La grande comédienne et animatrice de la Chaîne II est très aimée de tous les auditeurs de l”émission Fiman ni Djéma, les épouses de Sissoko. Fiman, de son vrai nom Lala Drabo, est réputée à l”ORTM pour son franc parler, sa disponibilité, son courage et son sérieux dans le travail. Elle ne laisse personne indifférent. Bamako Hebdo s”est entretenu avec Lala à l”Office de Radio Diffusion Télévision du Mali (ORTM).
Bamako Hebdo: Tout le monde connaît Fiman à travers sa voix. Qui se cache derrière cette coépouse qui fait rire ?
Lala Drabo: Je suis Mme Traoré Lala Drabo, d”origine Samogo, de la grande famille Drabo de Kati. J”ai 37 ans et je loge à Kalaban Coro.
Connaissez-vous la famille du ministre de la communication Gaoussou Drabo ?
Je suis de même famille que Gaoussou. C”est mon grand frère, car nous avons le même père, le Colonel Pinana Drabo, un ancien combattant âgé de 119 ans, il vit toujours et est très connu. Il est marié à trois femmes. J”ai 28 frères et sœurs.
Comment est né le nom de Fiman?
J”ai postulé pour un poste d”animatrice à l”ORTM en 1998, avec beaucoup d”hésitation, car je ne croyais pas qu”on pouvait m”embaucher. Ils ont embauché six personnes. J”ai été mutée à la Chaîne II de l”ORTM et les cinq autres envoyés à la station régionale de Ségou. J”étais avec Lamine Sissoko, que j”ai connu à l”INA, et nous avons initié une émission appelée " Sissoko Den Drabo Den ", de midi à 13 heures. Au cours de l”émission, on parlait surtout des problèmes familiaux.
Entre temps Oumou Diarra est arrivée à la Chaîne II en qualité de stagiaire. Un jour, alors que Sissoko avait voyagé, j”ai demandé à Oumou de m”accompagner à l”antenne, car elle avait déjà de l”expérience, suite à des années de travail à radio Kayira. C”est de là que prend sa source l”émission "Fiman ni Djéma ". Pendant une semaine, nous avons animé l”émission et cela été apprécié par les auditeurs, qui nous ont appelées et envoyé des courriers. Au retour de Lamine, on a animé l”émission à trois et on l”a intitulé "Gwa Kunda ". Sissoko, lui, est devenu notre époux. Depuis, ça passe tous les jours, du lundi au jeudi, de 12 heures à 13 heures. On parle de rivalité entre coépouses, ça fait rire tout le monde et chacun en tire des enseignements. On a été même au Congo Brazza dans le cadre de Gwa Kunda.
Parlez-nous de votre parcours professionnel ?
J”ai passé quatre ans à l”Institut National des Arts. Ce qui m”a amené au cinéma où j”ai pour la première fois joué dans " Tafé Fanga " autre dit la force du pagne de Adama Drabo.
Le tournage a eu lieu à Bandiagara pendant deux mois et dix jours et j”avais le rôle principal. Bien avant, étudiante, j”avais du renom et j”étais appréciée de beaucoup de nos metteurs en scène. Je peux dire que je n”ai pas chômé. J”ai démarré dans le groupe Gakoulou, un trio composé de Guimba, Michel et moi-même. Avec ces deux personnes j”ai acquis beaucoup d”expérience. Plus tard, j”ai joué dans la pièce " Qu”est ce que de manqué de Djakaridja " de Coulou, une pièce dédiée aux écoliers. Ensuite, le réalisateur Salif Traoré de Sida Lakari, m”a retenue avec F.C de l”ORTM lors du casting du film "La danse du singe". Depuis, il n”y a pas de films au niveau du Mali pour lesquels je n”ai pas été sollicitée. Pourtant, quand j”arrivais à l”INA, j”aimais le sport, mais le théâtre ne m”intéressait que pour décrocher un diplôme et faire autre chose plus tard que jouer.
