Le soir, lorsque j’étais enfant, mon grand-père disait toujours qu’il fallait écouter les «actualités» à la radio pour «savoir si nous étions encore en république». J’ai mis longtemps à comprendre que cette TSF, comme on disait, devait être la voix des citoyens du monde, dans toute leur diversité. À l’époque, le choix en matière de stations de radios et de journaux était restreint.
Aujourd’hui, il y a presqu’autant de stations de radios que de chaînes de télévision, du bulletin d’informations aux news en continu, un large choix de quotidiens, d’hebdomadaires et de mensuels, papier et en ligne, nationaux et internationaux. L’accès à l’information est infini, à condition de vivre dans un pays qui respecte la liberté d’expression et la liberté de la presse en tant que droits fondamentaux de l’être humain. L’UNESCO encourage «les gouvernements, les parlementaires et les décideurs locaux à prendre conscience que l’indépendance et le pluralisme des médias sont la condition préalable et le facteur majeur de démocratisation d’un pays». Chaque citoyen est ainsi libre de choisir parmi tous les médias disponibles ceux qui lui seront utiles pour se forger une opinion sur les évènements politiques, sociaux et culturels de notre monde. Chaque citoyen est libre de réfuter telle presse ou tel article s’il est en désaccord. La variété, la pluralité des médias permet à tout citoyen, quelles que soient ses convictions politiques, sociales et culturelles de se retrouver dans «sa presse» ou de consulter les médias de tendance différente afin de pouvoir considérer plusieurs analyses et se forger une opinion. Ceci est le privilège dont chacun bénéficie dans une démocratie, que cela convienne ou non au pouvoir en place. La pluralité ne devrait pas aller sans indépendance des médias. Malheureusement, dans notre monde économique ultra-libéral, rare est la presse réellement indépendante, ce qui est une menace majeure pour la démocratie. Souvent, les médias appartiennent à de grands groupes industriels et sont largement financés par les publicités. Il est évident que, dans ces conditions, les professionnels des médias ont de plus en plus de mal à faire leur métier, car il leur est délicat sinon impossible de dénoncer celui qui les paye. Comment leur patron accepterait-il que leurs articles ou reportages égratignent celui des actionnaires du groupe de presse qui possède leur média ?
Ici, en France, sous la présidence précédente, les femmes et hommes de médias qui n’ont pas «compris» les coups de fil et les pressions, se sont vite retrouvés dehors, limogés, car les meilleurs amis du président étaient aussi les patrons-actionnaires des plus grands groupes de presse. Aujourd’hui, seuls quelques médias, papier ou en ligne, fonctionnent grâce au financement exclusif de leur lectorat. Leur indépendance et la fiabilité de leurs sources font de leurs articles et reportages des références nationales et internationales. L’un des devoirs essentiels des professionnels de la presse est, bien sûr, la qualité de la recherche. La crédibilité d’un journaliste, donc de son média, repose, en effet, sur sa capacité à vérifier et contre vérifier la fiabilité de l’information avant de publier quoique ce soit. Et, il taira sa source, l’origine de cette information, quitte à changer un nom, à flouter un visage, si nécessaire, car, dès 1971, la déclaration des devoirs et des droits des journalistes stipulait «parmi les devoirs essentiels ceux de garder le secret professionnel et ne jamais divulguer la source des informations obtenues confidentiellement». La pluralité des tendances politiques, l’indépendance, le secret professionnel des médias contribuent à la richesse d’une démocratie et ce n’est qu’à cette condition qu’on parlera de liberté de la presse dans un pays. Dès que le régime politique en place s’arroge le droit de contrôler ce qui peut et ne peut pas être dit ou écrit, de limoger les professionnels ou, pire, de les interpeller et les emprisonner, il est du devoir des citoyens de se lever pour faire entendre leurs voix afin de préserver cette liberté d’expression, cette liberté de la presse qui sont des droits fondamentaux et les piliers de la démocratie. Ils doivent répéter, haut et fort, le slogan d’un célèbre hebdomadaire satirique français «la liberté de la presse ne s’use que lorsqu’on ne s’en sert pas».
Françoise WASSERVOGEL
Tout à fait d’accord avec cet article mais il y manque l’essentiel : la responsabilité du journaliste qui délibérément fabriques une preuve allant dans le sens de sa démonstration : Un exemple parmi tant d’autre : TF1 a fait un reportage montrant un mort attribué à des partisans de Gbagbo. parallèlement, grâce à un portable quelqu’un a filmé la scène et l’on voie des militaires français à proximité et plus important, le soit disant mort se relever après la prise de vue. Cette partie là, résurrection du cadavre n’est bien entendu pas passé au journal du 20h. Seuls les internautes ont pu visionner ce petit film et aucun organe de presse ne s’est étonné de ce fait.
Exact, Vanhoove.
Il faut chercher l’explication dans la liste des actionnaires de TF1 … Bouygues 43,6% !!
Nicolas sarkozy et Martin Bouygues sont amis.
Les militaires français en CI n’étaient ils pas sous la responsabilité du chef de l’état ?
Comment des journalistes payés à 43,6% par Bouygues peuvent-ils faire des reportages correctement sur une chaîne qui est la voix de son maître ?
Ils ne sont pas obligés de montrer du faux, me direz-vous. Bien sûr ! Ceux qui refusent sont chassés, et travaillent pour un autre genre de médias.
Désolée de cette réponse tardive.
Oui pour la qualité de l’investigation, faut y ajouter par ailleurs le démenti formel parfois intégré à l’article-renforçant ainsi sa crédibilité dont vous parlez- lorsqu’il s’agit de sujet délicat portant sur une institution ou visant une personne-avant le deadline, cf. l’affaire du Watergate qui a forcé le président NIXON à la démission avant la fin de son mandat.Oeuvre de deux journalistes d’investigation mondialement connus.
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