Les journalistes payent parfois de leur vie leur soif d’informer leurs lecteurs. Ils sont nombreux à être enlevés, séquestrés, et même tués lors des conflits armés. Le cas de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de RFI, retrouvés morts près de Kidal après leur enlèvement est dans toutes les mémoires.
Malgré tout cela, la presse malienne est la moins traitée de la sous région. Le chef de l’état lui-même ne disait-il pas en substance qu’une presse qui rase le mûr ne saurait être impartiale, libre. Heureusement qu’elle a trouvé en l’opposition un défenseur de taille qui ne rate aucune occasion pour la soutenir. Le président de l’Union pour la République et la Démocratie et actuel chef de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé, lors de la présentation des vœux de son parti à la presse avait donné le ton. Il avait souligné les graves risques encourus par les hommes de média dans l’exercice de leur profession, pour preuve l’assassinat de 118 de nos confrères en 2014 dans le monde selon la fédération internationale des journalistes. L’Honorable Cissé avait insisté sur la protection des journalistes et la promotion de la liberté d’expression qui doivent être la priorité de tous les gouvernements épris de paix et de justice. Il avait regretté que la liberté de la presse qui faisait la fierté de la presse malienne soit un lointain souvenir. L’URD, par la voix de son président, s’était dit résolument engagée pour la liberté de la presse telle que reconnue et garantie par notre constitution. Il lui avait rendu hommage en tant que le porte-voix de l’opposition qui ne cesse de dénoncer, à chaque fois que c’est nécessaire, les dérives du pouvoir. Selon lui la presse, quatrième pouvoir de l’Etat, a été traitée de tous les noms d’oiseaux, humiliée dans l’exécution de sa mission d’informer. On se souvient que l’Honorable Cissé avait promis d’appuyer la presse à l’AN pour le vote des textes comme l’adoption de l’ordonnance portant sur la création de la haute autorité de la communication et l’indexation de la presse au budget d’Etat.
Il y a une semaine, c’est l’Honorable Mody N’Diaye, porte parole du groupe parlementaire VRD, qui était le bras armé de la presse malienne. C’était à l’AN lors de la déclaration de la politique générale du gouvernement par le premier Ministre Modibo Keïta. Ce dernier a omis de citer la presse et de dire ce que le gouvernement qu’il dirige entend faire pour elle. Lors de sa déclaration, l’Honorable Mody N’Diaye n’a pas laissé passer sous silence ce qu’on peut qualifier de manque de considération pour la presse, quatrième pouvoir de l’état. Il l’a souligné en ces termes : « Au Mali, la presse est considérée comme le précurseur de la lutte pour la liberté d’expression. Pourtant vous ignorez (le 1er Ministre) complètement la presse dans votre DPG. Pas une seule mention sur l’aide publique à la presse dont le montant a été curieusement revu à la baisse (de 200 à moins de 100 millions FCFA) ». En effet, pour conforter ce qu’avait dit l’Honorable Mody N’Diaye, l’aide à la presse est passée de 200 millions à exactement 90 millions faisant ainsi de la presse malienne le parent pauvre en Afrique de l’Ouest, alors qu’au Sénégal, au Burkina ou en Côte-d’Ivoire cette aide avoisine le milliard de nos francs.
Bravo l’opposition. Pourvu que ça dure.
Mr Séran SACKO
Nul
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