Du 9 au 10 avril s’est tenu au Burkina Faso, un atelier de formation à l’intention des journalistes du Niger, du Mali et du Burkina Faso sur le thème ” enjeux de la crise du nord Mali pour les journalistes ouest africains “. Les deux jours de travaux ont été marqués par des communications portant sur l’origine et l’évolution de la crise touarègue, la mauvaise interprétation des lois islamiques dans le cas du nord Mali, le reporter de guerre ainsi que le Burkina Faso face à la menace terroriste : stratégies préventives et réactives, entre autres.
Organisée par Reporter du Faso avec l’appui de l’International Négoce, cette rencontre du donner et du recevoir visait essentiellement à permettre aux journalistes de mieux cerner les contours de la crise malienne, mais aussi et surtout de renforcer leurs capacités en matière de couverture des conflits de manière générale.
Ainsi, les travaux de la première journée ont été marqués par la présentation des communications sur des thèmes comme : “Origine et évolution de la crise touarègue ” animée par Dr Mahamadou Ouedraogo, ancien ministre et conseiller du président du Faso, “ le Burkina Faso face à la menace terroriste: stratégies préventives et réactives “, faite par le Colonel Omer Bationo, Directeur de la sécurité intérieure du Burkina Faso. A cela s’ajoute une autre présentation relative à la mauvaise interprétation des lois islamiques : cas du nord Mali, exposée par Mohamed Kimbiri, membre du Haut conseil islamique du Mali. Le Dr Mahamoudou Ouédraogo, ancien ministre, Conseiller du Président du Faso, s’est largement appesanti sur l’origine de la crise touarègue, depuis l’occupation coloniale des territoires du Sahara jusqu’au projet de création de l’Organisation Commune de la Région du Sahara communément appelé l’OCRS, en passant par les multiples actions de révolte qui ont caractérisé les relations entre les colons français et la minorité touarègue dans les territoires occupés.
” Le projet OCRS fut une trouvaille par laquelle les colons français avaient voulu ériger les territoires occupés en une sorte de protectorat contrôlé par la race blanche. Ce projet échoua grâce à un farouche combat mené par Modibo Keïta qui avait réussi à faire un contrepoids au projet OCRS à travers une alliance qu’il a nouée avec la Russie. Face à une répression sanglante menée avec l’appui de la Russie, les tribus touaregs n’avaient d’autre choix que de reculer ” a-t-il précisé. Dr Mahamoudou Ouédraogo a indiqué qu’au ” Mali la révolte touarègue la plus célèbre contre l’occupant français est celle menée par Firoun. Au Niger c’est la révolte de Kaocen qui est la plus célèbre“. De son coté le Colonel Omer Bationo, a rappelé que le Burkina Faso qui partage une frontière avec le Mali et le Niger, n’est pas à l’abri des menaces terroristes. En effet, il a soutenu que ” ces groupes terroristes n’hésiteront pas à utiliser le territoire burkinabè comme ”zone de refuge” surtout qu’ils sont traqués actuellement jusque dans leurs derniers retranchements”. Face à cette situation, il a souligné que son pays a élaboré une stratégie de lutte contre le terrorisme axée sur la prévention, la protection, la poursuite et la réaction.
Mohamed Kimbiri, dans son intervention a regretté les différents clichés collés à la religion musulmane et la stigmatisation dont a été l’objet le monde musulman, en raison des comportements aveugles répandus par certains groupes terroristes, notamment au nord du Mali. Pourtant, a-t-il poursuivi, l’Islam enseigne la tolérance et n’est pas une religion contraignante. Notons que tous ces exposés ont suscité de nombreuses questions de la part des participants.
Ramata TEMBELY
Envoyée spéciale à Ouagadougou