Dieu connaissant l”homme plus que lui-même a fait de moi une vraie actrice. Je suis plus connue à l”extérieur qu”au Mali, mais je me dis que j”appartiens aux Maliens. J”ai également participé à de nombreux films de Fatoumata Coulibaly FC, notamment "N”Golo dit Papi", "Les talibés" et beaucoup d”autres. On a tellement travaillé ensemble que cette réalisatrice a fait un court métrage sur ma vie qu”elle a nommé " Le combat de Lala " et dans lequel je joue. C”est à partir de là que j”ai appris la réalisation, le scope, le décor, les accessoires, etc…
J”ai aussi participé à un film de Sembène Ousmane, Paix à son âme, au Burkina Faso, plus précisément à Sobara, à 20 km de la Côte d”Ivoire. J”ai passé quatre mois là-bas avec Maïmouna Hélène Diarra, car nous étions deux comédiens par pays. C”est dans ce contexte que j”ai participé au long métrage "La Genèse" de Cheick Oumar Sissoko, réalisé à Hombori, au nord du Mali, où j”ai passé deux mois et dix jours avec le grand Sotigui Kouyaté du Burkina Faso, le chanteur Salif Keita et Guimba, pour ne citer que ceux ci parmi les grands comédiens. Mais, avant de partir, j”avais déposé mes dossiers à l”ORTM et c”est de là que ma carrière à l”ORTM est partie.
Votre famille a-t-elle apprécié votre décision de devenir comédienne ?
J”ai passé deux ans à l”INA sans en parler à mon père, qui n”aurait pas accepté ma décision. Pour beaucoup de gens, en effet, l”INA était destiné aux effrontés, aux sans éducation. C”est lorsque mon père m”a vu à la télé dans un message de sensibilisation que j”ai eu le courage de lui dire que j”étudiais à l”INA. Aujourd”hui, Dieu merci, toute ma famille m”apprécie et je crois que c”est l”essentiel.
De vos débuts dans cette profession à aujourd”hui, quelle a été votre plus grande satisfaction?
Ma plus satisfaction c”est le respect que le public nous porte. Quand je vois que les jeunes et les vieilles personnes se déplacent rien que pour voir Fiman, c”est quelque chose qui vaut plus que le diamant. J”en suis fière et en remercie ce grand public.
Avez-vous eu des déceptions dans l”exercice de la profession ? Si oui, qu”est ce qui vous a le plus marqué ?
Je n”en ai pas eu. Dans toute chose de la vie, il y a des hauts et des bas, mais moi je renforce mes capacités avec ses petites choses. Je peux me fatiguer comme tout le monde mais je n”ai pas vécu de déception, non ?
Et votre mari, ne se plaint-il pas de vos multiples activités ?
Je remercie le bon Dieu, car il m”a donné la chance de tomber sur un mari compréhensif, qui me dépose même à mes répétitions à minuit. Il m”encourage et me dit que chaque chose vient en son temps. Je crois que c”est une question de confiance et la confiance se mérite. Je suis la deuxième femme de mon mari. Ma coépouse Fatoumata Traoré fait tout pour moi. E
lle est Traoré comme notre mari donc elle me prend pour sa belle-sœur. Elle cuisine et fait la vaisselle pour moi. Ses enfants sont plus attachés à moi qu”à elle.
Au début, ça n”a pas été facile, parce que les gens ont une mauvaise image des artistes, tous genres confondus. Quand je dois préparer une répétition, elle me demandé d”y aller parce qu”elle fera la cuisine. Elle fait tout ça pour moi et cela je ne l”oublierai jamais. Je pense aussi que c”est notre mari Soumaïla Traoré, géomètre, qui a toujours été juste.
Nous avons appris qu”un de vos enfants adoptifs avait tenté de vous assassiner. Est-ce vrai ?
Merci pour cette question. Lorsque je me mariais, un auditeur de Kati, Babo Niaré, m”a donné sa sœur par amour pour ma personne. La petite fille, Fanta Niaré n”avait à l”époque que 5 ans. Elle en a aujourd”hui 16. Je l”avais mise dans toutes les conditions, je l”ai même privilégiée par rapport à mes propres enfants. Je l”ai élevée avec tendresse. Je lui ai offert un téléphone pour pouvoir la joindre à tout moment, car je ne suis jamais à la maison.
