Invité au festival des radios africaines " Ondes de Liberté " pour témoigner, en sa qualité de grand acteur de la Révolution de mars 1991, le président de la République, Amadou Toumani Touré, a prodigué de sages conseils aux festivaliers en cette période préélectorale très sensible et délicate. Le président ATT a pris l’exemple du rôle joué par la radio " Mille collines " dans le génocide rwandais. C’est dire que le thème de cette 8ème édition, à savoir " Radio et processus électoral " est plus que justifié.
Je suis un sacré client des médias " a lancé le président à l’entame de ses propos. C’est pour dire qu’il est le sujet de prédilection de la presse, surtout privée, qui ne laisse jamais un jour sans le porter à la Une. Ce qui est, en tout cas, une bonne chose. Car, imaginez-vous un Chef d’Etat dont le nom et la photo sont absents des journaux? C’est vrai aussi que le président de la République, en démocrate convaincu, n’a jamais tancé un journaliste pour avoir fait son travail. C’est, d’ailleurs, à cause des rapports qu’il entretient avec la presse que sa photo est autant sollicitée par la Une des journaux.
La présence d’ATT, pour présider cette 8ème édition du Festival Ondes de Liberté, s’explique donc aisément. Voilà un homme d’Etat qui, en dépit de tout ce qui est écrit sur lui ou sur ses proches, a toujours respecté le travail de la presse. Contrairement à certaines personnalités, y compris des gens exerçant au palais de Koulouba, qui n’hésitent pas à dicter aux autres ce qu’elles veulent bien lire ou écouter au réveil. En oubliant que la presse est là principalement pour servir la société.
Si ATT prend un temps sur son précieux agenda, où les demandes d’audience suite à la situation sécuritaire au Nord se bousculent, il peut être sûr que le message qu’il a tenu à livrer, à la veille des élections de 2012, aux hommes et femmes de médias de notre pays et d’Afrique, n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. En effet, ATT a dit à cette cérémonie de lancement du Festival que " la radio est certes un art mais également une redoutable arme " qui peut faire des dictateurs. Pour étayer ses propos, il a cité l’exemple du génocide rwandais qui a fait plus de 800 000 tués. L’un des vecteurs de la haine, a déclaré ATT, c’était la " radio Mille Collines ".
Ceci revient à dire combien est grande la responsabilité du journaliste, surtout celui exerçant à la radio. " Je vous dis que vous avez une arme dangereuse entre vos mains" a répété ATT devant les participants au Festival Ondes de Liberté auquel prennent part cette année plus de 100 radios du Mali et d’une dizaine de pays étrangers.
Dans son intervention, le ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement, Sidiki N’Fa Konaté a " pour l’histoire " rappelé que " c’est l’ordonnance n°92-002 P-CTSP du 15 janvier 1992 qui a autorisé la création des services privés de radiodiffusion sonore par voie hertzienne terrestre en modulation de fréquence, une ordonnance signée du président du CTSP, le Lieutenant Colonel Amadou Toumani Touré ". Selon le ministre Sidiki N’Fa Konaté " cette Ordonnance et ses textes d’application signés entre le 15 janvier et le 14 mai 1992, sous la Transition, sont les actes fondateurs de la libération officielle des ondes en République du Mali.
Pour le ministre de la Communication, le thème de la présente édition " Radio et processus électoral " est choisi à dessein dans la mesure où l’année 2012 sera marquée par la tenue d’élections générales dans plusieurs pays du continent. Ces rendez-vous étant des périodes sensibles, toute la problématique du rôle de la radio dans la réussite du processus électoral sera abordée à travers les sous-thèmes comme : le rôle et la responsabilité des fédérations de radios dans la tenue des élections libres et apaisées ; le code de couverture des élections : cas du Burkina Faso ; la radio et la gestion des conflits postélectoraux, etc.
Cette 8ème édition du Festival a décidé de créer cette année un prix nouveau, le prix de l’intégration, dénommé " Prix Samba Ousmane Touré ". Samba Ousmane Touré, qui fut un grand homme de radio, a été directeur des programmes à Radio Mali et a dirigé, douze ans durant, le Centre International d’Etudes en radio rurale de Ouagadougou. Rappelons que le Festival prend fin aujourd’hui par la remise de prix dans différents domaines de la radio.
Mamadou FOFANA