C’est à son siège situé à Hamdallaye que le Syndicat libre de la magistrature du Mali a donné rendez-vous aux hommes de media hie mardi pour donner plus d’éclaircissements sur la grève en cours des magistrats. Si rien n’est fait, les magistrats menacent d’aller en grève illimitée.
Pour éviter toute spéculation autour de leur mouvement, le Sylima a organisé hier mardi 10 janvier une conférence de presse à son siège. L’objectif était d’informer l’opinion nationale et internationale sur les vraies raisons qui les a conduits en grève afin d’éviter « toute ambiguïté ».
Le conférencier Siaka Sirama Coulibaly a d’abord insisté sur le rôle que la justice a joué dans l’histoire du Mali avant de déplorer que les magistrats sont qualifiés à tort d’être « les chouchous de la République alors qu’en réalité leur situation est pire que les autres fonctionnaires et le citoyen lambda ne comprend pas souvent les raisons de leur grève».
Il a rappelé les « conditions inhumaines dans lesquelles travaillent et vivent les magistrats maliens par rapport à leurs collègues du Niger ou du Burkina, pays aussi enclavés que le Mali.
« Si la justice est considérée comme le 3e pouvoir d’un pays, c’est tout juste le contraire au Mali où les juges sont souvent méprisés », a regretté M Coulibaly qui a relevé que « certains tribunaux sont logés dans des chambres-salons sans toilette ni eau potable. Or étant le 3e pouvoir, les locaux devraient refléter le sérieux qui se fait à l’intérieur. Les conditions de vie ne sont pas différentes. Le magistrat malien a presque le même pouvoir d’achat que son gardien. Avec des salaires les plus dérisoires et les plus bas de la sous-région, il peine à assurer son quotidien ce qui est un handicap sérieux sur la qualité de leurs services. Les indemnités et les autres avantages sont quasi inexistants. Toute précarité ambiante exposerait certains juges à la corruption et autres vices que la justice est censée combattre ».
Pour pallier ces problèmes, le Syndicat libre de la magistrature et le Syndicat autonome de la magistrature ont déposé un cahier de doléances sur la table du ministre de la Justice depuis 2014.
« Jusqu’aujourd’hui, aucune des 6 revendications contenues dans le cahier n’a été satisfaite », a laissé entendre Siaka Sirama Sidibé.
« L’attente ayant été trop longue, nous avions jugé indispensable de retrousser les manches pour engager un bras de fer avec le pouvoir exécutif afin de rappeler au « Kankélétigui » qu’il avait fait des promesses ». Et d’ajouter que « ce combat n’est pas pour un individu mais pour la noblesse et l’intégrité du 3e pouvoir qu’est le judiciaire ».
La grève de 7 jours allant du 9 au 16 janvier 2017 est juste un préavis. Si rien n’est fait, les magistrats menacent d’aller en grève illimitée. Selon un autre orateur de la conférence, le moment est bien choisi pour montrer à la communauté internationale que le Mali ne respecte pas les accords internationaux auxquels il a souscrit et que rien ne leurs empêchent de saisir la justice internationale pour nous départager ».
Yaou Kawélé