Il y a aujourd’hui, 30 ans que naissait le journal Les Echos. En hommage à Cabral et à tous ceux qui auront donné le meilleur d’eux-mêmes et souvent leur vie pour un Mali nouveau.
A l’occasion de ce 30ème anniversaire, nous vous proposons ce rétrospective sur, l’extraordinaire aventure de les Echos.
En 1988, réconforté par le succès de la revue culturelle JAMANA créée 5 ans plutôt, Alpha Oumar Konaré décidait d’aller plus loin en créant, cette fois, un journal d’informations générales. L’enjeu était de taille car il y avait péril en la matière à cause du régime dictatorial et policier de Moussa Traoré.
Qu’à cela ne tienne. Soutenu par son épouse Adame Ba et quelques amis (feu Abdoulaye Barry, Mme Diakité Sanaba Cissoko, Abdoul Traoré dit Diop, Mani Camara, Mme Traoré Salimata Tamboura, Ousmane Sy ou encore Cheick Moukoutari Diarra alors Directeur de l’AMAP, Souméïlou Boubèye Maïga, aussi audacieux et dévoués pour la cause que lui-même, Alpha prenait la décision historique de créer le premier journal indépendant sous le régime tyrannique du général Moussa Traoré. Pour lui, seule la presse pouvait désormais servir de catalyseur à une prise de conscience réelle, les méthodes traditionnelles de lutte clandestine (tracts entre autres), ayant montré leurs limites.
Avec l’esprit de concertation qui le caractérise Alpha Oumar Konaré eut l’humilité, pour le choix du nom que devait porter le journal, de consulter les trois, journalistes de profession (Tiégoum Boubèye Maïga, Boubacar Sankaré et feu Aboubacar Salif Diarra).déjà engagés à ses côtés.
Dans cette « aventure » des « Echos », il faut citer Hamidou Konaté, promu à l’administration et Mamadou Sidibé à sa section commerciale ; Seydou B. Doumbia, Mama Diallo, Ramata Coulibaly, Modibo Sidibé et le caricaturiste « Kays » Diarra. Une équipe qui a fait des « Echos » et de la maison-mère, Jamana, une véritable famille, soutenue par le courage de partenaires tels que Ibrahim Berthé, Directeur Général, et les cadres et techniciens des EDIM, (comme feu Béidi Diarra), qui ont assuré le tirage du tout nouveau journal. Comment oublier le père Balleinghen, homme de très grande dévotion et de disponibilité, mais qui n’aura pas connu la naissance des « Echos », Madame Youma Wélé Diallo qui a facilité les contacts avec l’ONG OXFAM ; la Fondation Ford et les amis suédois de Alpha Oumar Konaré ?
Les « Echos » doit être perçu, d’abord et avant tout, comme un journal de combat, acerbe mais sans jamais déroger aux règles de courtoisie et soutenu par l’ensemble des amis politiques de Alpha, alimenté par des plumes patriotiques comme celles de Cheick Moukoutari Diarra ou Abdoul Traoré dit Diop. Des. D’autres rubriques célèbres comme « Pourquoi ne pas le démentir ? » ou encore « chut » (que certains tentent maladroitement d’imiter aujourd’hui auront fait la célébrité des Echos. Des rubriques qui accusent sans accuser et qui auront dérangé plus d’une autorité.
La date de lancement des Echos elle a été fixée par Alpha Oumar Konaré lui-même : le 17 Mars 1989 ! Cela parce que, avait expliqué le Directeur de Publication du futur « les Echos », « ce journal sera celui de la jeunesse combattante, de l’avenir, un hommage à Cabral. La première édition, je la dédie à Cabral, assassiné le 17 Mars 1980 ».
Mais, pourquoi donc (s’interrogent certains sceptique), les Echos dans sa toute première édition ne faisait aucune allusion à Cabral ?
La raison est simple : le contexte dans lequel naissait les Echos, était complexe, incertain. En silence, il fallait faire certaines choses, éviter la provocation et toute autre attitude qui pouvaient donner une quelque raison aux autorités d’alors de liquider la voix du peuple qu’était le journal les Echos. D’ailleurs, à cause de l’insécurité à laquelle étaient explosés autant le Malien en général que les animateurs du journal, deux mois avant le lancement de la 1ère édition des Echos, son Directeur avait tenu à mettre en garde ses trois jeunes journalistes : « C’est un combat contre l’arbitraire, l’injustice, l’oppression, que nous allons mener dans ce journal. Je tiens à vous dire en toute honnêteté que vous, comme moi, allez courir des risques en vous engageant dans ce combat. Si vous acceptez de travailler dans ces conditions, alors, au boulot ! ».
Mais Alpha pouvait compter sur l’engagement de ces jeunes journalistes qui ont unanimement décidé, malgré les risques, de tenter l’aventure.
« Les Echos » étaient en fait né dès janvier 1989.
Mais il a fallu attendre le 17 Mars de la même année pour sa parution. Pour les raisons déjà évoquées.
Ainsi, le Vendredi 17 Mars, au petit matin, les Bamakois ont eu l’agréable surprise, (un choc pour certains milieux), de voir partout des jeunes revendeurs leur tendre le premier N° des Echos. Un journal audacieux pour les uns, téméraires pour les autres. Tiré initialement à 2 000 exemplaires, le bimensuel s’est arraché comme de petits pains au prix de 200 Fcfa par les lecteurs. Ministres, Directeurs de service, députés de l’UDPM et autres agents de l’Etat s’en sont procurés… en cachette. Le succès des Echos a été foudroyant.
Trois mois après, le journal est tiré à 6 000 exemplaires. Six mois après, à 12 000, peu après, à 20 000 puis à 25 000 et 30 000. Et enfin, record jamais égalé dans la sous-région, à 35 000 exemplaires ! Le bimensuel est alors vite devenu hebdomadaire, puis bihebdomadaire. Il est quotidien depuis 1991, juste après les terribles événements de Mars.
Il est intéressant de signaler, qu’en 1990, un an encore après sa création, très peu parmi ces héros autoproclamés du 26 Mars (dont certains se présentent aujourd’hui comme fondateurs des Echos) n’osaient même pas passer devant le siège du journal. Ils craignaient d’être perçus comme des opposants au régime du général Moussa Traoré. Les Echos était devenu une véritable tribune du peuple, la voix des sans-voix, l’arme des opprimés et des victimes de GMT. Il contribuera, à travers Alpha Oumar Konaré, à populariser la création de l’AEEM et sera l’organe qui donnera à son S.G. Oumar Mariko une forte personnalité.
En Janvier 1991, le régime de Moussa Traoré était dans l’agonie. Les héros de la 25ème heure sont nés. Les planqués sont même ressuscités, notamment à travers les colonnes des Echos.
Enfin, vinrent la démocratie et la création vertigineuse des partis politiques. Et comme l’a su bien dire ATT à l’époque : « depuis que Moussa est parti, il y a eu une prolifération d’hommes braves ».
Mais les Maliens se connaissent entre eux…
Le peuple malien rendra un hommage particulier et solennel au journal Les Echos, en choisissant en 1992, comme premier Président de la République démocratiquement élu, l’ancien Directeur de Publication du journal : Alpha Oumar Konaré.
Avec honneur et dignité, Alpha accomplira avec brio sa mission au bout de 10 ans, laissant à son successeur un pays havre de paix et définitivement engagé sur la voie du développement.
Quant à les Echos, il continue imperturbable, son combat. En avant des Echos ! « Hasta la victoria… siempre » !
Très bien. Mais si AOK nous disait où est enterré Cabral, c’est encore mieux
Comments are closed.