Les responsables des organisations faitières de la presse ont tenu, vendredi 11 septembre 2020, à la maison de la presse, une conférence de presse. Cela, pour dénoncer la marginalisation de la presse dans le processus du changement en cours au Mali (concertations nationales).
Présidé par Dramane Alou Koné, président de la maison de la presse, l’évènement a nécessité la présence de BandjougouDanté, président de l’Union des radiodiffusions et télévisions libres du Mali (URTEL), Bassidiki Touré, président de l’association des éditeurs de presses privées (ASSEP), Modibo Fofana, celui de la presse en ligne. L’objectif de la conférence était de dénoncer la mise à l’écart des médias tant dans les documents que lors du déroulement des travaux des deux jours de concertations nationales sur la transition.
Prenant la parole, Dramane Alou Koné rappelle que depuis 1991 à nos jours, la presse malienne continue de jouer son rôle d’information et de sensibilisation des citoyens. D’après lui, s’il y a eu du changement au Mali, c’est parce qu’il y a eu des journalistes qui ont porté les messages du changement. « Nous ne sommes pas là pour chercher un poste, mais nous voulons être là où nous devons être. Il n’y a pas de démocratie sans la presse. Mais malheureusement, nous avons constaté que depuis le début des concertations, la presse a été mise à l’écart », explique le président de la maison de la presse. Puis de poursuivre en protestant contre cet acte fait par la junte dans le processus du changement au Mali. En clair, il invite l’ensemble de la corporation à l’union pour l’avenir du métier. Une chose est sûre : cette transition est impossible sans l’adhésion de la presse, a-t-il précisé. Pour le président de l’URTEL, « les représentants des organisations professionnelles ont de nombreux défis : celui de l’indépendance, le défi de l’impartialité et de neutralité ». Une neutralité qui, pour lui, parfois peut être considérée comme la lâcheté. L’intervenant tient à préciser que leur rôle essentiel est la défense les intérêts de la corporation. Et de confier que partout où il y a eu des tentatives de prises en otage de la corporation, les organisations faitières ont résisté.
Pour BandjougouDanté, ce moment que traverse le pays se caractérise par une mutation profonde dans le domaine du journalisme. D’où ces expressions : « Alors, il est important de gérer la situation avec détermination, honnêteté et dignité ». Et de confirmer la neutralité des organisations faitières face à ce qui se passe dans le pays. Notre rôle, dit-t-il, c’est la défense des intérêts matériels, moraux et stratégiques de la corporation. Le socle de la démocratie comporte les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire et les médias. Selon lui, le régime sortant avait procédé à une clochardisation de la presse qui n’a pas marché. « On a ignoré des organisations professionnelles en mettant des intérêts privés au-devant. Nous ne cherchons pas notre part, mais celle des médias. C’est la situation politique qui doit aider à la création d’organes viables des médias patriotiques capables de porter un message pour sauver le pays », entonne Bandjougou, ajoutant ceci : « C’est pour informer le peuple malien que les médias tiennent à assumer leur part de responsabilité dans le Mali nouveau. Dans ce Mali nouveau qui va naitre, nous espérons sur la préservation des acquis de la liberté de la presse. Nous insistons sur la création des conditions qui nous permettent de jouer notre rôle citoyen. Cette quatrième République doit donner à la presse malienne toute sa place professionnelle ».
Abordant dans le même sens, Modibo Fofana a lui aussi regretté « l’omission totale » de la presse parmi les priorités dégagées à l’issue des travaux de la première journée de concertation. Or, dit-il, la presse est le maillon de la bonne gouvernance. «Les participants à ces deux jours de concertations nationales ont ignoré la presse dans leurs interventions. Franchement, ajoute Modibo Fofana, nous sommes en colère, parce que nous avons été marginalisés durant ces moments de concertations » . Parmi les experts cooptés pour les concertations, le président de la presse en ligne souligne qu’il n’y avait aucun journaliste. Le paradoxe, c’est qu’il dit avoir constaté que des journalistes maliens qui étaient partis pour la couverture médiatique de ces concertations ont été empêchés d’entrer dans la salle, alors que des médias étrangers avaient eu l’accès.
Mamadou Diarra