La presse malienne de 1991 à nos jours aura fait de remarquables progrès dans son épanouissement (300 radios et une cinquantaine de titres privés), mais l’absence d’un cadre juridique adéquat fait que des dérapages et des violations graves du droit, des libertés de l’éthique et de la déontologie sont constatées. Y mettre fin, c’est l’ultime ambition des 3èmes journées nationales de l’information et de la communication dont les travaux s’ouvrent le lundi prochain au CRES de Badalabougou.
Pendant ces assises, il s’agira de doter le Mali d’un cadre juridique et réglementaire adapté aux exigences et à l’environnement actuel de notre pays. Ce cadre devrait refléter les objectifs de démocratisation et de bonne gouvernance de l’Etat malien ; contribuer au renforcement de l’Etat de droit, de la liberté d’expression et des droits de la communication des citoyens, y compris défavorisés et marginalisés, et qui préserve donc la culture et les langues nationales, les intérêts des plus pauvres, ainsi que les intérêts des médias nationaux. Ledit cadre juridique devrait refléter les conventions et les normes internationales et régionales. Au premier chef desquelles l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la Convention sur la diversité culturelle et linguistique, la Convention sur les droits des femmes, la Déclaration de principe sur la liberté d’expression en Afrique et en particulier l’existence et la viabilité d’un secteur non commercial de la communication et celle de véritables médias de service public, d’organes de régulation indépendants et compétents, l’accès à l’information des citoyens.
Il doit prendre en compte les avancées technologiques de l’information et de la communication à l’heure de la convergence des technologies, de la migration digitale annoncée et recommandée par l’UIT pour 2015, et de l’émergence d’un « journalisme citoyen » qui remodèle la pratique du journalisme, et garantisse les intérêts nationaux et les intérêts des citoyens. Ce cadre devrait viser l’ensemble des lois et propose une complémentarité des différentes dispositions, régir et organiser l’activité des agences de communication.
En rencontrant la presse le jeudi 17 décembre à la Maison de la Presse autour du sujet, le secrétaire général du Ministère de la communication et des nouvelles technologies, Cheick Oumar Maïga, a indiqué que de ses assises il est attendu des propositions de révision de l’ensemble du cadre juridique formulées par des experts ; des propositions d’experts discutées et amendées par 3 à 5 panels thématiques ; des propositions de panels discutées par des représentants des différents acteurs maliens de la communication et de l’information, des recommandations transmises au gouvernement, lesquelles feront l’objet de projets de textes que le gouvernement va soumettre à l’Assemblée nationale.
Un comité scientifique a été constitué, présidé par Mamadou Kaba Diakité et composé d’autres sommités du métier comme Cheick Moutary Diarra, Cheickna Hamalla Diarra, Sidiki N’Fa Konaté etc. Comme étrangers, on s’attend à la participation d’une équipe de l’institut Panos.
Abdoulaye Diakité