L’ère de la «pacification» au Mali

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Le terme pacification, nous l’avons emprunté d’un écrivain algérien des années 1950, qui  a écrit un livre en pleine guerre de libération nationale de l’Algérie, intitulé : «La pacification. Un livre noir de six années de guerre en Algérie».Si à l’époque, le livre parle de la méthode par laquelle le colonialisme français procédait pour pacifier l’Algérie, quant à nous, nous parlons ici de la méthode utilisée aujourd’hui par le gouvernement IBK contre les putschistes du 22 mars 2012 et leurs alliés.

 

La presse malienne a fourni des contributions riches tous azimuts. Nous allons faire des mises au point sur certaines des contributions dont celles publiées par l’un des meilleurs hebdomadaires de la presse écrite, il s’agit de «La Nouvelle  REPUBLIQUE» dans sa livraison du jeudi 20 mars 2014 sous le titre : «Quand des mutins manipulés se prenaient pour des sauveurs de la République», article signé, Alphaly.

 

 

Dans cet article, Alphaly brosse tout sur le coup d’Etat du 22 mars : «Recordman de l’enrichissement illicite au sommet de l’Etat», l’intervention de la CEDEAO, du FDR pour contrecarrer le coup d’Etat. Alphaly explique ce que  «le 3ème coup d’Etat de l’histoire politique du Mali a changé ? Pas grand-chose, sinon précipité la chute des régions septentrionales les unes après les autres puisqu’il n’y avait plus de hiérarchie pour le commandement militaire». Nous lui répondons ici que toute fonction a besoin d’un certain charisme à sa hauteur : la fonction politique, la fonction militaire, la fonction enseignante sont des exemples. Nous vous donnons un exemple, un opposant du président Sékou Touré, le docteur Charles Diané avait  a dit à Sékou Touré, «il y a quelque chose chez Sékou Touré, qui n’est pas négligeable pour un homme politique, le charme».

 

 

 

La hiérarchie militaire est tombée au nord dès que le chef d’Etat-major a tenté de démissionner, un officier militaire valeureux qui avait montré toute sa valeur dans les différentes campagnes du nord dans les années 1990 et 2000. Nous n’avons remarqué aucun charisme ni chez le capitaine Amadou Haya Sanogo, ni chez le lieutenant Amadou Konaré devenu capitaine après. Au lieu de parler des hommes politiques qui manipulaient les putschistes, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de parler des hommes de droit qui étaient avec eux.

 

 

Le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) avait ses juges et ce sont ces juges-là qui  étaient leurs conseils, ce sont eux  qui ont élaboré «L’Acte fondamental n° 1» après que les putschistes aient suspendu la constitution de février 1992. Nous avons approché, un des membres de ces hommes politiques regroupés au sein d’une association pro putschiste et nous l’avons posé cette question : «qu’est-ce que vous cherchez» ? Il m’a répondu : «Le pouvoir».Il avait  a raison car tout homme politique cherche le pouvoir. Seulement, les manières sont différentes. Certains préfèrent, la voie des urnes en manipulant les résultats, d’autres par la violence.

 

 

 

De 1992 à 2007, aucune élection crédible n’a été organisée au Mali à part celle de 1992 et cela nous le disons au bout des lèvres car l’ADEMA pour se placer au pouvoir s’était associée aux dignitaires de l’ex-parti unique (UDPM). C’est cette voie que certains (pas tous) politiciens alliés aux putschistes du 22 mars 2012 cherchaient. Mais il faut reconnaitre que personne n’avait imaginé que Amadou Haya et Konaré étaient des diables, sauf le pouvoir américain qui était en avance sur nous qui avait dit dès au début des évènements du 22 mars 2012, que ces militaires ne sont que des gens qui cherchent à profiter. L’histoire  leur a  donné raison et il faut reconnaître la valeur des autres. Comme personne ne savait en 1968 que le CMLN était un diable. Comme le 26 mars 1991, personne ne savait que «l’aile gauche de l’armée», aile militaire de l’ADEMA-Association, était un diable. Comme personne ne savait si les «démocrates» étaient  des diables.

 

 

 

Si selon Alphaly, ces hommes politiques alliés aux putschistes, sont dans la ligne de mire du juge Karembé, pour cela, il faut agrandir la prison, en faire des milliers de superficie (de Kayes à Kidal) et convoqué tous ceux qui sont passés voir la junte à Kati et parmi eux, des diplomates étrangers dont l’ambassadeur de France Christian Rouyer, Il faut mentionner aussi tous les cadres maliens nommés sous la transition au lieu de se limiter aux seuls ministres militaires de la transition. Il y’a aussi des ministres civils de la junte et des ministres civils des partis politiques qui sont venus au gouvernement à la suite du coup d’Etat.

 

 

 

Cherchez aussi tous ceux qui ont lu des discours (les responsables des différentes associations) à Kati et tous les marcheurs de Bamako et de l’intérieur qui ont soutenu la junte. Si le coup d’Etat de Moussa «Talata Traoré» (un terme de M. Toumani Djimé Diallo) a été une liesse populaire selon le brillant homme de lettres Tidiani Djimé Diallo, celui de la junte aussi a été une liesse populaire comme celui des «démocrates» de mars 1991, soutenu par leurs parrains socialistes français. Le malheur de la junte a été   la remise en cause de tous les projets des «démocrates» et de Sarkozy, leur maitre qui a créa le MNLA par le canal de leur mentor ATT, père  du MNA (Mouvement national de l’Azawad).

 

 

 

En 1968, les auteurs du coup d’Etat se prenaient pour des sauveurs, la suite est connue : massacre des cadres et intellectuels, des élèves et étudiants, l’ouverture du bagne de Taoudéni, pillage de toutes les ressources matérielles et financières dont leurs mises en chantier ont consacré d’énormes efforts par les responsables patriotes de l’US-RDA qui ont proclamé solennellement l’indépendance de la République du Mali le 22 septembre 1960.

 

 

En mars 1991, les auteurs du coup d’Etat se prenaient pour  des sauveurs, la suite est connue : l’enterrement de l’école malienne, de l’armée malienne, la corruption comme système de gouvernance, les passe-droits, le bradage de toutes les sociétés et entreprises d’Etat, le manque de justice. C’est le bradage de ces sociétés d’Etat qui ont permis aux «démocrates» d’être aujourd’hui de grands propriétaires fonciers, d’être des milliardaires et avec cette manne financière frauduleusement acquise, ils financent leurs campagnes électorales en circulant dans des hélicoptères, en envoyant leurs enfants dans les écoles célèbres de l’occident. C’est ça «le fruit du risque» car ils ont osé affronter le dictateur Moussa Traoré. Ce même terme a été utilisé par les putschistes de 1968 regroupés au sein du CMLN. Eux aussi, ils avaient dit «qu’ils ont risqué leur vie».

A Suivre !

 

Yacouba Aliou

 

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