Les hommes de médias, interpellés par le ministre de la Défense

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Invités par l’Union des Radios Libres du Mali (URTL) à cette rencontre d’échanges et d’information  sur la crise du nord, les ministres Sidiki N’Fa Konaté et Général Sadio Gassama, respectivement, ministre de la Communication, Porte- parole du gouvernement et ministre de la Défense et des Anciens Combattants ont échangé avec les journalistes sur la crise du Nord- Mali. C’était hier, à la Maison de la Presse, en présence des coordinateurs régionaux de l’URTL et un parterre de journaleux

 

Dans son mot de bienvenue, le président de l’URTL indique que c’est une rencontre qui s’inscrit dans le cadre des événements du Nord -Mali. Toute chose qui nécessitait la présence des ministres dela Communicationet son homologue dela Défenseet des Anciens Combattants. Il conclut que les recommandations issues de cette rencontre seront remises au ministre dela Communication, Porte parole du Gouvernement.

Les deux ministres ont profité de l’occasion pour interpeller sur les conséquences pouvant résulter d’une mauvaise couverture de la crise du Nord. 

 Medias : le meilleur sans… le pire 

 Sidiki N’Fa Konaté a, d’abord, rappelé qu’il n’est pas venu à cette rencontre pour donner des leçons. Ou faire la morale à  ses jeunes frères. Mais pour partager, avec eux, lui, les préoccupations de la nation.  Les medias informer, sainement, les populations. «Le plus grand danger, ce n’est pas les attaques, encore moins les morts. Le plus grand danger, c’est ceux  qui ont pris les armes pour déchirer le tissu social. C’est aussi, nous mêmes à travers notre façon de communiquer », indique Sidiki Konaté. Avant d’ajouter que nous devons nous battre pour conserver le tissu social. Car, ajoute t-il, ce que les autres admirent au Mali, c’est sa cohésion sociale. Et cette cohésion, poursuit-il ajouté, ne peut être préservée que par la bonne communication. Le ministre de la communication n’a pas manqué de rappeler un principe sacro-saint du journalisme. «Ce n’est pas parce qu’une information est vraie qu’il faut la communiquer. Car une vraie information n’est pas forcement une bonne information. Surtout quand elle crée la haine» a-t-il dit. Autrement dit, « toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ». La situation  du Nord-Mali exige, selon lui,   que tous  les journaleux  remuent dix fois leur langue et leur plume avant d’écrire. « Les medias sont les mieux placés pour éteindre le feu. Elles peuvent aussi attiser le feu », fait-il savoir aux radiodiffuseurs.  Pour Sidiki N’Fa Konaté, Communiquer c’est un choix. Et tout journaliste doit faire son  choix  en fonction de sa proximité. Il demande aux hommes de medias d’être proches de leur pays. Le ministre de la Communication s’est dit indigné par les images des militaires tués qui circulent sur le net. Pour lui, c’est au Mali seul que l’on voit de telle pratique. «On ne verra jamais les photos d’un soldat Américain ou français morts. On ne voit que leur cercueil accompagné du drapeau » a-t-il expliqué. « Si les hommes de medias  prônent la paix dans les radios et à travers leurs plumes, les populations  vont suivre », rassure Sidiki N’Fa Konaté. Il conclut en invitant les hommes de radio à prêter main forte aux autorités pour boucher les trous de la  jarre percée.

Le ministre de la Défenseet des Anciens Combattants a pour sa part,  indiqué que la place des medias est capitale dans la gestion du dossier du nord-Mali. Mais il regrette de constater que ce sont les medias qui sont en passe d’occasionner la plus grande perte pour le Mali dans cette crise. Les violences à Kati, à Bamako et dans certaines régions sont, selon lui, les faits de certaines radios.  Sans citer de nom, le général Gassama dira que, ce sont deux radios qui ont choisi la voie de la destruction, en semant la haine dans les coeurs. Selon le ministre de la Défenseet des Anciens Combattant, toutes les rebellions que le Mali a connues, ont été maîtrisées grâce à l’accompagnement de la presse.  Mais pour lui, ce qui se passe cette année à travers les medias fait de cette crise la plus grave de l’histoire de notre pays. «Pour la première fois, au cours d’une rébellion, j’ai vu  des personnalités touareg et arabe  déserter nos villes. Ils quittent nos villes  parce qu’ils on entendu des choses sur les antennes des radios, c’est parce certaines radios sèment la haine», s’inquiète t-il. Le plus  grave, selon lui, est que les touaregs et les arabes qui sont différents de ceux qui ont pris les armes, sont obligés de  rester au fond de leur maison à cause de la propagande. Ce qui fera dire à Aïssata Cissé journaliste à la retraite, que «le micro est plus dangereux que les armes qui crépitent au nord ».

 Le Général Sadio Gassama rassure

 Le nouveau ministre de la Défenseet des Anciens Combattants a profité de cette occasion pour rassurer l’opinion nationale et internationale. Il annonce que le gouvernement prendra toutes les dispositions pour informer les populations sur ce que nos braves militaires font pour sauvegarder l’intégrité territoriale. Mais il précise qu’en matière de guerre, tout ne peut être dit. Pour le ministre de la Defense, l’armée va  mener cette guerre jusqu’au bout. Mais son message est clair: « tant qu’il y a  la guerre, il y aura des morts. Tant que la guerre n’est pas finie il n’ y aura toujours des morts. En revêtant l’uniforme, le militaire opte pour ça». Il demande aux hommes de medias de soutenir l’armée dans sa mission. Car en soutenant l’armée dit-il, c’est le Mali tout entier qu’on soutient.

 « Il n’y a pas de militaires maliens déserteurs au Niger »

 Cette précision est du Général Sadio Gassama. Depuis un certain temps, une certaine presse étrangère fait croire qu’il y a des militaires déserteurs qui se sont réfugiés au Niger. Selon Le Général Gassama, cette information est fausse. A l’en croire, l’instruction a été donnée par les autorités maliennes aux miliaires de se tirer du camp d’Anderboucane face à une attaque imminente d’un groupe de rebelles à bord d’une quarantaine de véhicules. « Nous avons  demandé à nos militaires de quitter le camp pour éviter le pire. Comment voulez-vous que 45 militaires  puissent faire face à plus d’une centaine de rebelles armés ?» s’interroge t-il. Avant de préciser que les autorités nigériennes étaient informées de cette décision.

Aboubacar Berhé

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