Avec ce grand bazar créé par un jeu politique biaisé qui a corrompu toutes les institutions de la République, il n’est pas superflu de se poser la question qui fâche : Pendant ce temps, où était la presse ? Que faisaient les journalistes ?
Une question d’autant plus pertinente que chaque fois qu’une société est malade de sa démocratie, les journalistes demeurent le dernier rempart pour le respect du droit des citoyens à une information vraie et objective. Mais force est de reconnaître que la presse malienne, atteinte par le cancer dont souffre toute la société ou simplement malade de ses propres travers, est agonisante depuis très longtemps. Les pots de vin, le chantage, l’autocensure, le manque de courage, la manipulation, la mauvaise conscience et l’arrimage aux hommes et femmes politiques et aux pouvoirs financiers, l’acharnement gratuit, sont autant de maux qui ont fini de parasiter notre noble profession qui souffre désormais d’un manque criard de crédibilité et de respectabilité auprès de l’opinion publique et des pouvoirs publics maliens. Au lieu de nous montrer dignes du statut honorable de quatrième pouvoir qu’on nous prête si généreusement, nous avons réussi la formidable prouesse d’être un fardeau social et des dangers publics aux yeux de la société. Tout cela parce que certains d’entre nous ont choisi comme « arme » de combat, le chantage quand ils pensent être en position de force, l’affaissement et la soumission en période de disette. Il ne faut donc pas qu’on s’étonne outre mesure que les tirs groupés de ce genre de confrères n’émeuvent point leurs cibles. Au contraire, cela les fait même sourire (pour celles qui auront la courtoisie ou la curiosité de lire), convaincues qu’elles ont affaire à des poules mouillées et des mange-mil qui n’hésiteront pas à se mettre lâchement à genoux pour implorer pardon devant une menace sérieuse de leurs victimes ou à se transformer sans vergogne en griots laudateurs face à la tentation de l’argent.
Malheureusement, les quelques rares confrères qui font encore la fierté de notre noble métier, préfèrent se réfugier derrière le faux prétexte de la solidarité de corporation, alors qu’ils devraient taper sur la table en guise d’alerte contre les brebis galeuses qui ternissent l’image de toute la profession.
Notre valeureux confrère sénégalais, l’écrivain Ben Makhtar DIOP, auteur du livre ‘’Fin du journalisme, sacre de la corruption’’ ne s’y est pas trompé quand il disait ceci : « c’est à se demander si les journalistes n’ont pas peur de se tenir le langage de vérité qu’ils tiennent aux gouvernants à longueur de journée ! C’est à se demander si nous ne préférons pas continuer à vivre dans une corporation en déréliction ! C’est à se demander si panser nos plaies nous arrange ! C’est à se demander si des professionnels auront le courage de dire non aux dérives qui sapent les fondements de notre métier ! C’est à se demander si j’avais besoin de passer du temps à cogiter sur notre devenir pour enfoncer des portes ouvertes ! C’est à se demander si cette permissivité unanimement dénoncée à voix basse ne nous satisfait pas ! Nous tenons de nos prédécesseurs un legs acquis de haute lutte. Nous n’avons donc pas le droit de le vendanger. Nous devons veiller à ce que nos successeurs soient fiers de notre bilan. Nous sommes tous responsables face à cette conspiration du silence. Sauvons notre corporation. Elle est répugnante. Elle pue hors le temps presse. Pour ma part, je suis loin d’être un modèle. Je suis toutefois persuadé qu’il existe dans nos rangs des hommes et des femmes révoltés mais aphones. Ils font profil bas. Ils grognent. Ils rognent. Ils se demandent par quel bout commencer. Ils cherchent un interlocuteur pour remettre la corporation sur les rails. Il n’est plus question de laisser des mercenaires de la plume ternir notre blason. Il faut mettre un terme à cette démission collective ».
Par conséquent, l’absence de formation a certes bon dos, mais elle n’explique ni ne justifie tout et ne peut évidemment pas nous soustraire à nos responsabilités. Parce que la liberté a un prix, c’est l’indépendance. L’indépendance aussi a un prix, c’est l’honneur et la dignité. A bon entendeur salut.
ABD
Enfin !
Quelque chose de sensée .
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