La communauté internationale a célébré, le 03 mai 2024, la Journée mondiale de la liberté de presse sous le thème « l’importance du journalisme et de la liberté d’expression dans le contexte de la crise environnementale mondiale actuelle». Au Mali, cette édition, qui marque le 31e anniversaire de ladite journée, a été commémorée sous le thème : « La Presse au service de la planète : crise environnementale et urgence du journalisme». Et comme chaque année, la date a été marquée par la publication du classement mondial de la liberté de la presse par Reporter Sans Frontières a publié. Et c’est la Norvège qui conserve, pour la 8e année consécutive, la tête du classement, suivie du Danemark, et de la Suède. Selon le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF, le trio de tête africain est composé de la Mauritanie 33e mondial, du Seychelles 37e et de l’Afrique du Sud 38e. Ainsi de la 52 place en 2023, le pays de Mohamed Ould Ghazouani se hisse à la première place. Et selon Reporters Sans Frontière, la dépénalisation des délits de presse en 2011 explique en grande partie cette montée spectaculaire de nos voisins mauritaniens. En fin de classement, la Chine, le Vietnam et la Corée du Nord qui occupaient les trois dernières places en 2023. Ils ont été remplacés cette année par l’Afghanistan, la Syrie et l’Erythrée, dont l’indicateur politique a dégringolé, selon l’ONG Reporters Sans Frontière.
Sur l’espace de l’Alliance des Etats du Sahel, le Niger, 80e mondial contre 61 en 2023 occupe la première place, suivi du Burkina Faso 86e mondial, contre 58e en 2023. Et selon Reporters Sans Frontière, la montée de l’insécurité et l’instabilité politique, liée aux coups d’État survenus dans les pays de l’AES ont considérablement dégradé les conditions d’accès à une information plurielle et l’exercice d’un journalisme libre, au détour du « traitement patriotique » de l’information cher aux régimes en place.
Le Mali qui occupait la 99ème place en 2021, 111ème en 2022 et 113 en 2023 est classé 114e en 2024, soit le dernier de l’Alliance des Etats du Sahel. Une réalité peu reluisante mais qui reflète tout de même l’état de la presse malienne confrontée à des tentatives d’intimidation, de musèlement, d’enlèvement et même d’assassinat. C’est le cas des disparitions de Birama Touré, depuis 10 ans, et de Hammadoun Niailibouly, en septembre 2020, de Moussa Bana Dicko, Directeur des programmes de radio Hairé de Boni, en avril 2021, Sory Kone, Directeur des programmes de la radio DANAYA de Souba, en janvier 2023. Dada Bah, animateur à la Radio Dagné FM dans et Abdoul Aziz Djibrilla, animateur à la radio Naata de Labbezanga ont été assassinés respectivement en octobre et novembre 2023. De quoi faire le lit de l’autocensure qu’accentue par ailleurs la réduction des espaces de liberté ainsi que l’état économique de plus en plus désastreux de la presse malienne.
Amidou Keita