Elle travaillait dans ma cabine téléphonique, mais, suite à son comportement face aux hommes, je lui ai interdit d”y aller, uniquement pour qu”elle puisse bien étudier, car elle était en 11e. Un jour, je lui ai demandé de me préparer de la bouillie de mil. Au moment de me la servir, elle a mis un produit toxique (celui là que l”on met dans le henné pour renforcer sa capacité à noircir) dans le but de m”éliminer. Je l”ai alors demandé de voir le reste de la bouillie, elle a refusé. Ma coépouse n”a pas lâché l”affaire, jusqu”à la police. Là, elle a avoué que c”est elle qui avait envoyé la bonne acheter le produit, qu”elle voulait me supprimer sans motif valable. J”ai demandé à ce que la police la relâche, puis je l”ai renvoyée chez ses parents. Dieu sait jusqu”à quel point j”ai aimé cet enfant, c”est pourquoi, Il m”a sauvé, car Lui, Il ne dort pas. Pour chaque chose de la vie, je m”en remets à Lui.
Qu”est ce que ses parents ont pensé de cette histoire?
Ils n”ont jusqu”à présent rien dit par rapport à cette affaire. Je m”en remets à Dieu, Il saura trancher.
Avez-vous un modèle dans la vie ?
La comédie pour moi est un don de Dieu, l”inspiration vient comme ça. Je viens sur scène sans me préparer. C”est au studio qu”on met sur pied le sujet du jour et qu”on voit comment on peut le développer. Je n”ai jamais écrit ce que je dois dire sur antenne. Donc, je n”ai pas de modèle.
Qu”est ce que Lala Drabo veut faire dans la vie ?
Je veux aller de l”avant dans ce que je fais. Faire des créations qui plairont plus au public. Je demande longue vie à Dieu.
Avez-vous des projets ?
Oui, nous avons beaucoup de projets, mais pas de moyens. Nous avons crié sur tous les toits. Un producteur nommé Touré est venu de France pour nous produire. On a fait quatre épisodes, il nous bien payés. Cette cassette se vend aujourd”hui à 20.000 FCFA en France et nous n”en bénéficions pas. Nous avons de l”initiative mais nous n”avons pas de financements. Nous pouvons faire aussi bien, sinon mieux, que les équipes de Ma famille, des Bobodjouf et des autres feuilletons qui passent chez nous. Peut être que notre heure n”est pas encore arrivée.
Quelles sont vos qualités ?
La franchise. Même dans ma famille, quand il y a quelque chose, on demande à ce que je vienne pour trancher. Au service c”est pareil, je suis connue pour ça.
Votre plus grand défaut ?
C”est que je n”aime pas sortir. Après le travail, je suis tellement fatiguée que je ne ressors plus de chez moi. Mes amies, mes parents, tout le monde se plaint de ça. Cette habitude, je l”ai prise depuis longtemps. J”aimerais me corriger et j”y arriverais Inchallah.
Qu”est que vous aimez le plus et qu”est ce que vous détestez le plus dans ce monde?
Travailler, avoir de l”argent et bien manger. Ce que je déteste c”est l”égoïsme
Vous me semblez assez gourmande, alors quel est votre plat préféré ?
J”adore savourer le tô au gombo et à la sauce de poisson fumé, c”est avec ça que j”ai grandi. Même quand je suis hébergée dans des grands hôtels, je sors acheter du tô au marché, car ça me rappelle la maison.
Quels sont vos rapports avec Lamine Sissoko et Oumou Diarra ?
Très bons. On se fréquente en dehors de l”antenne. La femme de Lamine nous considère comme les sœurs de son mari. Pour Oumou, c”est pareil. Nos maris s”entendent hyper bien, c”est la famille en un mot. Tout passe par moi à la radio, pourtant je suis la plus jeune. Je leur dit grand merci pour cette confiance.
F Mah THIAM DOUMBIA
Bko Hebdo du 22 juin 2007
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