de la presse avec le soutien de la coopération française.
III. Perspectives
1.Solidarité et union sacrée des professionnels des médias
2.Interpellation des autorités sur la suite des enquêtes et poursuite des actions pour la libération de Boukary Daou
3.Relecture des textes régissant les médias
4.Extension de la rédaction de Sévaré à Tombouctou, Gao et Kidal
5.Renforcement des capacités des acteurs de médias
6.Renforcement des capacités des journalistes en culture de la paix, consolidation de la paix et sécurité
Par Mahame H. Cissé
La sécurité d’état ne peut s’intéresser au dossier de l’agression du président de la république car elle se trouve derrière cette agression.
On ne peu inculper soit même donc attaquons les journalistes sous le fondement de l’état d’urgence.
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